Laurent Voulzy en concert à la cathédrale de Cahors

À l’occasion des 900 ans de la cathédrale Saint-Etienne, le chanteur français Laurent Voulzy, fait une halte dans le Lot.

Laurent Voulzy a dédié « Jésus » à ATD Quart-Monde en souvenir d'une promesse faite au père Joseph Wresinski. © Philippe Abergel
Laurent Voulzy a dédié « Jésus » à ATD Quart-Monde en souvenir d’une promesse faite au père Joseph Wresinski. © Philippe Abergel

Le calendrier fait bien les choses ! Dans le cadre des 900 ans de la cathédrale Saint-Etienne de Cahors, Laurent Voulzy sera en concert le jeudi 24 octobre dans un lieu qu’il connaît bien et affectionne particulièrement : une cathédrale.

Une grande tournée des églises et des cathédrales

Ce n’est pas la première fois que Laurent se produit dans un édifice religieux. Depuis septembre 2018, il sillonne les routes de France dans le cadre d’une tournée qui le conduit dans les lieux de culte catholique.

Après Nantes, Pontoise, Arras, Meaux, Reims, Le mont Saint-Michel, Évreux, voici bientôt Cahors.

Laurent Voulzy, nouvel habitué des églises ? Son goût pour les édifices sacrés est né il y a sept ans, après la sortie de son album « Lys and Love », un disque de pop médiévale où il témoigne de la passion pour l’histoire : « J’ai eu tellement d’émotion en allant chanter à la basilique de Saint-Denis que je fais en sorte que ça continue… J’ai envie de chanter des chansons qui rentrent un peu avec ma quête spirituelle » a-t-il confié à France Télévision.

Accompagné de deux musiciens, une chanteuse, harpiste, guitariste et un clavier, il chante son répertoire revisité, adapté aux lieux. Il y fait résonner ses plus grands tubes. « Le Pouvoir des Fleurs », « Bélem… » mais aussi des chansons moins connues qui entrent en résonance avec les édifices sacrés : « Jésus », « Jeanne », « Caché derrière »… Des titres qui, au-delà de leur beauté, dévoilent l’âme du chanteur et les interrogations qui l’accompagnent.

Pourquoi choisit-il de chanter dans des édifices catholiques ?

Loin de ses shows habituels, le chanteur propose à sa façon, de véritables moments de grâce. C’est une pause qu’il s’octroie « ne voulant pas, pendant quelque temps, chanter dans les zéniths et les théâtres. Les églises, dit-il, ont une histoire et sont des lieux chargés de sens, alors que les Zéniths, pas vraiment ! ».

« L’église est un endroit neutre. On franchit le porche et on est hors du temps, entre ciel et terre, témoigne le musicien. C’est un endroit rempli de foi où les gens viennent se recueillir et prier. Ils viennent chercher de l’espoir, demander une guérison, fêter des naissances, des décès, des unions ou même conter leurs désunions… Les murs sont chargés de souvenirs et c’est cela qui me touche ». Et pour souligner l’importance pour lui, de ces lieux sacrés l’auteur insiste : « Plantées là, au milieu des villes et des villages parfois depuis des siècles, l’église est un vaisseau spatial. C’est un propulseur d’âmes qui nous aide à la méditation. Y chanter est un bonheur et le lieu parle car ses murs, voûtes, vitraux sont des partenaires avec lesquels je dois compter ».

Un artiste en recherche spirituelle

Laurent Voulzy ressemble incroyablement à ses chansons. Facile de contact, gentil sans mièvrerie, et au final, d’une belle profondeur. Un homme normal qui ne fait ni la pop star inaccessible, ni son âge, 70 ans. Loin de lui donner la grosse tête, son succès l’a laissé juvénile.

Né à Paris de parents guadeloupéens, il a été dans sa jeunesse, membre du mouvement catholique Cœurs Vaillants et a toujours gardé en lui « un terreau propice à la spiritualité ». C’est lui qui confie son questionnement chrétien : « je n’ai pas la foi absolue, mais j’aimerais l’avoir. Je fais de la méditation, je m’intéresse aux religions mais je n’ai pas de certitude. Si je vais souvent dans les églises, c’est parce que j’aime bien me retrouver seul avec moi-même dans ce silence habité où les bruits de l’extérieur qu’on entend parfois, semblent irréels. Dans une église, je ressens un mélange de plusieurs choses. D’abord, il y a le côté historique et spirituel qui m’attire beaucoup et ensuite je suis entraîné par ce lieu chargé de sens ».

Sa recherche passe également par la lecture d’auteurs mystiques comme Thérèse d’Avila ou Pierre Teilhard de Chardin. Sur son chemin, il a fait des rencontres décisives telle que cette religieuse, aujourd’hui décédée dont « la foi profonde et la lucidité » l’ont ébloui. « C’est elle qui m’a amené à la prière ». « Mes prières, je les adresse généralement à Jésus. La prière du cœur est l’une de celles que je préfère comme « Seigneur, aie pitié de moi ». Je prie aussi la Vierge et les saints pour leur confier les personnes qui me sont chères. Et je demande la force d’écarter le plus possible les mauvaises pensées, les mauvaises paroles et les mauvais actes tout au long de la journée ».

« Si mes concerts peuvent servir aux gens de franchir le seuil d’une église, tant mieux ! »

Face à ceux qui émettraient un doute par la présence d’un chanteur de variété dans une église, il répond : « je défends un point de vue qui n’est pas forcément partagé par tous, celui du sacré dont la fonction est d’élever les cœurs, mais qui ne se trouve pas forcément dans le religieux et qui peut aussi se rencontrer dans le populaire ».

Les concerts de Lyon, Vienne, Carpentras, Grenoble et Dole ont eu lieu à guichets fermés. Preuve que ses fans sont toujours au rendez-vous.

Il faut reconnaître qu’en quarante ans, Laurent Voulzy est parvenu à ne jamais se faire oublier grâce à sa petite voix douce et fragile mais qui sait se faire si ferme lorsqu’elle monte dans les aigus et surtout grâce à ses tubes « Cœur grenadine », « Belle Île en Mer », « Des traces de sel sur tes paupières »… Son nouveau Tour de France des cathédrales peut être l’occasion pour certains de franchir le seuil d’une église pour la première fois ? « Si mes concerts peuvent servir à ça, tant mieux ! ».

A Décup

« L’humanité du christ me touche »
« Seuls sur terre, certains vont sans maison, sans raison. Jésus l’entends-tu ? Ces filles et ces garçons perdus, Ne sont-ils pas assez précieux ? Du haut de tes cieux. Pourtant, rien, rien à faire. Certains à côté, à côté du chemin Ils vont sans rien, Sans espoir le matin, le soir. Jésus, l’entends-tu ? ». (Extrait de la chanson « Jésus »). Si le compositeur interpelle ici le Christ, il le définit comme « quelqu’un d’extraordinaire ». « Dans ma chanson, ajoute-t-il, j’ai eu peur d’avoir été un peu dur avec lui. L’un de mes amis m’a fait remarquer que plusieurs saints et non des moindres, s’étaient eux-mêmes révoltés contre le silence de Dieu et que Jésus lui-même s’était senti abandonné sur la croix. Cette humanité du Christ me touche même si elle me dépasse ».

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