Cahors: Le musée de la Résistance bientôt de retour

Mais qui était Hélène Metges, figure de la résistance de Cahors et du Lot et amie de Jean-Jacques Chapou ?

28 juin 1944. Hélène Metges, la tenancière du Café du Midi sur le boulevard Gambetta à Cahors  dans le Lot est arrêtée. Si les circonstances de cette arrestation sont méconnues, on sait toutefois qu’il s’agit de représailles. Quelque temps auparavant, le maquis avait repéré des traîtres, et en avait exécuté un. La milice cible alors les époux Metges.

Marcel Metges, époux d’Hélène, réussit à rejoindre la clandestinité. Hélène Metges pour sa part est restée au Café du Midi. Après son arrestation, elle est torturée mais ne lâche rien. Elle qui connaît l’organisation de la Résistance lotoise, qui tenait le Café du Midi, l’une des plaques tournantes de la Résistance à Cahors, amie de Jean-Jacques Chapou, ne divulguera aucune information et sauvera ainsi la Résistance lotoise. Déportée, elle fera partie du même convoi que celui de la mère de Jean-Jacques Chapou, elle aussi victime de ces représailles. Hélène Metges meurt au camp de Ravensbrück en décembre 1944 ou au tout début de l’année 1945.

Les femmes dans la Résistance ont joué un rôle primordial même si elles sont le plus souvent restées dans l’ombre. Hélène Metges faisait partie de ces femmes qui ont œuvré pour la France. Elle a d’ailleurs reçu la Croix de Guerre, l’insigne de Chevalier de la Légion d’Honneur et été médaillée de la Résistance à titre posthume pour ses actions. Cahors aussi a su lui rendre hommage, en donnant son nom à la place entre la rue Nationale et les quais.

Naissance de la Résistance lotoise

Jean-Jacques Chapou et Marcel Metges se connaissaient déjà avant la guerre, ayant tous deux des activités au sein de l’Union départementale des syndicats. Une solide amitié liait déjà les deux hommes lorsque la guerre a éclaté.

En 1941, Marcel Metges est rapatrié sanitaire en France et reprend très vite contact avec Chapou au Groupement des Transports Routiers. C’est d’ailleurs l’une des premières visites de Metges à son retour en France. Il y retrouve Chapou qui lui explique alors toutes les injustices dont il a été victime. À ce moment-là, le gouvernement de Pétain ne veut plus des syndicats et les brimades sont le lot quotidien. Dès lors, Chapou passe régulièrement au Café du Midi s’entretenir avec Metges, qui devient alors l’un de ses amis les plus intimes jusqu’à la fin.

En 1942, Léon Jouhaux, secrétaire national de la CGT est assigné à résidence à Cahors. Ce dernier se rend fréquemment au Café du Midi où il s’est lié d’amitié avec Metges. C’est lui qui fait se rencontrer Jouhaux et Chapou. Ensemble, ils créent la CGT clandestine, rassemblant syndicalistes cheminots et PTT qui devaient tenir un rôle primordial dans la Résistance (pour surveiller les transports et les communications). La Résistance lotoise est ainsi née.

Au Café du Midi

Le Café du Midi, tenu par Hélène Metges, l’épouse de Marcel, en devient la plaque tournante. Chapou, entré en clandestinité et devenu Capitaine Philippe, détient la clé de la maison des Metges et y passe au moins une fois par semaine, de préférence au milieu de la nuit. D’ailleurs, le Café du Midi présente plusieurs avantages, il est central (il se trouvait sur le boulevard Gambetta, face au théâtre, à l’emplacement des actuelles Pompes Funèbres générales), et possède plusieurs accès, en façade sur le boulevard, avec une sortie de secours par la rue de l’Université.

Le café devient donc un lieu stratégique de la Résistance à Cahors, à la fois boîte aux lettres et agent de liaison. On s’y fait passer des messages, on y organise des actions au nez et à la barbe des Allemands. Et sous l’œil avisé d’Hélène.

Une anecdote

Une anecdote est restée sur Hélène Metges. Alors qu’on vient porter un message pour la Résistance, Hélène, derrière son comptoir, sait qu’un indic est au bar. Pour prévenir le porteur du message sans vendre la mèche, elle use d’un stratagème. En bonne tenancière de café, elle le vilipende et l’accuse d’être mauvais payeur avec fougue. Le messager comprend alors et s’enfuit sans se faire piéger.

On ne peut que supposer que des moments similaires ont dû arriver à d’autres reprises. Mais peu de témoignages subsistent sur les époux Metges. Après la mort d’Hélène Metges, on ne sait pas ce qu’est devenu son époux Marcel, on ne sait pas s’ils avaient eu des descendants. La réorganisation du Musée de la Résistance et de ses collections pourrait bien faire ressortir de nouveaux éléments enfouis dans les cartons et les mémoires…

 Bibliographie : « Capitaine Philippe » de Georges Cazard en collaboration avec Marcel Metges, livre autoédité en date de 1984.

 

Hommage du musée de la Résistance.

Le musée de la Résistance avait mis Hélène Metges en bonne place, baptisant de son nom la salle consacrée à l’Internement et à la Déportation.Le musée de la Résistance de Cahors, temporairement fermé suite à la destruction de ses locaux, va bientôt être de retour dans le paysage cadurcien, rénové, agrandi, avec des collections mieux mises en valeur, au dernier étage du futur complexe cinéma en cours de construction. Il a été fondé par Pierre Combes, ancien résistant et ancien déporté, qui a fédéré 14 associations différentes pour en créer une unique « Musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération » avec pour objectif commun « de partager la mémoire pour que le passé soit utile au présent ». Ce musée recèle d’innombrables objets mais surtout documents manuscrits de témoignages qui sont en cours de classement et de valorisation pour alimenter le nouveau musée.