Les élus du Département ne signent pas le «pacte de confiance » avec l’Etat

Au programme du Conseil départemental du 25 juin (en présence le matin du préfet du Lot, Jérôme Filippini) : le « pacte de confiance » avec l‘Etat, les statuts du syndicat mixte des voies vertes du Lot, les orientations du programme départemental d’insertion, les projets en termes d’attractivité du territoire, le musée de la Résistance à Cahors, la campagne Ordi’Lot 2018-2019, le plan d’actions 2018 de Lot Tourisme… Deux dossiers étaient particulièrement sous les feux des projecteurs : le « Pacte de confiance » et les Voies vertes. Les élus du Département ont décidé de ne pas signer le pacte dit « de confiance » qui leur est proposé par l’Etat. Ils ont proposé par contre un autre pacte.

« En ne signant pas, comme la très grande majorité des Départements, le Département du Lot conteste à haute voix ces sanctions injustes, pénalités financières en cas de dépassement du 1,2%. Le Lot est à la pointe en matière de rigueur budgétaire et la chambre régionale des comptes, chargée de contrôler les collectivités, en atteste. Très concrètement, et il faut que les Lotois le sachent : depuis 2014, l’évolution des dépenses sous la maîtrise du Département est proche de zéro ! Il est inacceptable aujourd’hui de demander des efforts sur des dépenses pour lesquelles la collectivité n’est pas maître des évolutions. C’est en particulier le cas pour toutes les aides du secteur social. Et c’est bien là que sont constatées les plus grosses augmentations à supporter. Comment donc l’Etat peut-il baptiser cette décision unilatérale de « pacte de confiance » ? » a expliqué Serge Rigal, président du Département avant de confirmer la volonté des élus départementaux de garder le cap : « Rien ne changera ! Le cap fixé dans le projet de mandat « Demain le Lot » est maintenu. Le Département continuera à être aux côtés des Lotois avec une recherche permanente de maîtrise des dépenses, comme il sait le faire. Et que l’Etat ne cherche pas à donner des leçons à ce sujet !  Dans le Lot, cette année encore, la collectivité n’augmente pas les impôts alors que la qualité de service auprès des Lotois est préservée. Voilà la réponse ! C’est cela la réalité. Si le Département n’a pas signé ce pacte dit « de confiance » tel que présenté par l’Etat, en revanche, il persistera à signer chaque jour un pacte de confiance avec les Lotoises et les Lotois, en appliquant une politique qui se veut à la fois solidaire et rigoureuse. » Le Département a proposé notamment « à l’Etat de signer un contrat limitant l’évolution à + 1,2 % par an des dépenses de fonctionnement dont le Département a la maîtrise » et a « réaffirmé son attachement au respect de la libre administration des collectivités locales ».

> Les Conseillers départementaux ont adopté à l’unanimité les statuts du syndicat mixte des Voies vertes du Lot. Il s’agira d’un syndicat mixte ouvert à la carte, avec sept membres fondateurs :

– Département du Lot

– Grand Figeac

– Grand Cahors

– Cauvaldor

– la Communauté de communes Vallée du Lot et du Vignoble

– les communes de Cénevières et de Saint-Martin-Labouval

Ils pourront être rejoints par d’autres collectivités qui auraient un projet de voies vertes.

L’objet est de mener de façon concertée ce projet structurant. Au vu des études successives, le montant des travaux est évalué à 20,5 millions d’euros pour la vallée du Lot et 16,5 millions d’euros pour la vallée de la Dordogne. Le Département participera à hauteur de 50 % (après déduction des aides de l’Etat, de l’Europe et de la Région) ; il est prévu que le président du Syndicat soit élu parmi les six représentants du Département. Le syndicat devrait démarrer début 2019. L’aménagement se fera sur des lignes ferroviaires fermées ou déclassées, sur les chemins de halage ou des emprises nouvelles. « L’économie touristique directe potentiellement générée par cette infrastructure a été étudiée. Cela a permis de montrer que les conditions pour atteindre les ratios nationaux constatés, soit 20 à 25 000 euros de retombées économiques directes par kilomètre de voie verte et par an, sont vérifiées » a souligné Serge Rigal.

 

 « Il faut aussi contrer le « Lot bashing » ». Jérôme Filippini, préfet du Lot,  était présent à l’occasion de la remise du rapport d’activité des services de l’Etat dans le département. Il a surtout échangé avec les élus et est revenu sur les thématiques importantes de l’action des services de l’Etat en 2017 avant d’évoquer quelques axes de travail commun. Il a rappelé que « les dotations de fonctionnement ne baisseront pas cette année, et que les dotations d’investissement ont été soclées à un niveau très élevé ». Il a proposé d’intensifier la dynamique de maillage des services au public. Il a conclu sur 4 sujets sectoriels qui « connaitront des étapes importantes en 2018 » : la mobilité avec un projet « Carte blanche » de « plateforme d’aide à la mobilité solidaire et rurale »  ; le logement ; l’eau ; l’agriculture. Il a conclu sur le « marketing territorial » : Vous savez que l’État est totalement investi, avec vous, dans ce chantier. Dans un environnement de compétition territoriale, et dans une époque où le modèle de l’hyper-métropolisation est questionné, je suis convaincu qu’un département comme le Lot a de formidables cartes à jouer, pour inverser la tendance de déprise démographique observée depuis quelques années, et pour construire, à dix ans, les infrastructures d’un Lot désirable, attractif, dynamique, créateur. Pour cela, il faut promouvoir le Lot, vendre le Lot, le faire connaître, le faire aimer. Il faut aussi contrer le « Lot bashing », et si je peux me permettre, ce Lot bashing ne vient pas de l’extérieur du département… Chaque fois qu’on organise des manifestations ou des plateaux télé pour parler de ce qui ne va pas, pour se plaindre de nos handicaps ou de nos craintes pour l’avenir, on dessert le Lot. A l’inverse, chaque fois qu’on parle et qu’on fait parler de ce qui se fait de bien, on contribue à rendre le département désirable. Bien sûr, il ne faut pas mettre sous le tapis nos handicaps, et il faut tout faire pour les corriger. Mais si nous ne croyons pas nous-mêmes à l’avenir, il sera difficile d’en convaincre les autres. Je parlais de « pensée positive » l’autre jour devant nos visiteurs de France Stratégie, et je pense sincèrement qu’une grande partie de l’avenir du territoire dépend de la capacité des acteurs du département à penser positif, et à jouer en « pack serré », dans tous les compartiments du jeu : élus nationaux, régionaux, départementaux, maires, acteurs économiques, associatifs, médias. Et soyez sûrs que l’Etat, dans cette partie, est prêt à continuer de mouiller le maillot auprès de vous ! »

Medialot

Les élus du Département ne signent pas le «pacte de confiance » avec l’Etat

Seules voix discordantes dans le concert unanime de critiques : celles de Serge Bladinières et d’Olivier Desbordes. Le premier a jugé «bonne, la méthode de contractualisation sur le principe». Pour le second, «un pacte de confiance est peut-être mieux qu’un rabot aveugle sans distinction».

La Dépêche