« Le potager du paresseux »

Didier Helmstetter, ingénieur agronome et jardinier amateur, est l’inventeur du « potager du paresseux », et l’auteur du livre éponyme et de dizaines de vidéos sur internet. Frédéric Edouin, de Saint-Denis-Catus, nous explique la marche à suivre.

Le concept est d’une simplicité absolue : on étale une épaisse couche de foin sur toutes les surfaces à cultiver à l’automne, et c’est tout, c’est-à-dire, aucun besoin de « travail » du sol (ni motoculteur, ni pelle, ni pioche, ni grelinette…).

Comment ça marche ?

Les avantages de cette technique sont les suivants :

Le recouvrement du sol par une épaisse couche de foin va empêcher les herbes indésirables de germer, et celles qui sont présentes vont dépérir en dessous. Il n’y a donc plus besoin de dépenser énormément de temps et d’énergie à désherber, puisque de toute manière on s’interdit également tout emploi de produit chimique herbicide.

En se dégradant, le foin va nourrir le sol et ses habitants : vers de terre, bactéries, champignons microscopiques, qui vont donc se multiplier et rendre finalement le sol beaucoup plus léger. Cela évite de passer la fourche ou le motoculteur pour le décompacter.

Toujours en se décomposant, le foin ? qui est à la base un aliment complet pour le bétail ? va également fertiliser le sol et y apporter tous les éléments nutritifs dont le potager aura besoin, sans apport nécessaire d’engrais, fumier ou compost.

L’épaisse couche de foin protège le sol des rayons du soleil, l’évaporation est amplement limitée, et donc aussi les besoins d’arrosage. La période de semis et des récoltes est également rallongée puisque les plants sont protégés des gelées en début et fin de saison.

Très intéressés par cette technique, nous avons tenté l’expérience depuis l’année dernière.

Plus de 180 kg de légumes récoltés

Alors même qu’il est préconisé d’étaler le foin à l’automne, nous ne l’avons fait qu’à partir d’avril 2018 puisque c’est à ce moment que nous avons pris connaissance de ce concept, mais avec du foin qui avait déjà séjourné 2-3 ans en extérieur, dont la décomposition était donc un peu entamée.

Malgré ces débuts tardifs, nous avons réussi à récolter plus de 180 kg de légumes avec :

– très peu d’arrosage alors que l’été 2018 a été particulièrement chaud, sec et long, et que nos réserves d’eau de pluie s’amenuisaient dangereusement,

– désherbage des plantations bien moins important que les années précédentes.

Pour 2019, cette 2e année de cultures s’annonce a priori sous de meilleurs auspices, puisque nous avons étalé le foin à l’automne 2018, et l’on peut constater que le sol reste bien humide en dessous ainsi que la présence en nombre de vers de terre.

Nous avons déjà pu récolter nos premières pommes de terre début juin ainsi que plus de 8 kg de betteraves.

L’expérience de sécheresse de l’année dernière nous a quand même poussés à doubler notre capacité de stockage d’eau de pluie, puisque nous n’utilisons pas d’eau du réseau, avec désormais plus de 8 500 litres répartis en quatre endroits différents du terrain.

Voilà… Si vous n’êtes pas entièrement convaincus, vous pouvez toujours commencer par tenter l’expérience sur une petite parcelle de votre potager !

FRÉDÉRIC EDOUIN

Références

« Le potager du paresseux » Didier Helmstetter, éditions Tana. Vidéos « Le potager du paresseux » sur internet.

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