Le Lot, terre d’accueil des migrants ?

migrants apprendreLe drame des réfugiés qui veulent quitter leur pays en guerre et rejoindre l’Europe commence à provoquer des réactions.Dans le Lot, des élus départementaux proposent que le Lot devienne terre d’accueil.

Le monde et la France se sont réveillés en sursaut. La terrible image d’Aylan, petit bout sans vie sur une plage turque, a éveillé les consciences depuis quelques heures. Dans le Lot, rien ou presque, du moins publiquement. Mais hier, quelques conseillers départementaux, tous membres du groupe PS et Démocrates (1) ont formulé une proposition choc : «Le Lot est également concerné, estiment les élus. Le problème n’appartient pas qu’aux communes et aux départements frontaliers. C’est toute la France, toute l’Europe qui doit agir. Nous sommes prêts à nous investir pour faire du Lot une terre d’accueil d’urgence, en concertation avec l’État, les associations et les communes favorables. Nous allons proposer à nos collègues du département de signer une motion sur le sujet.»

Pour les signataires de ce texte intitulé «Crise des migrants : Indignons-nous, mobilisons-nous !», «La fréquence actuelle de ces tragédies ne doit pas les rendre banales. Ne nous résignons pas ! Une image a fait la une de la presse européenne aujourd’hui : celle d’un enfant syrien de trois ans, mort échoué sur une plage turque, le visage tourné vers le sable.

Cette photo est insupportable, le drame des réfugiés est insupportable, le mur de barbelés hongrois est insupportable, l’inaction de l’Union européenne est insupportable. Mobilisons-nous ! Nous appelons à la responsabilité de chacun. Nous, élus, devons prendre ce problème à bras-le-corps. Il est urgent de trouver des solutions d’accueil pour ces familles désespérées. Il est urgent de mettre en œuvre ce qui est en notre pouvoir pour arrêter l’horreur sans nom qui bouleverse leur pays.» Serge Rigal, le président du département, a eu vent de la proposition de ses collègues. S’il est d’accord pour discuter d’une motion en séance, il est plus réservé sur le fond du dossier : «C’est un problème qui nous concerne tous. Mais de là à faire du Lot une terre d‘accueil ? Il faut connaître les modalités et les moyens mis à disposition pour bien s’occuper de ces malheureux. Nous accueillons déjà des enfants mineurs.» D’autres réfléchiraient à ce type de solutions. André Mellinger, maire PS de Figeac, s’apprête ainsi à proposer aux élus de sa ville de rejoindre le réseau villes solidaires qui a pris ce slogan : «L’accueil des réfugiés, pour nous, c’est oui !»

(1) Il s’agit d’Olivier Desbordes, Vincent Bouillaguet, Dominique Bizat, Geneviève Lagarde, Serge Nouailles et Angèle Préville.


La Ligue des droits de l’Homme vigilante

Dans la discrétion, Slim Lassoued, président de la Ligue des droits de l’Homme du Lot, et ses amis œuvrent pour aider les réfugiés de tous les pays qui fuient les guerres et la mort dans leur pays : «Nous sommes en contact avec des dizaines de demandeurs d’asile, tous les ans. Le Lot est un passage pour des Syriens, les Afghans, les Géorgiens.» Concernant la proposition des six élus départementaux, Slim Lassoued salue «la réaction émotionnelle tout à fait louable» après la diffusion de la photo du petit Aylan. Mais il prévient : «En Tunisie, où j’étais cet été, il y a 120 000 réfugiés syriens. 80 % vivent dans des bidonvilles, 90 % de leurs enfants ne sont pas scolarisés. Il faut donc savoir combien le Lot peut accueillir de réfugiés, prévoir une logistique pour les écoles, les hôpitaux, etc.»