La flèche brisée

Présentation du film La flèche brisée – Broken arrow, par Alain Chène, qui animera la Première séance au cinéma l’Atalante à Gourdon le samedi 7 octobre à 19h30.

C’est la rentrée !

Armez-vous de patience et de diplomatie. Car il en faudra du temps, à l’histoire du cinéma américain, pour réaliser (enfin) un film qui réhabilite la culture indienne. Si La Flèche brisée de Delmer Daves n’est pas la première réalisation à flirter avec la reconnaissance de la culture indienne, il est le premier film à avoir un retentissement tel qu’il ouvrit la voie vers d’autres réalisations dont le point culminant reste Little Big Man (même si je préfère Soldat bleu de Ralph Nelson datant de 1970). En son temps, une série télé avait vu le jour (1956/1958) avec comme interprètes John Lupton et Michael Ansara.

L’autre idée (que l’on découvrira dans le film) est le partage des eaux entre bons indiens, ceux qui veulent la paix, et les renégats qui refusent de pactiser… En cela, le film de Delmer Daves, datant de 1950, véhicule une certaine idée de l’indien, pacifiste avec qui l’on peut dialoguer. Celui-là ne dérange pas et offre une conscience diplomatique à l’Amérique.

À remarquer qu’il ne s’agit pas des tribus comme les Sioux, Cheyennes, Comanches, ces nobles guerriers tueurs de bisons, vivant dans les hautes plaines. Mais des Apaches coincés dans le désert du Nouveau Mexique, longtemps considérés comme fourbes. Une approche du réalisateur intéressante dans le contexte historique qu’il représente dans le film.

Les guerres indiennes se terminèrent officiellement en décembre 1890 par le massacre de Wounded Knee, alors qu’il y avait encore des escarmouches dues notamment à un des protagonistes du film : Géronimo. Le renégat de Cochise. Personnage malin qui sut offrir une image guerrière et représentative de la résistance. Mort en 1907, il refusa d’intégrer le cirque de Buffalo Bill, mais accepta qu’on le prenne en photo. Le film de Delmer Daves reste une énigme. Non pour sa réalisation formelle mais par le choix du sujet. Est-ce dû à la montée du maccarthysme ? L’indien ne devenait-il pas une métaphore ? Une liberté de pensée, de voir le monde, face à l’obscurantisme que l’Amérique allait subir.