Du 11 au 27 septembre Semaine des Semences Paysannes. Une Maison des semences paysannes dans le Lot

Une quarantaine de Maisons des semences paysannes existent à ce jour en France, dont celle du Lot. Elles ont pour but de conserver, multiplier et mettre à disposition des paysans et jardiniers des variétés locales de légumes, céréales et fourrages bannies des catalogues des semenciers industriels.

Carmen, Cesena du Maroc, Merveille de Vérano, Rougette de Montpellier, sans parler de cette petite mâche qu’est la coquille de Louviers… Autant de noms évocateurs pour des variétés de salades, et il y en a pour tous les goûts, toutes les saisons, tous les terroirs.

Oui mais voilà, difficile de les dénicher dans les catalogues du commerce, les jardineries ou les coopératives agricoles, totalement uniformisés par les grands semenciers. Une seule solution : leurs construire une maison, non pour les enfermer dans un grenier poussiéreux, à l’abri de la vie extérieure, mais au contraire pour les faire vivre et prospérer.

Reconquête des semences sur les industriels

Une Maison des semences paysannes (MSP), c’est d’abord un lieu de conservation, de multiplication et d’échanges de semences et de savoir-faire. C’est le symbole de la reconquête des semences sur les industriels. C’est aussi une protection pour les paysans vis-à-vis de la loi.

La plus ancienne de ces structures est l’émanation d’Agrobio Périgord, en Dordogne, qui met à disposition des paysans adhérents des lots de semences de maïs et de tournesol reproductibles (dits « de population »). Les Bretons ont donné naissance à Koal Kohz (= chou vieux !) qui leur a permis de reconquérir leurs graines et de répertorier plus de 500 variétés de choux.

Dans le Tarn et la Haute-Garonne, ce sont des jardiniers qui ont aidé les paysans du Larzac et des Grands Causses à retrouver et cultiver des variétés de sainfoin (esparcette) et de céréales à pain. Ces variétés de blé sont certes moins productives, mais elles n’exigent pas leurs doses d’engrais et de pesticides, tout en donnant plus de paille ! Du blé pour installer des paysans boulangers, heureux de sortir de leur four un pain qui se conserve et offre une grande variété de saveurs.

La Maison du Lot

Dans le Lot, la dynamique est née de la volonté des adhérents de l’Adear du département  – pour l’essentiel membres de la Confédération paysanne – de rejoindre le Réseau Semences Paysannes. Plusieurs réunions ont permis d’exprimer les besoins en semences potagères, céréalières et fourragères.

Les objectifs de la MSP du Lot rejoignent ceux de la quarantaine de Maisons des semences déjà constituées : la conservation et la multiplication de variétés locales pour les mettre à disposition des paysans et jardiniers soucieux d’adapter leurs cultures à leur terroir.

Mais aussi la communication en participant ou en organisant des fêtes, des trocs de graines et de plantes, des rencontres, des formations techniques pour les adhérents. Une Maison des semences paysannes se doit également de participer à des travaux de recherche et d’évaluation, en lien avec le réseau national, pour obtenir une reconnaissance juridique et scientifique des semences paysannes. Vaste et passionnant programme, nécessitant beaucoup de détermination face aux intérêts des semenciers de l’agro-industrie.

A l’origine de cette initiative, l’Adear du Lot en assume la responsabilité dans un premier temps, pour des raisons pratiques et juridiques. En espérant que cette maison et ses habitants voleront rapidement de leurs propres graines. La Maison a son PDG – Petit Donneur de Graines – composé des membres fondateurs. Elle a également ses sympathisants et ses donateurs.

extrait de Reporterre

 

Publication à télécharger: Maisons des semences paysannes
Issue d’un travail d’enquête auprès de trente-cinq collectifs, cette publication propose une mise en perspective de différents systèmes de gestion collective de la biodiversité cultivée qui émaillent le territoire français. Les modes organisationnels des groupes étudiés y sont décrits pour chacune de leurs activités. Plus que répondre au « pourquoi » (urgence de créer une alternative concrète aux « kits » chimiques : semences, engrais, pesticides), nous nous sommes ici intéressés au « comment ». L’accent a été donc délibérément mis sur les constructions sociales autour des échanges de semences paysannes et des savoir-faire associés.