la préfète du Lot se rend sur la carrière de quartz du Frau

L’heure de l’extraction du quartz sur une surface de 17 hectares, sur les terres classées ENS (Espace naturel sensible) du Frau, à Lavercantière, n’a pas encore sonnée tant la levée de boucliers contre ce projet porté par la société Imerys (lire notre encadré) est vive et déterminée.

Le Frau et ses 110 hectares de terre, propriété de l’état et géré par l’Office national des forêts, intéresse beaucoup cette entreprise spécialisée dans l’extraction du quartz afin d’alimenter le marché européen.

Une extension de l’activité sur 17 hectares est envisagée sur le sol historique des vergers à graines gorgé de ressources naturelles et d’essences végétales que les opposants au projet veulent absolument préserver. C’est ce que les représentants du Gadel (Groupement associatif de défense de l’environnement du Lot) ont voulu faire comprendre hier à Catherine Ferrier, préfète du Lot, qui a tenu à faire le déplacement sur la terre de la polémique. Afif Lazrak, sous-préfet de Gourdon et Gilles Vilard, maire de Lavercantière, étaient également présents. «On ne veut pas de ce projet sur ce territoire et surtout nous ne voulons pas que l’on nous serve la soupe habituelle du compromis. L’entreprise ne se contentera pas de cette extension. Elle en voudra beaucoup plus. Ici, le gisement représente 6 000 hectares», prévient Rémi de Bouteiller, membre actif de l’Association de préservation des sites menacés en Bouriane (APSMB).

Une contre-expertise demandée

Aux opposants qui estiment que «ce projet n’a pas d’enjeu local et que le Lot n’en retirera donc aucun bénéfice économique», la préfète rappelle «qu’il faut creuser des trous pour trouver du quartz. Même si celui-ci servira à la production européenne, les gravats quant à eux seront utilisés dans le Lot».

Catherine Ferrier s’est ensuite montrée prudente. «Nous n’avons qu’un simple projet en main, pas un dossier d’instruction», dit-elle. Les erreurs de sondages d’un premier cabinet d’étude évoquées par les opposants l’ont fait réagir : «Je demande une contre-expertise. Il faut du temps pour évaluer les capacités réelles de ce sol et l’impact du projet sur l’environnement. Je comprends que le débat passionne, mais il faut sortir de l’affectif pour rentrer dans l’objectif», conclut-elle en se donnant du temps… et du courage.


Imerys veut relever le défi environnemental

L’état étudie la possibilité de réimplanter dans le Lot les vergers à graines perdus sur le site de Sivens (Tarn). Cela fut un instant une opportunité pour les opposants au projet de Lavercantière. Mais ces plantations se feraient plutôt dans le Ségala.

Autre possibilité : un contre-projet sur lequel planchent les opposants. Ils proposent «la création d’un observatoire scientifique des abeilles», pour mieux lutter contre la menace du prédateur des butineuses : le frelon asiatique. Tandis que l’entreprise défend sa position en insistant sur «le rôle économique du quartz et la richesse minérale de ce sol» qu’elle veut s’appliquer à «revégétaliser pour respecter l’environnement», Ségolène Royal, ministre de l’écologie, a diligenté une enquête technique.