Lactalis et les agriculteurs

A cause de la crise sanitaire en cours à l’usine de Craon du groupe Lactalis, les éleveurs laitiers craignent de voir les prix d’achat du lait partir à la baisse.

REPORTAGELe scandale Lactalis des laits contaminés produit ses premières conséquences, avec une mesure radicale demandée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire : tous les produits de lait infantile fabriqués dans l’usine de Craon, en Mayenne, vont être rappelés, quelle que soit leur date de fabrication. L’affaire, qui a pris de l’ampleur ces derniers jours, n’inquiète pas que les parents. Elle suscite aussi beaucoup d’interrogations parmi les éleveurs qui livrent leur lait à l’usine de Craon, d’autant que l’industriel chercherait en ce moment à déterminer de quel élevage proviennent les salmonelles.

Crainte d’être la variable d’ajustement. Alain et Karine, éleveurs laitiers en Mayenne, livrent tous les ans 900.000 litres de lait à l’usine de Craon. Depuis quelques semaines, ils ne savent plus où s’en va leur production. « Aucun courrier, c’est le calme complet. Nous, les producteurs, on n’a pas se mêler de cette affaire sans doute. Produit et tais-toi… », regrette Alain. « Moi, ce qui m’importe, c’est combien on va me payer mon litre de lait le mois prochain. Je pense qu’on va être la virgule d’ajustement de Lactalis. C’est le producteur basique qui va payer l’addition. S’ils sentent que leurs bénéfices sont un peu moins intéressants, il nous paieront le lait un peu moins cher et on n’aura rien à dire. »

Connaître la vérité. Le manque de dialogue et de transparence sont une marque de fabrique de Lactalis, selon le couple d’éleveurs. Mais en pleine crise, la posture n’est plus tenable. « Je demande la vérité, tout simplement. On veut savoir d’où vient la contamination », réclame Karine. « Il semblerait que Lactalis ailler chercher des producteurs qui auraient contaminé le lait à la salmonelle. Mais Lactalis n’a pas à rendre les agriculteurs responsables des soucis qu’il rencontre dans ses usines. Notre lait est dans un tank propre. Je le donne à mes enfants et ils ne sont pas malades… » Vendredi, à l’appel de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles et des Jeunes agriculteurs de Mayenne, les éleveurs feront le siège de la laiterie de Craon pour demander des comptes à Lactalis.

Europe 1


Les états généraux de l’Alimentation

Les états généraux avaient deux grands objectifs explicites, pour répondre à une double crise, et un objectif plus implicite. Pour reprendre les termes du Président de la République lors de son discours au marché de Rungis, les EGA devaient permettre aux agriculteurs de vivre du juste prix payé afin de répondre à la crise de la filière agroalimentaire et notamment à la « guerre des prix » dans la grande distribution, et (2) à chacune et à chacun d’avoir accès à une alimentation saine, durable et sûre pour juguler la crise de confiance des consommateurs, le fameux foodbashing. Ces deux objectifs ont correspondu aux deux phases des EGA appelées « chantiers » : (1) création et répartition de la valeur au sein de la filière autour de 7 ateliers organisés du 28 août à fin septembre, et (2) alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous autour de 6 ateliers organisés de début octobre à fin novembre.