Le pour et le contre pour l’implantation d’une unité de méthanisation à Gramat

methaniseurLe projet de Gramat fait-il courir des risques de pollution ?

Le projet d’implantation d’une unité de méthanisation à Gramat, inquiète le Gadel (Groupement Associatif de Défense de l’Environnement du Lot) , au regard de la teneur du dossier déposé en préfecture.

À Gramat, une société industrielle dénommée « Bioquercy », basée en Lot-et-Garonne, a déposé une demande d’autorisation d’exploiter une unité de méthanisation, associée à un plan d’épandage, au lieu-dit « Les places hautes – zone d’activités de la Capel – La Quercynoise ». Il s’agit d’une unité de recyclage des déchets organiques ouvrant production de chaleur et d’électricité. Le digestat issu de l’opération, peut être valorisé agronomiquement sous forme de compost servant d’amendement organique pour les sols.

« - l’opération, telle qu’elle est envisagée et présentée, ressemble davantage à un projet de production d’énergie qu’à un objectif de valorisation des déchets organiques, issus de l’activité agricole,

– l’intérêt général de ce département passe par la répartition judicieuse et équilibrée sur l’ensemble du territoire, d’un contingent d’unités de petite taille dont les nuisances sont plus facilement évitables et maîtrisables que celles engendrées par les projets industriels,

– la production d’énergie à la ferme peut constituer un complément de revenu important pour le maintien des petites et moyennes exploitations,

– ce projet financièrement très important n’envisage de créer que de deux emplois qui auront des difficultés à assurer les contrôles nécessaires pour que tous les dangers et risques soient contrôlés (sécurité, aspects sanitaires, environnement, traçabilité, etc.).»

Le GADEL émet un avis défavorable au dossier déposé.

(*) Contact : Groupement Associatif de Défense de l’Environnement du Lot – 05 65 30 98 28

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Les réticences du commissaire enquêteur avant de donner son aval
Dans son rapport en date du 16 septembre dernier, le commissaire enquêteur, s’adressant à la préfète du Lot indique en conclusion :
« La majorité du public déplore la difficile lisibilité du dossier, papier ou CD rom. Sans être fondamentalement opposés au projet, la majorité des observations individuelles portent sur la protection de l’environnement et notamment de l’aquifère quarstique dans le cadre du plan d’épandage. En revanche les associations se montrent plutôt défavorables au projet jugé surdimensionné par rapport aux besoins locaux et dangereux pour la préservation des eaux souterraines.
Interrogé sur l’ensemble des observations formulées, la SAS Fonroche Biogaz, porteur du projet a répondu par un mémoire très volumineux et argumenté.
Après analyse de ses réponses et après avoir consulté les avis de l’autorité environnementale et des personnes publiques interrogées, j’en ai conclu que je projet s’inscrivait dans la logique d’une politique environnementale irréversible et présentait des avantages indéniables mais non exempts de risques.
J’ai donc été amené à émettre un avis favorable assorti de plusieurs recommandations dont deux me paraissent essentielles car répondant aux préoccupations récurrentes du public : la protection des eaux souterraines dans un milieu karstique particulièrement sensible aux épandages de digestat et la mise en cohérence des tracés des périmètres de protection des captages AEP déclarés d’utilité publique, avec es recommandations des études hydrogéologiques récentes plus restrictives mais non opposables. »

Jean-Claude Bonnemère La Vie Quercynoise

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Ce projet de méthanisation à Gramat, s’inscrit dans une démarche environnementale, productrice d’une énergie propre et sans odeur ! » déclare Le président de la Capel

Christian Delrieu, les inquiétudes exprimées par le Gadel dans nos colonnes (*), n’ont pas lieu d’être. Le président de la Capel « La Quercynoise », la coopérative agro-alimentaire regroupant 190 éleveurs, pour laquelle doit être construite une unité de méthanisation à Gramat, explique s’inscrire dans une démarche de développement durable, avec le soutien des services de l’État et de la Région.

« Ce projet de méthanisation à Gramat, s’inscrit dans une démarche environnementale, productrice d’une énergie propre et sans odeur ! » déclare Christian Delrieu. Le président met l’accent sur la dimension « territoriale et partenariale », inspirée par les valeurs du groupe Capel « des hommes, des produits, un territoire ».

