Dans les grandes surfaces de Cahors les agriculteurs contrôlent..

– DDM MARC SALVET – ACTION DES JEUNES AGRICULTEURS FDSEA GRANDE SURFACE INTERMARCHE PLAINE LABERAUDIE

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont mené ce mercredi une opération de contrôle et de sensibilisation dans plusieurs enseignes de la grande distribution de Cahors et Saint-Céré.

Ils ouvrent minutieusement toutes les portes des vitrines, inspectent chaque étiquette et chaque emballage. Ce mercredi, des agriculteurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) du Lot ont mené une opération pacifiste dans plusieurs grandes surfaces de Cahors. Contrôle de l’origine des produits, contrôle des prix, sensibilisation auprès des consommateurs… autant d’actions qui répondaient à un appel national lancé par les syndicats.

« Nous menons cette action par rapport à la loi Egalim. Elle a été mise en place il y a un an, mais nous, les producteurs, n’en voyons toujours pas le retour. On est là pour faire pression sur les grandes surfaces et sur l’Etat », explique Christophe Bonnet, secrétaire général de la FDSEA. Issue des Etats Généraux en octobre 2018, cette loi prévoit, entre autres, de « payer le juste prix aux agriculteurs » et « favoriser une alimentation saine, sûre et durable ».

« Né et élevé en France. Abattu en UE »

À Intermarché, Aldi ou encore Carrefour, les agriculteurs parcourent les rayons, apposant çà et là des étiques sur lesquelles est écrit : « Je ne connais pas l’origine de ce produit ». L’un d’eux attrape un saucisson : « Né et élevé en France. Abattu en UE », lit-il sur l’étiquette. « Il faut bien qu’il voyage », plaisante un autre. Un rire jaune pour ces producteurs qui dénoncent le manque de traçabilité des produits. Outre la viande, les produits transformés et les produits bio sont également dans le viseur des syndicats. « On nous impose une traçabilité dans nos exploitations, mais on ne retrouve pas ce suivi dans les magasins », déplore Christophe Bonnet.

« Nous ne sommes pas contre les produits vendus dans les grandes surfaces, mais il faut se méfier », ajoute Julien VielCazal, vice-président des JA. « Il faut que le consommateur comprenne qu’on ne peut pas fournir des produits au même prix que ceux provenant de pays qui n’ont pas les mêmes normes que nous. Et c’est le cas pour plusieurs pays en Europe ». Pour le jeune homme, l’objectif est non seulement leur survie professionnelle mais aussi celle du territoire.

Comment faire alors pour mieux consommer dans une grande surface ? « Ne pas se faire avoir par des offres trop promotionnelles et trop alléchantes, car cela cache forcément quelque chose de louche, se méfier des produits transformés, privilégier les produits frais et les origines locales ou a minima ceux qui portent le logo Produit en France », répond l’agriculteur.

#sauvetonpaysan à Saint-Céré

À Saint-Céré aussi, une soixantaine d’agriculteurs et de producteurs des syndicats de la FDSEA et des JA ont investi le magasin Aldi ce mercredi matin. « C’est inadmissible ! Industriels, grandes surfaces et distributeurs ont contourné cette loi et le compte n’y est pas du tout. Exemple : en viande bovine, la génisse nous revient au kilo à 5,35 €, elle nous est payée 4,30 € », détaille Hervé Gausin, vice-président de la FDSEA. « Aujourd’hui, les négociations commerciales annuelles de 2020 ont débuté. Cette fois, l’arsenal réglementaire complet est en place. Nous exigeons que les organismes concernés prennent en compte nos coûts de production, que l’Etat impose le nouveau cadre de construction des prix, que les pouvoirs publics jouent leurs rôles de contrôle et de sanction, et la plus grande rigueur et transparence sur l’étiquetage de l’origine des produits ». Les agriculteurs ont également demandé aux consommateurs de les aider en prenant en photo les produits d’origine incertaine et en les publiant sur les réseaux sociaux avec le hashtag « #sauvetonpaysan ».

Caroline Peyronel La Dépêche