« Campagne Glyphosate » dépose plainte

Les anti-glyphosate du Lot ont déposé plainte ce lundi midi au tribunal de Cahors pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « atteinte à l’environnement », après leurs analyses d’urine. Ils espèrent l’ouverture d’un procès.

Trop c’est trop. Pour les « pisseurs volontaires » du Lot, la coupe est pleine. Rassemblés ce lundi midi devant le Palais de justice de Cahors, les membres et militants du mouvement des « Faucheurs volontaires », de « Campagne glyphosate 46 » et de « Nous voulons des coquelicots », ont une nouvelle fois dit leur ras-le-bol des produits phytosanitaires dont le controversé Glyphosate.

 

« On veut montrer qu’on est tous empoisonnés, même pendant le confinement, les distances d’épandage ont été réduites avec les habitations », signale Philippe Coulloud, le référent de l’association « Campagne glyphosate 46 ». Il a dans les mains un volumineux dossier contenant 95 plaintes, individuelles et collectives, d’habitants du Lot, qu’il s’apprête à déposer au tribunal. Des plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui », « tromperie aggravée » et « atteinte à l’environnement », qui sont adressées aux responsables des fabricants de pesticides, aux présidents et membres de la Commission européenne et à ceux de l’Anses (Agence nationale de sécurité de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

 

Depuis octobre 2019, près d’une centaine de ces « pisseurs volontaires » ont fait analyser leurs urines dans plusieurs villes du département, Cahors, Figeac, Montvalent et Gourdon. « Le seuil maximal de glyphosate par millilitre est fixé à 0,1 nanogramme, nous sommes tous bien au-dessus de ce taux », se désole Philippe Coulloud.

De 0,26 à 3,14 ng/ml

Thomas, un habitant de Gigouzac affiche sur son tee-shirt l’un des taux les plus élevés de cette campagne d’analyse : 3,14 ng/ml, soit plus de trente fois le seuil autorisé. Il vit dans une petite ferme bordée de prairies et de foins non traités, « le critère d’achat principal ». Thomas mange bio et boit beaucoup d’eau : « Je suis un traitement qui fait que je consomme énormément d’eau, 3 litres par jour, je pense que c’est ce qui explique mon taux élevé, la pollution de l’eau potable ».

Aujourd’hui, le Lotois est plus en colère qu’inquiet. « Je veux que les fabricants de glyphosate fassent le nécessaire pour que je n’ai plus de pesticides dans mon organisme ». À l’inverse, Yvonne fait partie de ceux qui ont l’un des taux le plus bas : 0,26 ng/ml. Elle coche toutes les cases : elle ne boit pas, ne fume pas et mange bio. Mais selon elle, ses résultats d’analyse sont biaisés car elle a bu beaucoup d’eau avant le test. « Sinon j’aurais sûrement un taux plus élevé. Une de mes amies est autosuffisante depuis 40 ans, et affiche quand même 0,53 ng/ml dans le sang », s’étonne-t-elle.

La moyenne la plus élevée vient de Gourdon avec un taux médian de 2,14 ng/ml. Derrière, Figeac affiche 1,18 ng/ml et Cahors 0,84 ng/ml. C’est bas, « mais toujours trop » pour les militants.

De la mise en scène »

Pour Christophe Canal, le président de la Chambre d’agriculture 46, cette action n’est qu’une « mise en scène » : « Ces analyses n’ont aucune fiabilité, l’adjuvant retrouvé peut-être aussi celui d’un shampooing, Des agriculteurs ont fait des tests partout en France par des laboratoires habilités et on ne retrouve rien, c‘est du spectacle, on incrimine encore l’agriculture. C’est malhonnête de vouloir faire peur aux gens avec des analyses biaisées ».

Manon Adoue La Dépêche