Comment le village de Gindou a pu investir pour la sécurité de sa traversée ?

Conduite par une équipe résolue, la commune de Gindou, 336 habitants, vient de réussir la sécurisation de sa traverséeRalentisseurs, stops, panneaux de réduction de vitesse, chicane, rien n’a été oublié pour rendre la traversée du village et la vie des piétons, habitants, scolaires ou festivaliers, plus sûre.

Mireille Figeac, maire de la commune de Gindou et présidente de la Communauté de communes Cazals-Salviac, répond à nos questions et nous explique les étapes de cette aventure.

Actu : Quelle a été votre principale motivation pour lancer ce chantier ?

Mireille Figeac : La sécurité des piétons et des habitants. Car outre le festival de cinéma à l’Arsenic, nous recevons beaucoup d’écoles, parfois cinq ou six bus d’un coup, avec quarante enfants par bus, qui sortent souvent en désordre alors que des automobilistes traversent le bourg en ralentissant à peine. À chaque fois, cela m’obligeait à sortir de la mairie pour faire la circulation et obliger les voitures à ralentir. On ne peut pas vivre en permanence avec cette peur qu’un enfant se fasse renverser. Dans l’étude de vitesse préalable que nous avons commandée, la moyenne était acceptable mais 20 % des véhicules passaient encore trop vite et même au-delà de 80 km heure !
Maintenant que le gros du chantier est terminé, nous prévoyons d’aménager une voie supplémentaire au-dessus de l’Arsénic pour que les bus de scolaires n’aient aucun problème pour manœuvrer et se garer. Alors qu’actuellement les bus s’arrêtent devant l’église et que des enfants peuvent toujours céder à la tentation de traverser en courant sans regarder. À l’avenir les enfants attendront à l’abri devant l’Arsénic et les parents pourront se garer.
Une fois par an, notre petite commune voit arriver 20 000 personnes pour le festival Gindou Cinéma. Visiblement nos visiteurs sont tous ravis de cet aménagement. Parce que dans notre projet tout est pensé pour les piétons, il y a des passages piétons, c’est joli et il manque encore les plantes que nous avons choisies parmi des essences résistantes à la sécheresse.

Pourquoi la commune s’est-elle soudain enrichie de tant de panneaux ?

M. F. : Pour une raison légale. Sur une si petite distance, on trouve des stops, des ralentisseurs, des passages piétons, une chicane, et si nous ne l’annonçons pas, nous sommes en faute.

Combien de temps demande un tel projet ?

M. F. : Pour conduire à son terme ce type de projet il faut compter au minimum trois à quatre ans. Cela débute par le moment où on bâtit le projet pour répondre à un besoin collectif, suivi de la constitution du dossier et de son dépôt. La réponse concernant les aides demandées arrive quelques mois plus tard et elle nous permet de faire faire des devis aux entreprises et de lancer un appel d’offres si nécessaire, puis de choisir les artisans, de lancer les travaux et de veiller à leur bon achèvement. Et c’est sans compter les éventuels retards.

Avez-vous rencontré des oppositions ?

M. F. : Ce sont les habitants du bourg qui ont le plus râlé car ils craignaient que les ralentisseurs génèrent du bruit, or ce n’est pas le cas puisque nous avons veillé à les placer à une distance suffisante des habitations. Nous avions une réunion de chantier par semaine et les riverains ont pu exposer leurs préoccupations.
Il est bon de savoir qu’en tant que commune nous ne maîtrisons pas tout. La route qui traverse notre village est une départementale, sa gestion et ses aménagements relèvent donc avant tout du service des routes du département qui a ses propres règles au nombre desquelles l’interdiction de mettre des barrières sur un trottoir.
Les agriculteurs ne font que passer à Gindou et pour ceux qui craignent d’abîmer quelque chose avec leurs engins je répondrai que s’ils passent à 30 km/h, comme l’exigent les panneaux, ils ont largement le temps de voir les éventuels obstacles.

Combien a coûté un tel aménagement ?

M. F. : La part de financement revenant à la commune s’est montée à 25 % pour un projet dont le coût global s’élevait à 350 000 €. Nous avons heureusement été aidés par l’État, par la Région, par le Conseil Départemental, par le produit des amendes de police et un peu par la Communauté de Communes.

Quels seraient vos conseils à un maire de village qui voudrait se lancer dans une aventure similaire, quel enseignement en avez-vous tiré ?

M. F. : Il fallait le faire ! Il faut savoir prendre le temps d’expliquer ce qui va être fait à la population mais très vite il faut aussi savoir décider et avancer car si on sollicite tout le monde en permanence, il y aura toujours quelques personnes qui ne verront que des inconvénients au projet et plaideront pour qu’on ne fasse rien. Nous avons tenu à faire ce projet avec des professionnels qualifiés : urbaniste, architecte, maître d’œuvre. Ce n’est pas parce qu’un village est petit qu’il doit renoncer à se lancer. Même si défendre l’intérêt collectif face aux seuls intérêts particuliers demande une solide détermination.

Luc Gétreau actulot.fr

Légende et crédit photo : Dans la traversée du village de Gindou tout indique la volonté de protéger les piétons. (©Luc Gétreau)