Débat autour des méthaniseurs du Ségala en présence de la sous-préfète

Une trentaine d’agriculteurs du Ségala se sont fédérés pour réaliser quatre méthaniseurs. Ces projets suscitent l’inquiétude des riverains. Ils l’ont fait savoir mercredi, lors d’une réunion d’information.

 Bondée, la salle des fêtes de Labathude a accueilli, mercredi soir, la population du territoire. Le dossier des méthaniseurs de Gorses, Labathude, Espeyroux et Viazac avait en effet déplacé les foules. Ils étaient plus de 200, favorables ou opposants au dossier porté par l’association Methaseli Environnement.

En arbitre de la partie, la sous-préfète de Figeac Nadine Chaïb était accompagnée des représentants des différents services instructeurs de l’État (DDT, DDCSPP et ARS).

«Cette démarche concerne 33 exploitations agricoles lotoises. D’ailleurs, le capital de Méthaseli est détenu à 100 % par les agriculteurs. Ces quatre projets sont des méthaniseurs en petits collectifs, rien à voir avec celui industriel de Gramat», annonçait Guillaume Virole, du service énergie de la coopérative Fermes de Figeac.

Sur presque une heure de présentation du projet, nous retiendrons le dépôt des dossiers de permis de construire et ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement), pour des travaux qui seraient engagés fin 2018-début 2019, permettant une mise en service des méthaniseurs au plus tard début 2020. Les plans d’implantations des unités de méthanisation, leur configuration architecturale et leur intégration paysagère, mais aussi les zones d’épandages, pour lesquelles 49 communes sont concernées.

Pour les voisins de ces unités de méthanisation, c’est un bras de fer qui s’engage. Dans certains villages comme Espeyroux où une association de défense s’est constituée, la situation vire au cauchemar. «Nous ne sommes que 90 habitants, et on se connaît tous», martelait Corinne Vidal, une des opposantes, en laissant éclater son désarroi et sa colère.

Un habitant de Labathude rappelait la pétition contre le projet, plus que majoritaire, mais dont personne n’a tenu compte, et précisant que l’habitation la plus proche était à 90 m.

«C’est une démarche portée par des agriculteurs, mais bizarrement, excepté à Viazac où le méthaniseur se fait sur l’exploitation, aucun n’en veut à côté de chez lui», assenait un opposant.

La sous-préfète et les services administratifs avaient beau rassurer sur leur vigilance à instruire ces dossiers, veillant à leur conformité ; et se positionnant comme garant des contrôles à venir, le discours passait mal auprès des protestataires. Ces derniers listaient : le coût de ces quatre opérations bénéficiant de fonds publics, les problèmes d’odeur, de pollutions des sols et des eaux, etc.

Vers 23 h 30, les tensions montaient d’un cran et Nadine Chaïb stoppait les débats.

(1) Direction départementale des territoires, Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations, et Agence régionale de santé.


Repères

Aides publiques. Pour les études, 20 % d’aides sont attendus. Pour la construction, de 30 à 35 %.

Énergies renouvelables. Chaque méthaniseur consommera 330 MWh/an, pour une production d’électricité de 2 400 MWh/an, soit 7 fois plus. En production nette, les quatre projets apporteront 7 300 MWh/an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 2 100 foyers hors chauffage.

Consultation publique. Les habitants auront quatre semaines pour faire connaître leurs remarques en mairie ou via internet ; cela pourrait intervenir au mois d’août, en fonction de la date de dépôt des permis de construire. Il ne s’agit pas d’une enquête publique.

Le procédé. Seuls les lisiers, fumiers et matières végétales constitueront les intrants pour un temps de séjour dans les unités de 65 jours de méthanisation, au lieu de 45 habituels : «Pour améliorer la dégradation des matières organiques et optimiser la destruction des bactéries», indiquent-ils.

En chiffres. Les porteurs de projet ont annoncé une baisse de 50 à 70 % de l’usage des engrais, grâce au digestat épandu.


Le Gadel , faire-valoir du projet ou sentinelle ?

Le Gadel est membre du comité de pilotage de Methaseli Environnement. Un positionnement qui a de quoi surprendre. «Il y a des avantages et des inconvénients à la méthanisation, disait Jacques Philbert, secrétaire général du Gadel, mercredi soir. Globalement, nous n’y sommes pas favorables, mais le département du Lot a besoin d’éliminer ses déchets agricoles qui sont actuellement épandus tels quels. Il a besoin aussi de s’engager vers la transition énergétique.»

Il signalait les imperfections relevées dans ce dossier, comme le digestat produit qui ne sera pas complètement hygiénisé. «Il comportera donc encore des bactéries, des résidus de pesticides, de médicaments… Nous voulons que le procédé aille plus loin pour aboutir à du compost. Vos questions sont légitimes. Il faudra faire en sorte d’être dans une vigilance permanente», concluait-il à l’adresse des opposants.

Pourquoi le type de méthanisation adopté dans le Lot fait-il courir un risque sanitaire ?