Carte scolaire: les propositions de l’administration
La semaine sera décisive pour la carte scolaire qui s’appliquera à la rentrée prochaine dans le département du Lot. Ce lundi après-midi, un Comité Technique départemental a étudié les propositions d’ouvertures et de fermetures de classes et ce mardi se tiendra le Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) qui réunit l’administration et les instances réglementaires, les syndicats en particulier.
Tout va se décider là même si dès ce lundi soir, la Direction Académique avait pratiquement levé le voile sur le tableau de la rentrée 2019-2020. Depuis le 21 janvier, on connaissait la dotation du département, à savoir moins 5 postes. Lundi, l’administration est entrée dans le détail.
Fermetures, ouvertures : les propositions du Dasen
Au chapitre des ouvertures, bonne nouvelle pour Tour-De-Faure dont le RPI deviendra une école primaire à 3 classes. Sur Cahors, ouverture d’une classe à la maternelle Lucien Bénac (cette école avait bénéficié d’un poste provisoire fin juin dernier). Autre maternelle à gagner une classe, celle de Lacapelle-Marival, une école où un demi-poste avait été créé pour la scolarisation des enfants de moins de 3 ans.
Le rayon fermetures de classes est plus chargé. L’école élémentaire Maurice Faure à Begoux-Cahors perd une classe, l’administration pointant une baisse prévisible des effectifs. Par le jeu du regroupement sur Tour-De-Faure, Saint-Martin Labouval perd également une classe comme l’école primaire L. Barrié de Figeac, la maternelle de Souillac. Le RPI Lavercantière-Thédirac-Degagnac est aussi en moins, une des deux classes de Degagnac « sauterait ». Pour l’heure, ces fermetures ne sont que des propositions formulées par le DASEN.
Dans la synthèse chiffrée dévoilée au CTD figurent aussi, la fermeture d’une classe à l’école élémentaire L.Bénac de Cahors, d’une autre à l’école élémentaire de Soturac (accueil des moins de 3 ans), tandis que deux autres fermetures de classes toucheraient les écoles de Touzac et Lacapelle-Marival.
En contrepartie, l’administration projetterait de créer une ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) à Biars, d’ouvrir un demi-poste pour un enseignant-référent-de scolarisation (ERS) et un poste de conseiller pédagogique math-sciences.
10,5 fermetures contre 5,5 ouvertures, on retrouve au final un solde en négatif de moins 5 postes. Le SE-Unsa 46 qui réagissait à chaud ce soir voyait dans cette carte « un projet global minimaliste qui ne répond pas aux besoins du département : aucun poste de RASED, pas de postes de remplaçants supplémentaires, avec l’objectif du gouvernement de faire le moins de vagues possible ».
Une pétition pour sauver un poste à l’école maternelle à Souillac. Parents et enseignants, en particulier de l’école maternelle de Souillac, et très certainement à terme ceux du groupe primaire, sont très inquiets quant à l’avenir du bon fonctionnement de leurs écoles. En effet, c’est avec désolation qu’ils viennent d’apprendre la suppression d’une classe de maternelle (lire école en page 18) due à un environnement économique qui ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme pour s’y installer. Est également pointé du doigt le choix de certaines familles qui scolarisent leurs enfants dans les écoles voisines : près de vingt élèves sont concernés. Une situation qui se dégrade d’année en année et à laquelle il est urgent de trouver une solution.
C’est pour cette raison que ce lundi 11 février, les parents délégués d’élèves de l’école maternelle se sont mobilisés. Ils ont fait signer une pétition aux parents afin de signaler cette situation. Pétition qui sera transmise à l’inspection académique. Le constat est simple : il manquerait 20 élèves pour maintenir la classe et empêcher la suppression d’un poste enseignant, en l’occurrence Albine Robert, dernière arrivée, et un poste d’Atsem. Les parents délégués resteront très vigilants quant aux suites données par les autorités compétentes.
Réaction des politiques et les syndicats de l’éducation dans le Lot:
Concernant la perte d’un poste à Bégoux, le SNUipp-FSU regrette de constater que «Cahors n’a pas réussi à sectoriser pour maintenir ce cinquième poste. Les répartitions seront donc complexes pour l’équipe, sûrement avec une classe de maternelle à triple niveaux et des doubles niveaux sur toutes les autres classes».
Au sujet du poste en moins à l’école Barrié de Figeac (111 élèves pour six classes), le même syndicat salue «le courage politique du maire qui renonce à une classe pour ne pas siphonner les effectifs de la campagne autour, mais cette école baisse en population scolaire. La scolarisation des enfants du voyage était réalisée sur cette école, l’inspecteur de l’Education national réfléchit à un repositionnement de la maîtresse FLE (français langue étrangère) sur cette école comme lieu de rattachement».
Le SNUipp-FSU réagit aussi sur le cas précis de la maternelle de Lacapelle-Marival où l’on observe la réouverture du troisième poste. Le syndicat déplore «une gestion sur le court terme qui déstabilise les équipes : on enlève pour remettre un an après. Le maire apprécie le retour du poste».
Marie Piqué enfonce le clou
Du côté des politiques, c’est Marie Piqué, vice-présidente de la région Occitanie, qui s’exprime ici : «Comme chaque année en cette période, la question de la carte scolaire est posée, et toujours plus de postes et de classes sont fermés. N’ayant pu participer à ce CDEN, je tiens à exprimer ma solidarité avec les parents et enseignants, inquiets sur le devenir de l’école républicaine» déclare l’élue de la région.
Marie Piqué ne mâche pas ses mots et ne cache pas sa colère, comme ses inquiétudes pour l’avenir des écoles rurales. «Certes cinq postes c’est moins que seize. Mais doit-on toujours se contenter de la politique du moins pire, ou a contrario, avoir l’exigence d’une qualité d’apprentissage pour nos enfants ? L’éducation n’est malheureusement pas épargnée par la politique austéritaire du gouvernement. Comme Attila, le président Macron détruit tout sur son passage, laissant les territoires exsangues où l’humain n’aura bientôt plus sa place», estime-t-elle. Engagée sur le terrain politique comme sur celui des solidarités, l’élue régionale considère que l’avenir des territoires se joue aujourd’hui et que l’actrice principale en est l’école.
«Une recherche de paix sociale » selon l’Unsa
Pour l’Unsa éducation, «ce projet reste en deçà des besoins du département. Pour preuve toutes les situations qui ont été citées comme devant avoir un moyen supplémentaire pour enseigner dans de bonnes conditions. Les situations citées sont : Salviac, RPI Goujounac/Frayssinet, Montcuq maternelle, Puybrun» détaille Christine Laverdet, déléguée départementale de l’Unsa éducation.
Elle poursuit : «Le Dasen (directeur académique des services de l’éducation nationale) a dit connaître ces situations et y être très attentif. S’il décide de répondre aux besoins en utilisant des moyens de remplacement, pour l’Unsa éducation c’est inacceptable ! Cette carte scolaire est tout sauf ambitieuse. Elle répond juste à la recherche de la paix sociale et à la non-mobilisation de la population. Espérons que les années prochaines nous n’ayons pas à payer ce manque de courage au prix fort».
L’avenir le dira, mais c’est déjà aujourd’hui que les syndicats se penchent sur la future carte scolaire qui représente décidément un schéma en perpétuelle mutation.
Jean-Luc Garcia La Dépêche