Biocontrole à Parnac

Empêcher la reproduction, en faisant perdre leurs repères aux insectes, désorientés par la libération de phéromones. C’est le concept innovant de M2i Biocontrol experte en insecticides biologiques.

Chenilles, papillons et autres insectes n’ont plus de secret pour eux… Chez M2i Biocontrol à Parnac, on en connaît la vie et surtout on a bien étudié leur méthode de séduction et de reproduction. C’est ainsi que depuis 2012, l’entreprise s’est lancée dans la fabrication de différents supports et méthodes à base de phéromones, pour protéger vergers, vignes, buis, cultures, etc. Jeudi, le préfet du Lot Michel Prosic est allé à la rencontre de ceux qui sont maintenant leader européen du marché des phéromones et l’un des acteurs mondiaux des insecticides biologiques.

Une véritable pépite économique pour le Lot, promise à un bel avenir si l’on en croit l’intérêt actuel pour le développement durable. Ils ont d’ailleurs à leur palmarès pas moins de 22 familles de brevets protégeant leurs innovations, et viennent de créer la toute première unité mondiale de micro-encapsulation de phéromone.

L’aventure de M2i commence donc en 2012. Olivier Guerret aux côtés de son frère Philippe (PDG) et avec son épouse Christelle fondent M2i.

Rapidement, la société s’illustre sur le secteur des principes actifs pour la santé humaine et des produits de lutte biologique pour l’agriculture. Du site de Salin-de-Giraud (Bouches-du-Rhône) à celui de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), en passant par Parnac, l’entreprise s’étoffe et propose une cinquantaine de références produits à ses clients.

« Nous comptons une vingtaine de salariés ici, mais ils sont au total près de 165 collaborateurs, dont 25 % de chercheurs », annoncent Christelle et Olivier Guerret, au préfet du Lot, qui ce jour-là était accompagné de Serge Bladinières, président de la communauté de communes, de Marc Gastal, maire du village et de Jean Hugon, président de la CCI.

Quand la confusion sexuelle empêche la reproduction

Ici, donc, on produit grâce à des machines dont la conception et l’amélioration sont signées par les ingénieurs de M2i ! Car, elle a en effet doté ses effectifs d’un panel de compétences et d’experts très divers. Une structuration qui lui permet de maîtriser quasiment toutes les étapes de son process.

Et de s’imposer comme la référence des produits dits de « confusion sexuelle » pour empêcher la prolifération d’une espèce grâce à ses fameuses phéromones.

C’est notamment le cas auprès du Centre des monuments de France qui a confié à son expertise les buis du château de Versailles, avant de signer un partenariat national avec la PME. Mais M2i Biocontrol c’est également 60 % de son marché à l’export, de l’Amérique latine à la Chine.

Il faut dire qu’avec son concept de phéromones, elle assure une protection ciblée, identifiant les insectes au moment pertinent, et intervient avec peu de produit. Olivier Guerret évoquait : 120 gr de phéromone pour 1 hectare de vignes, avec une efficacité de six mois (pour le ver de la grappe par exemple).

L’entreprise n’a cependant pas l’intention de s’endormir sur ce succès, elle qui en 2020 aura permis de réduire de 16 000 tonnes l’usage des produits phytosanitaires conventionnels à travers le monde. Sans cesse, leurs équipes sont en quête d’innovation. Pour cela, le groupe « greentech » a procédé à une levée de fonds de 60 millions d’euros, l’an dernier. Il vient également d’obtenir l’autorisation définitive de mise sur le marché de son traitement biologique contre la pyrale du buis.

Depuis quelque temps, M2i s’intéresse aux frelons asiatiques, l’envahisseur a du souci à se faire.

Laetitia Bertoni La Dépêche

Confusion sexuelle

La confusion sexuelle, qu'est-ce que c'est ?

La confusion sexuelle est une méthode perturbatrice de la reproduction d’insectes ravageurs, principalement des lépidoptères. Cette méthode repose sur la diffusion au sein des parcelles de molécules de synthèse analogues aux phéromones sexuelles émises par les femelles pour attirer les mâles.

En période d’accouplement, ces derniers se trouvent désorientés par ces signaux et rendus incapables de localiser les femelles par saturation du milieu en phéromones larguées régulièrement. Ceci empêche ainsi la multiplication des ravageurs ciblés dans les parcelles où cette méthode est appliquée.

Les phéromones sont en général contenues dans des diffuseurs répartis au sein des parcelles mais peuvent également être placées à l’intérieur de « puffers » qui diffusent les phéromones ou dans des « cabanes » dans lesquelles les mâles sont attirés et en ressortent recouverts de phéromones femelles. Dans ce cas, ils vont non seulement être désorientés par les phéromones qu’ils portent mais également jouer eux-mêmes le rôle de diffuseurs par le biais de leurs déplacements dans les parcelles.

Très spécifique, la confusion sexuelle n’affecte pas l’entomofaune auxiliaire. Il est à noter que certains diffuseurs associent plusieurs phéromones de façon à pouvoir contrôler plusieurs ravageurs à la fois (ex : carpocapse et tordeuse orientale sur pommier et poirier).

Les auxiliaires sont tous les animaux qui sont utiles au jardin, plus particulièrement les insectes qui sont les prédateurs de ravageurs des cultures. Par exemple, la coccinelle est un auxiliaire précieux au jardin pour lutter contre les pucerons.

L’entomofaune est la partie de la faune constituée par les insectes

La mise en œuvre de la confusion sexuelle nécessite :

  • une superficie minimum d’application (5à 10ha) ;
  • une collaboration entre agriculteurs propriétaires de parcelles voisines ;
  • un environnement favorable : parcelles non situées à proximité de sources lumineuses (celles-ci attirent les insectes), non situées en zones ventées (dissipation des phéromones), et éloignées de foyers de contamination (car alors des femelles déjà fécondées pourraient venir pondre dans les parcelles menées en confusion sexuelle) ;
  • une protection renforcée des bordures et une surveillance régulière des populations (piégeages, inspection des fruits).

De plus, cette technique ne montre pleinement son efficacité que lorsque les pressions de ravageurs ne sont pas trop importantes. En effet, dans les situations de fortes pressions le nombre d’individus est alors tel que les mâles, même s’ils se déplacent au hasard, vont tout de même rencontrer des femelles. Notamment, si l’infestation a été forte l’année précédente, il est plus que recommandé de traiter biologiquement ou chimiquement avant de mettre en place une confusion sexuelle.

Enfin, dans les régions soumises à des traitements insecticides obligatoires (cicadelle de la flavescence dorée) ou lorsque la présence d’un autre ravageur rend nécessaire un traitement insecticide qui va dans le même temps contrôler les cibles de la confusion sexuelle, la mise en œuvre de cette technique est bien sûr moins intéressante, d’autant plus qu’elle reste à l’heure actuelle plus coûteuse qu’une protection classique.

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