« Ecoeuré », le défenseur des abeilles du Lot a le bourdon et jette l’éponge

.Le président du groupement de défense sanitaire (GDS) des abeilles du Lot depuis 17 ans a pris sa décision début septembre. Une assemblée générale à Labastide-Murat aura lieu le 14 octobre à l’issue de laquelle il quittera ses fonctions. Explications sur les raisons de ce choix à contrecœur.

 Apiculteur depuis près de quarante ans, Michel Bétaille quitte, non sans regret, la présidence de l’organe qui s’occupe de défendre les abeilles dans le département. Outre le constat d’une hausse de leur mortalité au printemps dernier, Michel Bétaille a eu un déclic à la fin de l’été.

« On m’alerte et je rends visite à des apiculteurs », affirme-t-il en expliquant que ce qu’il a vu l’a « écœuré ». Il vient de rédiger à la main une lettre ouverte qu’il compte lire au préfet du Lot, Jérôme Filippini.
Dans ce courrier, il alerte sur le fait que « des milliers de ruches meurent inutilement ».

Des problèmes, aucune cible humaine

En juillet 2018, le futur ex-président du groupement de défense sanitaire (GDS) Abeilles du Lot avait rencontré la députée Huguette Tiegna pour tirer la sonnette d’alarme. Prochaine étape ? Se rendre auprès du conseil départemental puis de la chambre d’agriculture qui a créé une partie apicole en son sein pour aider au recensement du nombre d’apiculteurs dans le département. Un des vice-présidents de la chambre d’agriculture du Lot et président de la FDSEA, Alain Lafragette, espère que les apiculteurs se trouveront eux-mêmes un successeur à l’issue de l’assemblée générale du 14 octobre à Labastide-Murat.
Il tient à souligner « l’engagement » de Michel Bétaille et conseille désormais aux apiculteurs, pour mieux défendre leurs intérêts, de nommer un représentant au GDS global du département.
De son côté, Michel Bétaille prend le soin de ne fustiger personne dans sa lettre ouverte : la mort des abeilles perturbées par le frelon asiatique qui rôde près des ruches semble déclencher une fatalité à ses yeux.

Un départ définitif

Quand on lui demande ce qui pourrait rapidement être amélioré, Michel Bétaille pense aux techniques apicoles. Les apiculteurs du Lot pourraient alors se tourner davantage vers des ruchers-écoles.
En attendant qu’une solution miracle soit trouvée, Michel Bétaille dresse le chiffre suivant : le Lot a perdu 30 % de ses ruches entre octobre 2017 et avril 2018.
Aussi, le retrait de la présidence du GDS Abeilles du Lot constitue pour lui un retrait total de l’apiculture. « Désormais, j’observerai de l’extérieur ce qu’il se passe et je verrai si cela évolue », espère-t-il.

Une baisse nationale du nombre de ruches

Le contexte alarmant dressé par Michel Bétaille dans le Lot doit être relativisé par la présence d’un constat sans appel : le nombre de ruches en France diminue.
En attendant les chiffres de cette année, on dénombrait 939 385 ruches au printemps 2017 (source : FranceAgriMer).
Cette baisse s’explique par la même cause que pointe du doigt Michel Bétaille : la mort des colonies d’abeilles.
En parallèle, la consommation de miel ne se réduit pas : 45 000 tonnes sont vendues en France, chaque année. Un déficit de production qui nécessite une importation venue principalement d’Espagne.

La Dépêche