Cahors : La première épreuve des E3C reportée au lycée Clément Marot

Les E3C pour Epreuves Communes de Contrôle Continu devaient débuter avec l’histoire-géographie pour les 1ères, ce mardi 21 janvier, au lycée Clément Marot. Des professeurs de l’établissement – grévistes et non grévistes – (mais aussi des membres du SNUipp-FSU 46, et de la CGT) ont manifesté devant l’entrée contre la tenue de ces épreuves. Des élèves se sont joints également au mouvement. Une partie d’entre eux est ensuite rentré dans le lycée forçant la direction a annulé les E3C.

« Nous contestons ces épreuves qui sont mal préparées. Nous avons eu des consignes tardives. En mathématiques, nous avons eu des programmes inadaptés alors que l’exigence a été relevé. Tous les syndicats, la FCPE ont demandé l’annulation… et malgré tout notre ministre dit que tout va bien » a expliqué Olivier Chastagnol, professeur de mathématiques. « Nous avions juste demander que les coefficients de ces épreuves soient reportées à celles de fin d’année et nous n’avons pas été entendus. On ne comprend pas cette obstination » a rajouté Gérard Lamartinière, professeur de mathématiques. A suivre…

La réaction du DASEN, Xavier Papillon : « Les épreuves des E3C ont été perturbées au point qu’elles ont été reportées. On essaie de comprendre ce qui s’est passé. On est face à une minorité avec des comportements extrêmes qui prend en otage les élèves, des professeurs, et aussi des parents. C’est une réforme qui devrait rassembler et pas diviser. »

Medialot

Les « E3C », les nouvelles épreuves anticipées du bac, en 5 questions

Le nouveau baccalauréat entrera en vigueur en 2021… mais pour les lycéens en classe de première, les conséquences sont déjà là. Les épreuves de contrôle continu, nommées E3C, commencent officiellement – même si, dans certaines académies, elles ont déjà eu lieu dans une partie des lycées, comme à Clermont-Ferrand où elles ont été annulées dans le lycée Blaise-Pascal samedi après l’intrusion de manifestants dans l’établissement.

Ces nouvelles épreuves suscitent l’inquiétude des élèves : « On ne sait pas exactement comment il faut réviser, comment ça va se passer, ce que demandent les épreuves« , confie Manon, lycéenne, à France Inter. « Le soir, on doit s’avancer dans les révisions, en plus des contrôles habituels ». « Ça fait une semaine que je dors quatre ou cinq heures par nuit« , dit une autre élève, Lucie. 

Mais ce sont les enseignants qui sont les plus remontés contre ces épreuves : ils estiment qu’elles portent atteinte à l’égalité et la localité de ces examens. Dans plusieurs académies, et parfois même dans certains lycées prestigieux comme Henri-IV à Paris, les enseignants ont menacé de boycotter les épreuves, de ne pas sélectionner ni corriger les sujets. 

Lundi matin, d’ailleurs, ces épreuves ont été perturbées dans une poignée de lycées, à Annecy, Bordeaux, Montauban, Saint-Etienne, Talence, Chazelles-sur-Lyon et dans deux lycées de Rennes, selon un décompte réalisé sur la base des informations du réseau France Bleu.

En quoi consistent ces épreuves ?

Plus courtes que les vraies épreuves du bac (une ou deux heures en général), elles ressemblent dans leur format à celles que passent les élèves à la fin du lycée. Pour cette première session, qui s’échelonne jusqu’à mars, les élèves de séries générales plancheront sur une composition d’histoire-géographie, et des exercices de compréhension écrite et orale et d’expression écrite pour les langues vivantes. Ceux des séries technologiques travailleront sur les mathématiques, avec un QCM rapide (20 minutes) suivi de trois exercices à résoudre (1h40). 

Qui choisit les sujets ?

C’est l’un des principaux points d’achoppement de cette nouvelle version du bac : le choix des sujets et l’organisation des examens ne revient plus au ministère ni aux rectorats, mais aux établissements. « Ce ne sont pas les mêmes sujets partout, ce n’est pas la même date, c’est nous qui allons faire passer les sujets, les choisir, surveiller, corriger, ça ne ressemble pas du tout au bac à l’ancienne« , déplore Cédric, enseignant. 

Mais les enseignants ne peuvent pas sortir n’importe quel sujet de leur chapeau : ils doivent le sélectionner dans une banque de sujets qui, elle, est nationale. Elle compte une cinquantaine de sujets pour chaque matière. Mais les enseignants craignent que ces sujets soient rapidement partagés et rendus disponibles sur Internet : « Que font les élèves quand ils sortent d’une épreuve du bac ? Ils vont mettre les sujets sur les réseaux sociaux. Il va forcément y avoir des sujets qui vont circuler, une rupture d’égalité« , note Clotilde, enseignante. 

Est-il vrai que certains professeurs ont aidé leurs élèves ?

Oui. Dans certains cas, cela débouche sur des situations paradoxales, comme dans un lycée de l’académie d’Orléans-Tours où la proviseure a envoyé des indications aux élèves. 

Mais selon la doyenne des inspecteurs de l’académie, Claire Lienhardt, interrogée par franceinfo, ce tuyau est parfaitement légal : rien n’empêche aux chefs d’établissement de donner des indications sur le programme à réviser… mais tous les lycées donneront-ils ce coup de pouce à leurs élèves ? Ce n’est pas sûr. Par ailleurs, au cas où les enseignants du lycée éprouvent des difficultés à choisir un sujet, un inspecteur ou une inspectrice d’académie peut intervenir.

Qui va corriger les épreuves ?

C’est l’autre grande question qui fâche. « Qui corrige ? Les profs du lycée« , déplore Clotilde. Interrogé sur la question dimanche sur France Inter, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a assuré que tout était fait, dans ce système, pour qu’un élève ne soit pas corrigé par son professeur, les copies étant numérisées puis distribuées aléatoirement entre les correcteurs. Une numérisation qui, d’ailleurs, pose aussi problème, car les correcteurs et correctrices devront travailler sur des copies numériques, or certains chefs d’établissement estiment que la technologie n’est pas suffisamment au point.

Seulement, de nombreux témoignages d’enseignants comme d’élèves et de parents d’élèves expliquent que la correction se fera à l’échelle des lycées – contrairement au bac où les copies sont mélangées dans toute l’académie. Les élèves ne verront donc pas leur copie tomber entre les mains de leur professeur… mais possiblement entre celles du professeur de l’année passée. Même si les copies sont anonymes, « sur un petit lycée il y a un risque de reconnaître une écriture, par exemple », explique Clotilde. 

Comme pour les épreuves du bac, il y aura toutefois des commissions d’harmonisation pour éviter de trop forts écarts de notation entre les lycées, avant la publication des résultats, le 15 mars. 

Ces épreuves comptent-elles vraiment pour 30% de la note finale ?

Non. Ou plutôt, pas ces épreuves seules. Le contrôle continu compte en effet pour 30% du résultat final du bac. Mais les E3C ne s’arrêtent pas à la fin de cette session : il y aura neuf autres épreuves pour les lycéens, en avril et en décembre prochain. C’est la totalité de ces épreuves qui représentera près d’un tiers de la note finale. Il faudra aussi y ajouter les résultats des bulletins des deux années de première et terminale, qui compteront donc pour 10%.

France Inter