Fraude sur l’Agneau fermier du Quercy

Utiliser l’image, la réputation et la qualité de l’agneau fermier du Quercy pour écouler de la viande ne répondant pas au cahier des charges et aux engagements des éleveurs locaux le coup est bas. La filière le fait savoir et le dénonce.

L’appellation Agneau fermier du Quercy IGP et son Label rouge sont usurpés. Une situation qui laisse un goût amer chez les éleveurs du Lot qui dénonce ces fraudes constatées chez des restaurateurs et des bouchers français. «Malheureusement, témoigne Eric Lagarde, responsable de l’organisme de défense et de gestion de la filière, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a été alertée. Nous leur avons remonté plusieurs cas, mais ils sont débordés et du coup assez passifs sur ce dossier».

Pour contrer les fraudeurs, l’Agneau fermier du Quercy a décidé de publier une liste des points de vente de leur viande, pour permettre aux consommateurs d’être vigilants et informés.

 

«Nos abattoirs et nos grossistes sont conventionnés, et les seuls habilités à vendre notre agneau. La filière est structurée et nous savons parfaitement quels sont les restaurants et les boucheries qui s’approvisionnent chez nous», insiste Eric Lagarde.

Autant s’il est simple de connaître les distributeurs, il est plus compliqué de démasquer les fraudeurs. «Ce sont les éleveurs eux-mêmes qui s’en aperçoivent, ou nos grossistes qui nous préviennent, parfois même des clients», précise-t-il.

C’est un coup dur pour la profession qui s’est engagée dans la démarche Label rouge agneau fermier du Quercy, justement pour se démarquer et valoriser une pratique ancestrale et respectueuse de l’élevage ovin sur les causses, comme en témoigne le porte-parole de la filière : «En 1980, dans le cadre de négociations européennes, les échanges ont été facilités et notre viande s’est retrouvée directement concurrencée par l’importation». Il poursuit avec cette anecdote incroyable : «À cette époque, nous avons intercepté des camions hongrois qui venaient décharger près de 300 agneaux à l’abattoir de Cahors, car la loi leur permettait en abattant sur place d’obtenir le cachet du département-46. Symboliquement, les agneaux ont été déchargés dans la cour de la préfecture du Lot. Une manière de faire prendre conscience de cette réalité aux politiques et aux Français».

Au coup de colère a fait place l’intuition qu’il fallait protéger la filière ovine du Quercy avec un label qui a été créé dès 1982. «Pour ne plus que ces viandes d’agneau européennes odorantes et dures déçoivent des consommateurs, convaincus de manger de l’agneau du Quercy alors qu’ils mangent du mouton d’ailleurs !», lâche Eric Lagarde. La traçabilité était enfin mise sur la table avec un certificat de garantie et d’origine des carcasses.

Malgré tout, la filière a vu le nombre d’éleveurs chuter de 749 à 230 aujourd’hui, pour une production qui se maintient tout de même aux alentours de 118 000 brebis mères.

La rédaction du Lot a tenté en vain de joindre la DGCCRF du Lot, en fin de semaine.


Décryptage du Label Agneau du Quercy

Ce label impose la commercialisation d’un agneau de moins de 150 jours, avant qu’il n’entre dans sa phase pubère et de reproduction. Il est allaité par la mère le plus longtemps possible, avec un minimum de 70 jours d’allaitement.

Il préconise un élevage en bergerie ce qui évite notamment la vermifugation pour les parasites, mais ce n’est pas l’unique raison (bien-être animal…). Enfin, le complément alimentaire délivré aux agneaux : céréales, fourrages, etc. est sans OGM.

80 % des élevages se situent sur les causses du Lot, avec des brebis qui pâturent dans des parcs en plein air. La filière s’inquiète aujourd’hui de la présence du loup à nos portes. «Il est déjà en Aveyron et dans le Cantal, c’est évident qu’il va arriver. Cela risque de remettre en cause l’agro-pastoralisme lotois, garant de l’entretien et de la beauté de nos paysages», conclut Eric Lagarde.

Laetitia Bertoni

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