Dans les bois de Duravel, les girolles se cueillent par paniers

Certains cueilleurs de champignons remplissent en une heure des paniers de girolles. Les bois de Duravel n’avaient jamais autant fourni que depuis une dizaine de jours. L’humidité, la pluie ont joué mais pas seulement. Ces bois protégés des «invasions» ont eu le temps de se régénérer.

L’humidité permanente, le régime des pluies incessantes minent le moral des Lotois et ensoleillent celui des cueilleurs de champignons. Depuis une dizaine de jours, c’est la grande pousse dans les bois, et si le cèpe se montre encore discret, la girolle explose et abonde.

Dans les bois de Duravel où la cueillette est réservée aux propriétaires des parcelles et aux villageois, les «promeneurs-chercheurs» ressortent de leur balade avec des paniers qui débordent de ces champignons de couleur jaune orangé. Henri Radet, le président de Duravel-nature, l’association qui a instauré la réglementation sans doute unique en France pour protéger les bois de la commune des «envahisseurs», croisait ces derniers jours, un habitant de 82 ans, les bras chargés, qui lui déclarait : «En l’espace d’une heure, j’ai rempli un panier de vendange, ça me rappelait ma jeunesse».

Avant : des bois saccagés

2018 est bien partie pour être une année champignons et après les girolles, les cèpes sont attendus. Mais cette éclosion dans les mousses humides qui tapissent les sous-bois n’étonne pas vraiment Henri Radet : «Toutes les conditions sont réunies, les sols sont chauds, la lune va bien, le début de saison est prometteur». Le président de Duravel-nature se félicite tous les jours des dispositions prises par les propriétaires des bois : «Avant d’instaurer une carte obligatoire, à la saison, les bois étaient ratissés, saccagés par des chercheurs de champignons qui ne respectaient pas la nature. La carte a stoppé l’invasion, les bois ont pu ainsi, souffler, se régénérer». À écouter Henri Radet, la cueillette a retrouvé son côté magique : «Une grande partie de cache-cache avec la girolle». Il ajoute : «A 95 %, nous avons réglé le problème des cueilleurs sauvages. Pour le coup, le service de garderie avec trois gardes assermentés a été très dissuasif».

Les villageois, propriétaires de bois ou non propriétaires ont retrouvé le plaisir de chercher le champignon : «Quand il y en a cinq pour deux cueilleurs, au lieu d’un champignon pour dix ou vingt ramasseurs, on est dans le partage. La nature, dit Henri Radet, rend ce qu’elle produit à la dimension humaine. Il faut la respecter».


Le modèle duravelois peu exporté

Pour protéger leurs bois qui couvrent 780 hectares, les propriétaires des parcelles ont imaginé ce dispositif, rendant obligatoire le port d’une carte pour les cueilleurs et instaurant une garderie.

Néanmoins, cette solution n’est pas exportable partout, dit Henri Radet : «Sur plusieurs autres départements, des réflexions sont menées, mais cela a marché à Duravel parce que nous étions une association de 97 propriétaires or les bois ailleurs sont souvent communaux».

Duravel-nature qui n’a pas seulement vu le jour pour protéger le patrimoine mycologique local réalise un sentier botanique.


Repères

Le chiffre : 3

Gardes > Assermentés. Le dispositif mis en place à Duravel imposant aux cueilleurs le port une carte est complété par une garderie avec trois gardes assermentés.