Hôpital de Cahors: Activité en baisse, finances au plus bas, personnel très affecté

L’hôpital de Cahors n’affiche pas unencéphalogramme plat, mais son état de santé n’est guère brillant. Activité en baisse, finances au plus bas, personnel très affecté… Le mal couvait, il frappe fort.

La mort cérébrale de l’hôpital de Cahors n’est fort heureusement pas déclarée, car il y a encore des cerveaux qui pensent et agissent au chevet de cette structure en pleine restructuration… mais aussi en pleine souffrance. La CGT dresse un état des lieux et décrit donc l’état de santé préoccupant de ce beau vaisseau sans réel capitaine puisque l’ancien directeur, Marc Hector, a quitté le navire au beau milieu d’une mer très agitée. L’hôpital continue de tanguer malgré l’arrivée de Francis Teulier qui a repris les commandes en intérim tout en continuant à piloter l’hôpital de Figeac dont il est aussi directeur. Avez-vous essayé de piloter deux bateaux ou deux voitures en même temps ?

Une réalité accablante

Dubitative sur cette gouvernance, la CGT réclame une solution rapide et pérenne «dans l’intérêt des patients, des soignants et de l’activité de l’hôpital» souligne Laurence Chabert, secrétaire CGT. Elle réagit aux propos de Vanessa Bompard, directrice de soin : «Il faut décloisonner les services et entretenir une certaine solidarité.» Phrase prononcée lors de vœux de l’hôpital, le 16 janvier dernier.

«On emploie des très jolis mots comme la solidarité pour des réalités moins belles. Cette phrase évoque la mutualisation des moyens, donc l’auto-remplacement. Si quelqu’un est en maladie, celui qui est de repos va être appelé et remplacer le personnel malade. Le personnel le fait tout seul, sans qu’on lui demande. Mais à un moment donné, il faut savoir dire stop pour se protéger soi-même. Les repos sont conçus pour préserver sa santé et non pour l’aggraver en travaillant au-delà ce qui est raisonnable», considère la déléguée CGT.

«Avec la restructuration, nous fermons des lits (26 en chirurgie), donc nous perdons du personnel. Les départs à la retraite ne seront pas remplacés. Cela a été confirmé», déplore-t-elle en outre. Alors quel avenir pour l’hôpital et avec qui ? «Francis Teulier s’est positionné pour être le directeur de notre hôpital en conservant la direction de celui de Figeac. Administrativement, c’est compliqué et cela a été refusé», lâche Laurence Chabert. L’hôpital malade cherche donc un directeur qui devra d’abord être aussi un peu docteur pour soigner les soignants. La CGT ne voit qu’un seul remède efficace pour les soulager : des embauches. à l’évidence il y a urgence.

Un beau vaisseau sans gains

L’idée d’une direction partagée entre l’hôpital de Cahors et celui de Figeac étant «tombée à l’eau» (lire ci-contre), selon les propos de la CGT, le poste de directeur a été ouvert. «Six candidats se sont présentés. Le maire de Cahors, Jean-Marc Vayssouze, président du conseil de surveillance de l’hôpital, a dit qu’aucun n’était à la hauteur de la mission. Or, le docteur Slim Lassoued, président de la CME (commission médicale d’établissement), m’a confirmé qu’il y avait six candidats dont deux femmes et qu’à ses yeux quatre d’entre eux tenaient la route», indique Laurence Chabert. Elle s’interroge : «Qui est le vrai spécialiste de telles décisions ?». Pas de direction partagée, aucune candidature retenue et «un directeur en intérim jusqu’en juin», ajoute-t-elle. La restructuration sera-t-elle achevée ou se poursuivra-t-elle sans directeur dans ce beau vaisseau qui affiche «une baisse d’activité au premier trimestre 2018 de 4 % en médecine générale et de 10 % en chirurgie» détaille la CGT ? Un regain d’activité ferait croître les gains, en chute libre.

«L’hôpital vend ses biens immobiliers»

En dehors de tous les mouvements sociaux nationaux, la CGT envisage de conduire une action locale pour sensibiliser l’opinion publique sur la situation de l’hôpital de Cahors. «Nous voulons pointer du doigt l’ensemble des problématiques. On observe une fuite des patients vers Montauban. Il faut en étudier les raisons. Nous avons perdu la confiance avec les médecins de ville. Ils se tournent vers Montauban ou Brive après avoir appelé un médecin à l’hôpital pour le traitement d’une pathologie particulière et qu’on leur a proposé un rendez-vous dans deux mois. Les délais d’attente sont trop longs», note Laurence Chabert. Nous avons bien sûr tenté de joindre le directeur intérimaire. Celui-ci a fait savoir, par mail via sa chargée de la communication, que «la restructuration n’étant pas encore définitivement actée sur certains points, il serait mieux de reporter cet entretien à la mi-juin.» Il pourra s’exprimer sur chaque problématique exposée aujourd’hui, entre autres thèmes comme celui des ventes immobilières. «Quand un hôpital va mal, il vend ses biens immobiliers. C’est le cas. L’internat est à vendre. La villa Breton et la pouponnière du Payrat aussi, puis ce que l’on appelle le bâtiment des convalescents et un terrain tout près», révèle Laurence Chabert. «Jean-Marc Vayssouze a dit qu’il avait un projet avec le bailleur social Lot Habitat pour construire un internat neuf. Ne serait-il pas plus simple et moins coûteux de rénover l’internat actuel ?», demande-t-elle. Une autre question en attente de réponse.

Jean-Luc Garcia La Dépêche