la coopérative Cant’Avey’Lot a réussi son pari

Créée en 2010 dans le Figeacois, la coopérative Cant’Avey’Lot a réussi le pari de se faire une place sur les étals des supermarchés, à côté des cadors du secteur et en revendiquant fièrement son ancrage local.

La récente pénurie de beurre dans les supermarchés de l’Hexagone a remis sur le devant de la scène un produit (et une matière première) d’importance : le lait de vache. Un paradoxe alors que pour de nombreux producteurs, d’ici et d’ailleurs, le problème consistait il y a encore peu à trouver des débouchés et à vivre correctement de leur métier. C’est face à ces aléas du marché que 26 producteurs ont lancé une initiative audacieuse il y a sept ans. «Nous faisions partie du GIE Sud Lait de Montauban, qui avait un contrat avec une laiterie espagnole (Leche Pascual). En 2010, il n’a pas été renouvelé et on s’est retrouvé sans collecteur. Il y a eu des propositions d’industriels locaux mais nous avions déjà lancé une réflexion collective, pour travailler et de commercialiser nos produits différemment», raconte Jean-Philippe Vayre, producteur à Frontenac et vice-président de Cant’Avey’Lot. Le but pour les producteurs : reprendre leur destin en mains alors que le secteur vit une période économique compliquée.

De Bagnac-sur-Célé aux «Franprix» de Paris

Après quelques contacts avec les enseignes commerciales locales, la coopérative se structure autour des 26 exploitations essentiellement basées sur le Figeacois et lance son lait. Elle implante son siège à Bagnac-sur-Célé et la collecte s’effectue toutes les 72 heures avec ses propres camions. Au quotidien, le lait est acheminé à un site d’embouteillage basé dans la région Centre. «Quand on a lancé l’embouteillage, nous étions sur un secteur régional puis grâce à des contacts en région parisienne, nous avons pu conclure un accord avec l’enseigne Franprix sur un volume de 4 millions de litres par an», poursuit le producteur lotois. Aujourd’hui, la coopérative commercialise 10 millions de litres par an, pour moitié en région et le reste vers Paris.

A travers le label «Bleu Blanc Cœur», Can’Avey’Lot s’est placé sur le créneau porteur du «lait de printemps» : un lait riche naturellement en Oméga3, avec une texture et un goût identique toute l’année, obtenu grâce à une alimentation et un mode d’élevage améliorés. Avant le basculement d’une partie de la production en bio ? «Nous y avons réfléchi mais cela supposerait un surcoût considérable au niveau de la collecte, indique Jean-Philippe Vayre. A l’heure actuelle, nous ne produisons pas bio mais nous sommes inscrits dans une démarche d’agriculture raisonnée. D’ailleurs, nos producteurs se relaient dans les commerces pour mener des animations et expliquer comment nous travaillons au quotidien». La marque s’est aussi lancé dans les produits «dérivés» : fromage à pâte pressée, yaourts (un atelier a été conçu au siège soit un investissement de 700 000 euros) et aligot… Et ne compte pas en rester là. «Le produit-phare reste le lait – demi-écrémé ou entier – mais on sent un véritable engouement des consommateurs pour ces produits dérivés conçus avec la même philosophie», conclut le porte-parole d’une entreprise jeune mais qui mise sur l’image de ses 30 fermes pour s’implanter durablement dans la région… et ailleurs.


En chiffres

7,5

millions d’euros de chiffre d’affaires .

Près de 10%

de hausse du volume commercial global entre 2016 et 2017.

10

millions de litres de lait traités dans toute la gamme de produits.

30

producteurs, 6 salariés au siège.