Au cœur d’un service post Covid-19 MC Declerc raconte

Après trois semaines passées en renfort au cœur d’un service post Covid-19 à l’hôpital de Mulhouse, Marie-Christine Declercq, médecin anesthésiste de Figeac, a rallié le Lot en avion hier. Sur le tarmac de l’aérodrome de Figeac-Livernon, la soignante raconte son expérience éprouvante. Un voyage au bout de l’enfer.

Après 2 h 25 de vol en provenance de Mulhouse, Marie-Christine Declercq a débarqué sous un soleil radieux hier à l’aérodrome de Figeac-Livernon grâce à un vol spécial assuré par l’association Aviation sans frontières (lire ci-dessous). Accueillie par son mari et des amis pilotes, la médecin anesthésiste de Figeac ne cachait pas son bonheur de retrouver le Lot… loin, très loin de l’Alsace où elle vient de passer trois semaines éprouvantes au chevet de patients gravement malades du coronavirus. « C’était trois semaines intenses, plus de 80 heures par semaine. Je ne me suis pas arrêtée du tout, même les week-ends et les jours fériés. J’ai juste eu des repos de garde. J’étais comme dans une bulle. C’était dur, très dur… » raconte dans un sourire fatigué celle qui s’est portée volontaire, touchée par l’appel de détresse de ses confrères alsaciens « complètement épuisés » par des mois de lutte sans répit contre le virus. « J’ai vu qu’ils appelaient au secours. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester là à me tourner les pouces. Ce n’était pas possible ».

Au sein d’un service post-covid au centre hospitalier de Mulhouse

Alors Marie-Christine Declercq n’a pas hésité et a pris la décision de partir au front et de mettre entre parenthèses son activité qu’elle partage entre Figeac et Perpignan. Une mission en première ligne, au cœur de la bataille qui n’est pas finie contre le coronavirus.

Logée dans un hôtel du centre, l’anesthésiste lotoise se rendait tous les jours en bus à l’hôpital de Mulhouse où elle a intégré un service post-Covid-19 spécialement créé pour les malades gravement touchés sortant de réanimation. « C’était la guerre là-bas. Heureusement l’hôpital de Mulhouse est très grand. C’est incroyable. Toute la place est occupée pour accueillir les malades Covid. Il y a des services dédiés partout. J’étais en renfort dans un service créé par le docteur Philippe Guiot qui n’a pas cessé de se battre depuis janvier et qui a su fédérer du monde. J’ai reçu un formidable accueil. Je suis arrivée avec beaucoup d’autres renforts, notamment une équipe de 30 personnes venues de Paca. Il y avait une très bonne ambiance ».

« Ces malades sont des survivants »

Une entraide à toute épreuve qui l’a aidée à tenir face à la gravité de la situation sur place. « On prenait en charge des malades Covid à leur sortie de réanimation mais qui ne peuvent pas encore aller dans des centres de rééducation. Ce sont des malades lourds extubés, tétraparétiques, trachéotomisés qui sont restés au moins un mois, un mois et demi en réa. Il faut se rendre compte : il y avait deux infirmières par malade mais il fallait ça. Ces malades sont des survivants qui ont subi des choses très dures ». Quelques heures après son départ d’Alsace, Marie-Christine Declercq reste émue par le souvenir de tous les patients qu’elle a soignés avec dévouement. « Il n’y avait que des jeunes, le plus vieux avait 73 ans. Notre plus jeune malade a fêté ses 30 ans avec nous. Il y avait aussi ce courageux aide-soignant de 34 ans tombé malade au sein même de l’hôpital… ». Une expérience professionnelle et humaine unique et extraordinaire pour la praticienne lotoise, qui se dit prête à repartir, offrir son aide en cas de besoin.

Audrey Lecomte La Dépêche