Coronavirus : le Lot seul département du sud de la France en zone rouge

La carte du déconfinement vient de tomber et pas de chance, le Lot est le seul département de toute la zone sud de la France à ne pas avoir atteint le seuil d’exigence requis. Notre territoire est donc classé en zone rouge, compte tenu de la circulation active du virus et de la tension hospitalière encore présente, mais aussi compte tenu de la capacité du territoire à mettre en place le dépistage auprès des patients.

 
L'Ehpad de Saint-Céré a eu 18 patients positifs au Covid-19.
L’Ehpad de Saint-Céré a eu 18 patients positifs au Covid-19. – DDM – Lae. B.
 

En l’état actuel des choses, le ministère de la Santé et les autorités expertes considèrent que notre département doit envisager un déconfinement plus strict et plus rigoureux qu’ailleurs. Cela pourrait avoir des conséquences, notamment sur la réouverture ou non des écoles.

Serge Rigal, président du Département : « C’est un choc pour le Lot, je ne comprends pas ce classement »

Serge Rigal, président du conseil départemental, attend un coup de téléphone du préfet ce soir, mais surtout des explications. « Je ne comprends pas comment le Lot peut se retrouver en zone rouge dans ce classement et le seul d’Occitanie. C’est un choc ! »

L’incompréhension de l’élu lotois est étayée par les chiffres de l’épidémie : « Nous n’avons plus qu’une seule personne en réanimation, un dizaine d’hospitalisation en unité Covid-19. Il y a eu 23 morts du virus sur notre territoire, c’est toujours trop, mais au regard d’autres départements ce n’est pas une problématique énorme. Je suis à la recherche d’une explication. Que le préfet du Lot et l’ARS nous aident à comprendre ».

Pour lui, la situation délicate du nord du Lot, avec ce cluster ne tient pas et il s’en explique :  » Nous avons été inquiet, on s’est affolé même face à ce foyer épidémiologique impactant nos aînés et les personnels. Mais depuis 15 jours, la situation est stable et maitrisée ; il n’y a pas de nouveaux cas. Non, là franchement, il faut que l’on m’explique », concluait un brin agacé Serge Rigal.

Le foyer d’infection du nord du Lot qui préoccupe depuis plusieurs semaines maintenant les directions des Ehpad et les personnels de santé qui y interviennent a très certainement été pris en compte dans l’analyse de la situation sanitaire lotoise ; un territoire qui dénombre 16 morts, ce jeudi soir, pour 15 personnes en hospitalisation et une seule en réanimation.

Il y a eu 25 patients testés positifs à l'Unité de soin longue durée de Saint-Céré.

Il y a eu 25 patients testés positifs à l’Unité de soin longue durée de Saint-Céré. – DDM – Lae. B.

Ce bilan épidémiologique de l’ARS Occitanie montrait pourtant une nette amélioration depuis quelques jours ; d’autant que dans les trois villes du département Saint-Céré, Bretenoux et Biars, où le virus est présent dans plusieurs établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, là aussi la situation prenait une tournure légèrement plus favorable. Ce que soulignait dans nos colonnes Frédéric Delmas, directeur du centre hospitalier de Saint-Céré, ce mardi : «Nous venons de passer 15 jours très compliqués. Les personnels et les renforts à force de tenir voient le bout du tunnel».

Cependant, ce classement du Lot n’est pas définitif, puisque la carte sera réactualisée tous les jours jusqu’au 7 mai.

Laetitia Bertoni La Dépêche

Pourquoi le Lot est en rouge, le Tarn et le Gers en orange ?

Si l’évolution de la crise de Covid-19 laissait à penser que le Sud-Ouest, dans son entièreté, allait être épargné, c’est la stupeur ce jeudi 30 avril. Le Gers et le Tarn se retrouvent coloriés en orange, et le Lot détonne d’un rouge particulièrement voyant : le seul département du quart sud-ouest français à porter cette couleur. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Un pourcentage « surévalué »

ajouté le 1er mai

Résultat : « Une analyse rapide de ces données a conclu ce soir qu’un nombre de prélèvements récemment effectués par des services d’urgence lotois avaient conduit ces dernières semaines à surévaluer le pourcentage de passage aux urgences pour suspicion de coronavirus par rapport à la réalité. L’indicateur retenu au niveau national s’en est trouvé vraisemblablement faussé pour le département du Lot ». L’Agence régionale de la santé en Occitanie assure par ailleurs que ces « données imputées par erreur » seront rectifiées dans les centres hospitaliers en question pour que l’indicateur calculé dans le Lot « soit de la même manière que dans les autres départements ». L’ARS Occitanie fait par ailleurs savoir qu’elle a saisi Santé Publique France pour que « les indicateurs retenus au plan national évoluent en prenant en compte plusieurs paramètres pour qualifier la situation épidémiologique des départements ». 

