Habitat. La construction en paille tend à se développer à travers le Lot

Les habitants du Lot, sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par les constructions en paille.

L’intégration de la paille dans la construction de l’habitat remonte à la nuit des temps ; torchis, chaume… Avec l’apparition de la ramasseuse-presse (communément appelée botteleuse) vont naître les constructions paille, « version moderne », avec diverses variantes, du point de vue des techniques et des matériaux utilisés.

En France, la première maison construite en paille (conçue par l’ingénieur Émile Feuillette) date de 1920. Toujours debout, elle se situe à Montargis (45). Elle est devenue le centre national de la construction paille. Aujourd’hui, alors que ce type de construction tend à se développer, le département du Lot n’est pas en reste. On recense une bonne cinquantaine d’habitations ayant opté pour le matériau paille.

« Il s’agit d’une démarche totalement écologique » souligne Christophe Damay, conseiller Info énergie, auprès de Quercy Énergie. Les bottes parallélépipédiques (carrées) constituent un matériau isolant reconnu pour ses performances. Elles ont été utilisées pour la première fois en matière de construction d’habitat, à la fin du XIXe siècle, aux États-Unis.

« La construction paille n’est pas une lubie ; elle s’intègre dans la démarche de transition écologique » insiste Christophe Damay. Peu énergivore à la fois au niveau de sa construction et dans son mode de fonctionnement, la maison paille affiche de belles performances en la matière. Contrairement à une maison conventionnelle (briques, laine de verre), source d’émission de carbone pour sa construction, la maison paille permet de gagner l’équivalent de 50 ans de chauffage. Cependant, pour prétendre à la reconnaissance d’une maison avec un bilan carbone positif, il convient d’utiliser des matériaux bio-sourcés.

Des matériaux locaux bio-sourcés

La construction paille fait appel à des matériaux locaux, simples, bio-sourcés, dont les coûts se révèlent en règle générale, très compétitifs, dès lors qu’il est possible de faire appel à un agriculteur du voisinage du lieu de construction, pour se procurer les bottes de paille, aux bonnes dimensions.

La paille fait partie des matériaux qui stockent le carbone et qui plus est, fait preuve d’une grande inertie, par rapport à la chaleur d’été.

Ce type de construction reste toutefois marginal dans le Lot, alors même que le développement de la maison paille connaît des avancées spectaculaires en France, ces dernières années. De plus en plus de constructeurs mettent en avant cette vision de l’habitat, acceptée dans le cadre de la réglementation thermique actuelle. Néanmoins, pour l’heure, l’industrie du bâtiment ne s’en est pas encore saisie.

Un cahier des charges avec liberté d’approche

La réglementation professionnelle sur la construction paille date de 2013 ; elle impose un cahier des charges assez strict, tout en laissant une certaine liberté d’approche. « Il s’agit de respecter des jalons pour aboutir à la construction d’un bâtiment de qualité » précise Sylvain Augé, concepteur de constructions écologiques (voir encadré ci-dessous).

Il existe plusieurs techniques quant à la réalisation d’une maison en ossature bois avec variantes, quant à la mise en place de la paille.

Le plus souvent, l’habitation est érigée à partir d’une ossature bois ; la paille servant d’isolant et de support d’enduit. La paille n’a pas de fonction structurelle ; elle ne contrevente pas la maison, elle n’en assure pas la stabilité. D’où l’importance du respect rigoureux des procédures. Sylvain Augé précise : « Il importe qu’une maison paille soit réalisée dans de bonnes conditions, car, contrairement à ce qui se passe lorsqu’une maison traditionnelle a été mal faite, où l’on dit qu’on a eu affaire à un mauvais maçon, dans le cas d’une maison paille, il est rapporté qu’un tel ouvrage ne vaut rien ! »

Des variantes quant à la construction et au choix des matériaux

À la place de la paille, il est possible de recourir à la ouate de cellulose, offrant de belles performances en termes de bilan carbone. Il existe également la laine de bois, la fibre de bois, le chanvre…

Au niveau des fondations de l’habitation (photo ci-dessus), le choix a été fait d’une implantation sur pilotis, de manière à poser une dalle bois sur des plots en béton armé, avec un minimum de 30 cm au-dessus du sol. Déjà à ce niveau, il ressort une économie financière, sans commune mesure avec un décaissage et la pose d’une dalle armée. Cette technique présente l’avantage de ne pas déformer le relief du terrain, de respecter la configuration du sol. Les cloisons sont réalisées en torchis (enduits terre et cloisons en torchis) posés à la main.

