A Cahors la gratuité des bus fait débat

La gratuité des bus fait réagir et même râler, aussi étonnant que cela puisse paraître. Le Grand Cahors répond aux inquiétudes financières et environnementales exprimées notamment par des internautes. 

Les transports du Grand Cahors, assurés par les bus du réseau Evidence, sont désormais placés sous la responsabilité de l’entreprise Raynal Voyages dont la directrice générale, Florence Raynal, a rappelé ce lundi à Cahors les nouveautés que cela générait dans l’organisation du service. Il s’agit surtout d’ajustements.

« Des améliorations de fréquences de passage des bus, la réorganisation de la navette avec une cadence de passage toutes les 15 minutes, puis des nouvelles dessertes régulières sur les secteurs de Saint-Georges et la route de Lalbenque, puis sur la zone d’Englandières ainsi qu’à Arcambal. »

Les bus gratuits, une décision du Grand Cahors mise en application samedi, sont d’un « grand intérêt écologique », selon Romuald Molinié, vice-président du Grand Cahors en charge des transports.

« Ce mode de transport permettra de moins utiliser la voiture et donc de réduire les émissions des CO2 », dit-il en réponse à un internaute s’exclamant un peu vite : « Et l’écologie ! Les bus gratuits polluent autant voire plus que nos véhicules. »
La gratuité demeure un avantage indéniable en faveur des familles les plus modestes. Des Cadurciens s’interrogent sur le coût réel de cette initiative pour le contribuable.

« Il n’y aura aucun impact pour les contribuables » 

Les échanges sont parfois houleux sur Facebook. Extraits : « Rien n’est gratuit : les bus n’ont pas été offerts et les chauffeurs ne sont pas bénévoles. La gratuité se fera sentir sur les impôts locaux », peut-on lire.

Tandis que d’autres internautes accueillent cette gratuité avec beaucoup d’enthousiasme : « C’est génial que l’on ait enfin des bus gratuits pour ceux qui ne sont pas véhiculés et qui n’avaient pas les moyens de payer les abonnements pour aller au travail tous les jours… »

Jean-Marc Vayssouze, maire de Cahors et président du Grand Cahors, apporte l’éclairage qui s’impose : « Il n’y aura aucun impact pour les contribuables. Les financements du réseau sont assurés par le versement transport. Cette contribution provient des entreprises publiques et privées du Grand Cahors qui comptent au moins onze salariés. Le taux appliqué correspond à 0,6 % de la masse salariale et j’ajoute que cette taxe n’a pas subi d’augmentation », déclare-t-il. Et la conclusion de Florence Raynal : « Je demande juste aux usagers un bonjour et un sourire. »

Pour que personne ne soit privé de desserte

Le volet financier suscite d’autres questions comme : doit-on craindre un déséquilibre financier ? Le Grand Cahors et son président répondent : « Le choix de la gratuité ne remet pas en cause l’équilibre puisque les recettes couvraient moins de 10 % des dépenses nécessaires au fonctionnement des transports urbains. » Jean-Marc Vayssouze et Romuald Molinié parlent même d’économies.

« La gratuité engendrera des économies de gestion puisque le contrôle n’a plus lieu et parce qu’il n’y a plus de billetterie. C’est aussi cela qui nous permet de ne pas augmenter le montant du versement transport auquel cotisent les entreprises à partir de onze salariés. » Enfin, à Cahors comme dans les 21 communes desservies dans le Grand Cahors, Évidence promet d’autres éventuels « ajustements d’horaires en fonction des besoins. » Les scolaires ont des attentes légitimes, pas complètement satisfaites pour l’instant. Évidence va s’appliquer à ce qu’aucun élève ne soit privé de desserte.

 
 Jean-Luc Garcia La Dépêche

La gratuité fait-elle baisser la circulation automobile?

La gratuité attire les piétons et les cyclistes mais n’est pas suffisante pour attirer massivement les automobilistes. Seules l’amélioration de l’offre et les mesures de restriction du trafic individuel les incitent à changer de comportement. Il y a de nombreux exemples, à Hasselt (Belgique), la gratuité des bus n’a attiré que 0,9 % des automobilistes

La gratuité attirant peu les automobilistes, le cadre de vie des centres évolue peu. Il serait plus efficace de bloquer l’extension des commerces et services périphériques pour relancer le commerce central.

la notion de gratuité détourne l’attention du problème de fond : la place excessive de la voiture dans l’espace public. Dans les villes qui l’ont instaurée, la gratuité sert souvent d’alibi pour éviter d’avoir à prendre des mesures impopulaires auprès des automobilistes.

S’il faut financer la gratuité, il devient difficile, même dans les petites agglomérations, de financer aussi la forte amélioration de l’offre qui est nécessaire pour attirer l’automobiliste

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