Le capital du projet est ventilé à hauteur de 64 % pour Fonroche (1er fabricant français de méthaniseurs), Capel « La Quercynoise » 34 % et la SAS des éleveurs 2 %. Coût prévisionnel de l’opération : 11 millions d’euros.

Quels produits d’approvisionnement

La construction de l’unité de méthanisation est prévue aux abords des locaux de la Capel « La Quercynoise ». Elle serait approvisionnée par du lisier brut, 27 000 tonnes, jusqu’ici faisant l’objet d’épandages à travers le causse central, lesquels seraient remplacés par du compost, « produit hygiénisé, dépourvu de rejet olfactif », précise Christian Delrieu. S’ajoute à cela 12 000 tonnes provenant des déchets d’abattoirs où sont tués les animaux (Gramat, Saint-Céré, Brive-la-Gaillarde, Montauban) dont 1 300 tonnes de déchets issus des produits transformés par la Capel « La Quercynoise ». Troisième source d’approvisionnement : 7 000 tonnes venant de la station d’épuration de la Capel La Quercynoise. « Pas question de récupérer des boues de step d’aucune commune ! » assure Christian Delrieu. « Autrement dit, insiste le président, toutes les boues reprises pour la méthanisation seront contrôlées par nos soins ». Enfin quatrième ingrédient : 3 000 litres d’eau de lavage issue de la Capel « La Quercynoise ».

« Sur les 50 000 tonnes d’ingrédients destinés à la méthanisation que compte ce projet, 70 % sont directement contrôlés par la Capel La Quercynoise, car issus des exploitations de nos éleveurs », poursuit Christian Delrieu.

Les différents gisements pour l’approvisionnement de cette unité de méthanisation se situeraient à une moyenne de 30 kilomètres. Concernant la rotation des camions, la cadence serait limitée à six ou sept par jour entrant et cinq ou six sortant.

Pourquoi le procédé serait-il sans odeur

« Contrairement aux petites unités, le projet de Gramat est conçu sous un mode étanche » observe Christian Delrieu. Ceci signifie que les camions chargés de l’approvisionnement ne basculeront pas leurs charges à l’air libre, mais à l’intérieur du bâtiment. De plus, l’installation serait équipée d’une aspiration hygiénisée.

Quel intérêt d’une telle méthanisation

« Ce projet apporte 9 881 mégawatt, soit la production d’une énergie électrique permettant d’assurer la consommation de 13 500 habitants ! » s’exclame Christian Delrieu. Cette unité sera donc en mesure d’apporter une énergie électrique équivalente aux besoins de la ville de Figeac. En plus de cet équivalent production électrique, s’ajoutent 8 292 mégaoctet en terme d’énergie de chauffage, soit 3 800 habitations de 120 m2. Pour la Capel « La Quercynoise », la production de chaleur de l’unité de méthanisation permettrait d’économiser 500 tonnes de propane. « De plus, tient à ajouter Christian Delrieu, ce projet générera la production de 12 000 tonnes de digestat ; un fertilisant organo-minéral complet et hygiénisé et sans odeur gênante à l’épandage. » Ce digestat sera réparti, en collaboration avec Les Fermes de Figeac, sur des plans d’épandage de terres agricoles, validés par les services de la préfecture, allant de Lacapelle-Marival à Souillac. Le procédé permettrait au final de faire faire l’économie aux agriculteurs, de 1000 tonnes d’engrais chimiques.

Pourquoi une telle dimension

Ce projet de méthanisation a été fixé à la dimension évoquée précédemment, parce qu’il correspond à la valorisation de la chaleur et du digestat à la sortie. « Si nous n’avions pas eu la capacité de prendre 70 à 80 % de la chaleur pour les besoins de notre unité de transformation, nous aurions opté pour une dimension moindre » indique Claude Delrieu. Des unités semblables sont déjà en fonctionnement et ne présenteraient pas de souci particulier.

Et Christian Delrieu de conclure : « ce projet s’inscrit dans le cadre des directives gouvernementales du ministère de l’Environnement ; il bénéficie du soutien de la Région Occitanie ». La direction des services vétérinaires du Lot approuve ce projet, principalement au motif que ce procédé aurait pu permettre, s’il avait déjà été mis en place, de lutter efficacement contre l’influenza aviaire, car le lisier aurait pu être traité avec des garanties, qui n’existaient pas jusqu’ici.

Jean-Claude Bonnemère La Vie Quercynoise

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