Quant à la protection vis-à-vis des parasites et des termites, il a été choisi un bois naturellement résistant, en évitant d’utiliser du bois traité, tel le sapin du nord. En l’occurrence il a été choisi pour la structure générale de l’habitation du bois (classe 3) Douglas.

Toute la partie extérieure, le bardage, est constituée de Mélèze.

Précision : tous les bois grisent sous l’effet de la pluie et des UV. Pour conserver la teinte originelle du bois, il convient de recourir à un saturateur (une huile qui va protéger le bois de l’eau et de l’effet des UV), dont l’application devra se faire tous les 3 à 5 ans.

Naturellement résistante : d’une part, la paille n’intéresse pas les rongeurs, contrairement au polystyrène, d’autre part, la densité (taux de compression entre 80 et 120 kg/m³) et la mise en œuvre de la paille ne laisse pas d’espace entre les bottes.

« C’est la dimension écologique qui m’a motivée au moment de me lancer dans la construction d’une maison, j’ai ensuite opté pour la paille en raison de sa qualité d’isolation » explique la propriétaire des lieux, non loin de Catus. La paille a été produite du côté de Castelnau-Montratier. Et elle ajoute : « J’ai également été séduite par le fait de pouvoir mettre la main à la pâte plus facilement que dans le cas de la construction d’une maison traditionnelle ».

Autres caractéristiques de l’habitation :

– la maison sera équipée de panneaux photovoltaïques,

– d’une surface de 100 m² de plancher, pour le chauffage, il a été retenu un poêle à bois régulé en espace ouvert,

– la terrasse est réalisée en Mélèze.

– le toit est constitué de tuiles en terre cuite (10 tuiles au m2).

– prévisionnel de durée du chantier : six mois.

Coût global approximatif de la construction : 130 000 €.

« La maison paille (compactée en bottes) conserve parfaitement la chaleur en hiver et la fraîcheur en été, dans toutes les pièces ; elle présente le meilleur rapport qualité/prix du marché » termine Sylvain Augé.

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

Contact : Quercy Énergies, Agence Locale de l’Énergie, Christophe Damay, conseiller Info Énergie du Lot – 380 rue de la Rivière à Cahors – tél. 05 65 35 30 78

Les constructions en paille avec Sylvain Augé
« Ma vocation est de permettre à chacun de vivre dans une maison saine, belle et économe en énergie à coût maîtrisé » souligne Sylvain Augé concepteur des constructions basées sur une structure bois (ossature bois et charpente traditionnelle), isolées en paille et revêtues d’enduits terre à l’intérieur et de bardage bois à l’extérieur.
Vous voulez auto construire ?
Choisir de se faire accompagner permet de prendre confiance et d’être rassuré en profitant de l’expérience d’un professionnel ; d’acquérir de nouvelles compétences grâce à mon savoir-faire ; de faire des économies et de gagner du temps grâce à une technique économe et efficace.
L’accompagnement peut intervenir aux différentes phases du projet :
– conception (conception bioclimatique, permis de construire, calculs de structure, plans d’exécution)
– gros œuvre (ossature-bois, charpente, couverture, bardage)
– second œuvre (isolation paille, ouate de cellulose, menuiseries intérieures et extérieures, enduits terre, torchis, finitions intérieures bois)
Contact : Sylvain Augé, « Des Maisons Pour Demain », 2 bis Roquebert, 46 140 Castelfranc. Tél. 06 79 60 56 23

Actu Lot