« le jardin des cent tueurs » devant la mairie de Cahors

Le CIDFF du Lot a ouvert ce samedi, à Cahors, la semaine de lutte contre les violences faites aux femmes avec un hommage aux 137 femmes tuées par leur conjoint ou ex. Un nombre qui a augmenté depuis 2018.

Battue à mort, tuée par arme blanche, tuée par arme à feu, égorgée, écrasée, étranglée, étouffée… De sa voix douce, Yolande Vignoboul, présidente du CIDFF 46, liste les femmes tuées par leur conjoint ou ex depuis janvier, en France. Elles sont déjà 137, âgées de 18 à 92 ans, s’appellent Guo, Marie-Claude, Fadela, Gracieuse, Dolores… Le centre d’information sur les droits des femmes et des familles du Lot a ouvert hier la semaine de lutte contre les violences faites aux femmes en leur rendant hommage devant une soixantaine de personnes dont des élus. Hommage accompagné en musique par la musicienne Laetitia Canezza. Devant la mairie, il avait installé « le jardin des cent tueurs », des marguerites géantes dont les pétales représentaient les victimes.

Nombre de meurtres en hausse

Chaque année, le CIDFF ouvre cette semaine avec une action forte. L’an dernier, c’était une cabine diffusant les bruits de la violence domestique. Cette année, cette illustration de l’amour dévoyé via la marguerite qu’on effeuille. L’idée du thème est venue à la rentrée. La graphiste Patricia Crottier en a tiré une affiche, poétique au premier regard, mais qui annonce les drames à qui veut observer.
Le but de cette journée, outre l’hommage aux victimes, était de sensibiliser la population à ces meurtres. L’année 2019 a été particulièrement dramatique, souligne la présidente du CIDFF, appuyée par la secrétaire Martine Peyrilles. Le nombre de femmes tuées est en hausse mais « la médiatisation au cas par cas fait qu’on est plus sensibilisés ». Si le Lot n’a pas été touché par les meurtres de femmes au sein du couple cette année, il est loin d’être épargné par les violences.

Un terreau de patriarcat

Parmi ceux et surtout celles qui sont venus ce samedi matin, Carole, 51 ans, que son métier de sage-femme a amenée à croiser des victimes de violences ou encore Isabelle, 65 ans. Celle-ci dénonce un manque de moyens et déplore « dans notre société française, un terreau de patriarcat… Toutes ces femmes avaient dit, signalé et ça a été banalisé ». Elle ajoute : « Dans mon enfance, j’ai assisté à des violences dans des familles… comme un fait culturel. Enfant, je savais que ce n’était pas normal ».

« Localement, le repérage est difficile »

Un des buts de cette action sur le parvis de la mairie était de pouvoir toucher des victimes. « Localement, le repérage est difficile, dit Yolande Vignoboul, des femmes ont du mal à se dire qu’elles sont victimes, par déni et certainement parce qu’on est dans un milieu rural ». Chaque année, entre 700 et 800 personnes consultent les juristes du CIDFF sur tous les droits de la famille. Le centre compte trois salariées, une responsable et juriste, l’autre chargée des droits des jeunes, la dernière de l’insertion, volet important car « ce qui manque le plus aux femmes ce sont les moyens financiers de partir de chez elles ».
CIDFF, 80 rue des Jardiniers, 05 65 30 07 34, cidfflot@wanadoo.fr. Permanences à Figeac, Saint-Céré, Gramat, Gourdon, Puy-l’Evêque, Souillac.

Programme de la semaine. Ateliers et interventions en milieu scolaire. Mercredi 27 novembre, à 20 h 30 au théâtre « Je suis top » (résa 05 65 20 88 60). Vendredi 29 à 18 h 30 au Quercy, « A thousand girls like me » (7,50 €, 6,50 €).
Florence Raynal La Dépêche

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