Le nouveau roman de Colette Brogniart

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La solitude des mots – Colette Brogniart

Colette Brogniart sort son septième roman. Prochains Salons : Lalbenque (30 mars) Figeac (7 avril), Montpellier (17-19 mai). Lectures en médiathèques. Vidéo en cours.

Propos recueillis par Serge Solignac

Le titre de ce nouveau roman surprend : il semble paradoxal, qu’en est-il ?

Qu’un titre étonne est une bonne chose. Certes les mots ne prennent sens qu’assemblés et s’ils demeurent solitaires… Notre époque les malmène de toutes les manières possibles. Dans ce roman, les artistes sont confrontés à leurs arts dans une indifférence grandissante : la solitude des mots et, tout autant, celles des notes, des formes, des êtres.

La couverture offre un assemblage : une partition, des couleurs, des signes…

Elle a été choisie comme une synthèse des arts qui sont présents dans l’ouvrage : l’écriture, la peinture, les collages et la musique. C’est une technique mixte de Roseline Chartrain qui a déjà collaboré à deux couvertures : La faille et Pas de deux.

Le musicien, Georges, est-il un personnage réel ?

J’ai croisé récemment un musicien connu, reconnu et oublié. J’ai pensé à lui en introduisant ce personnage. J’espère qu’il serait en accord avec les propos que je lui prête pour rendre hommage à la musique. Il y a aussi de nombreuses références à mon Maître qui était musicien et poète.

Les autres personnages ont-ils un ancrage similaire ?

Deux sont réels : Ariane l’écrivain et Romain le collagiste. Du reste, les dialogues rapportés émanent de leurs échanges épistolaires, les collages décrits existent, par contre les autres personnages sont fictifs.

Comment ce septième roman est-il né ?

J’étais très prise par des émissions de radio dont j’étais responsable et que j’animais, ainsi que par les textes que j’écris chaque quinzaine dans mon blog sur des sujets variés, en recourant à tous les genres littéraires, avec des photos soit illustratives, soit en décalage. Pour me détendre, j’ai commencé un livre que je voulais léger, un vague projet de polar : genre que je n’apprécie guère, une sorte de défi. Les personnages ont pris corps peu à peu. Par ailleurs, je vivais des évènements familiaux douloureux et perturbants qui apparaissent en fond. Le livre s’est construit comme une sorte de coquillage se recouvrant de sédiments divers, mais finalement l’ensemble a une cohérence et il s’inscrit dans notre époque, d’où la décision de le publier.

Chaque personnage a une façon très particulière de vivre et de s’exprimer.

Oui, néanmoins ils communiquent véritablement parce qu’ils sont solitaires : c’est une question de survie. Qu’ils soient jeunes ou âgés, ils préfèrent les liens réels aux réseaux qui renvoient à un isolement redoutable.

Vous ne semblez pas beaucoup apprécier les réseaux.

Je crois qu’ils nous détruisent de l’intérieur et qu’ils dénient les arts et les artistes. C’est un système tentaculaire où l’on achève de se perdre.

Les livres et les arts seraient des remèdes ?

Je le pense. Par les œuvres, on échange au profond et les résurgences se diffusent. Les artistes s’épuisent en créant, mais leurs créations produisent la beauté, la vie et la survie.

Avez-vous de nouveaux projets ?

Pour le moment, je cherche des solutions pour percer les plafonds et les parois de verre qui réduisent au silence nombre d’artistes, en particulier quand ils sont en région, quand il s’agit de femmes ou de personnes disons… matures et lorsque ce ne sont pas des produits… Un bon livre, sans les commerciaux qui gravitent autour, aura autant de difficultés pour parvenir aux lecteurs que le meilleur des crus d’un petit viticulteur-récoltant pour nous régaler !

Livre disponible sur le site https://colettebrogniart.com 16 € + 4 € (port) ou au 06 82 70 71 66

Centre culturel – Cahors – Librairie « des livres et vous » Gourdon

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