Des suspicions de Covid-19 plus importantes

Durant sa présentation, le ministre de la Santé a présenté plusieurs cartes. La première d’entre elles avait vocation à schématiser la « circulation du virus », le « reflet de la circulation virale » en fonction des départements, sur l’ensemble de l’Hexagone. Pour cela, le gouvernement s’est appuyé sur un seul indicateur : la part des patients qui s’adressent aux urgences de leur hopital pour une suspicion d’infection au coronavirus :

  • En vert, cette part se situe entre 0 et 6%.
  • En orange, cette part se situe entre 6 et 10%%. C’est le cas du Tarn et du Gers.
  • En rouge, cette part passe la barre des 10%. C’est le cas du Lot.

Dans ces trois départements, la part des patients qui sont accueillis aux urgences, et pour lesquels on suspecte une contamination est, pour l’heure, particulièrement élevée.

Le ministre des Solidarités et de la Santé a par la suite présenté une seconde carte. Celle-ci mettait notamment en relief les tensions hospitalières dans les services de réanimation, dans chaque département. Sur cette deuxième carte, le Sud-Ouest est particulièrement épargné. Aucun département d’Occitanie n’est colorié ni en orange, ni en rouge. 

Le gouvernement a par la suite présenté une troisième carte : un document dit de « synthèse » qui regroupait les deux premières présentations. C’est la carte dite « principale ». Le ministère des Solidarités et de la Santé a colorié en orange ou en rouge les départements qui étaient comme tels, dans l’une des premières cartes. Ainsi, l’État considère que si un département présente une surtension en ce qui concerne la circulation du virus ou ses capacités en services de réanimation, le déconfinement y prendra une « forme plus stricte ».

La situation du Lot, du Gers et du Tarn

Ce jeudi 30 avril, la situation de ces trois départements pose question, notamment si l’on se base sur les chiffres fournis par l’Agence Régionale de Santé de l’Occitanie.

Dans le Lot, une seule personne est actuellement en service de réanimation, 16 personnes sont décédées du virus et 15 personnes font l’objet d’une hospitalisation liée au Covid-19. Ce qui semble bien peu, au premier regard, face aux 122 personnes hospitalisées de la Haute-Garonne. Mais ce qui interroge, ce ne sont pas ces indicateurs, mais bien la part du nombre de suspicions de cas de Covid-19, sur l’ensemble des patients accueillis aux urgences, supérieur à 10%. 

Dans le Tarn, 47 personnes sont actuellement hospitalisées, 9 sont en réanimation et 19 personnes sont décédées dans les établissements hospitaliers du département. Dans le Gers, on compte 17 décès liés à la maladie, 29 personnes hospitalisées dont 4 en réanimation. 

Des indicateurs en tension

Attention, cette carte est temporaire : « ce n’est pas une projection du déconfinement prévu le 11 mai », a indiqué Olivier Véran. Elle sera amenée à être réactualisée tous les jours, jusqu’à sa version finale, le 7 mai prochain, qui servira de base pour le plan de déconfinement. Pour rappel, en ce qui concerne son interprétation, dans les départements colorés en rouge, le déconfinement est susceptible de prendre « une forme plus stricte ». Dans ces départements, si la situation sanitaire de ces territoires n’évolue pas d’ici le 7 mai :

  • la rentrée des élèves aux collèges n’aura pas lieu le 18 mai (comme cela était prévu normalement).
  • l’ouverture des parcs et des jardins ne sera pas possible.
  • les préfectures, rectorats et maires, pourront prendre des décisions supplémentaires, comme par exemple la réouverture ou non des écoles primaires.

Les territoires coloriés en orange présentent une situation d’entre-deux temporaire. Dans ces départements, au moins un des indicateurs est en « tension ».

 Robin Serradeil La Dépêche