les makers fabriquent des visières à tour de bras

Les utilisateurs d’imprimantes 3D, appelés les makers, se mobilisent pour aider les soignants à faire face au coronavirus. Dans le Lot, des particuliers et des entreprises fabriquent des visières de protection contre le Covid-19. Exemple à Figeac où le phénomène solidaire et bénévole prend de l’ampleur.

À Figeac, les makers ont du cœur. La communauté d’utilisateurs passionnés d’imprimantes 3D s’est mobilisée dès la mi-mars pour soutenir les soignants contre le coronavirus. Déjà plusieurs centaines de visières de protection ont été produites et offertes à des infirmiers et des personnels médicaux du secteur.

Un collectif de makers s’organise

L’initiative solidaire et bénévole lancée par deux amis Franck Minier et Xavier Mazet (1) prend chaque jour un peu plus d’ampleur. Hier, ils avaient reçu plus d’un millier de demandes. « C’est de la folie, commente Franck Minier. On a commencé tous les deux à fournir les infirmières qu’on connaissait. Et puis on a formé un collectif pour s’organiser ». Xavier Mazet s’est occupé de la logistique récupérant du matériel, des feuilles transparentes et des élastiques.

Depuis quelques jours, les trois imprimantes 3D du Fab Lab à l’IUT de Figeac sont mises à leur disposition. Les machines tournent du matin au soir pour répondre à l’urgence. « On a équipé des infirmières, les équipes du Samu, du Smur, les pompiers, le service de réanimation et les ambulances Covid-19 » détaille Xavier Mazet. Des bénévoles prêtent main-forte au collectif en assurant les livraisons dans le Lot, le Cantal et l’Aveyron. « C’est effrayant de voir comment les soignants ont besoin d’être rassurés. Ils nous appellent en pleurs. Nous sommes obligés de refuser les demandes pour l’instant de tous ceux qui ne sont pas soignants, pompiers ou gendarmes » déplore Franck Minier, dévoué pour la bonne cause.

L’entreprise Lomaco pour la bonne cause

La chaîne de solidarité s’étend jusque dans les entreprises figeacoises dotées d’imprimantes 3D. Depuis le début de la semaine, les six machines de la société informatique Lomaco produisent exclusivement des visières de protection. Déjà une soixantaine d’équipements ont pu être gracieusement expédiés. Le responsable du service Infotech Frédéric Salgues ne compte pas ses heures pour honorer les demandes auxquelles il répond via la plateforme Covid3D. fr. « J’ai déjà livré des hôpitaux dont l’hôpital Robert-Debré à Paris, un cabinet d’infirmières à Prayssac ou encore un cabinet dentaire à Foix » indique le maker de Lomaco qui jongle désormais entre la confection des visières, la maintenance des machines et l’expédition des colis. Une production inédite et bénévole pour Lomaco qui donne réalité aux valeurs de solidarité et de partage qui font depuis toujours l’ADN de la société.

(1) Pour les aider, une cagnotte est ouverte pour financer l’achat du matériel : https://www.leetchi.com/c/visieres-covid-19

Audrey Lecomte La Dépêche

« Dans la situation d’urgence actuelle, les imprimantes 3D représentent le seul moyen de produire très rapidement, alors qu’il faut au minimum deux à trois semaines pour lancer des fabrications classiques par injection plastique, avec des moules qui sont souvent en Chine », souligne Alexandre Martel. .

Les hôpitaux de Paris vont également réaliser en 3D des équipements qui leur manquent. Le projet 3D Covid, a été lancé par Roman Khonsari, un chirurgien maxillo-facial de l’hôpital Necker. Dans une mini-usine établie dans le parc de l’Abbaye de Port-Royal, adossé à l’hôpital Cochin, une soixantaine d’imprimantes 3D produisent ainsi depuis début avril des visières de protection, des valves pour les respirateurs, des masques ou encore du matériel d’intubation.

« Ce projet a vu le jour en dix jours à peine, grâce à la mobilisation déterminante d’une cinquantaine de médecins hospitaliers, d’ingénieurs, de développeurs et d’entrepreneurs et au soutien du secteur privé », fait valoir l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Un comité scientifique a été mis en place pour valider la qualité des pièces.

La Croix

Première barrière de protection, ces visières sont portées en complément du masque et des lunettes. Elles prolongent l’efficacité des masques et réduisent les risques de contamination quand on les retire ; elles évitent également de porter les mains au visage. Leur double arceau évite la formation de buée, la large plaque offre une protection maximale des yeux, nez et bouche. Les 2 lanières extensibles disponibles par visière permettent une rotation pour lavage et stérilisation.

Le serre-tête est imprimé 3D avec du filament PETG-S Kimya et la plaque de protection est en PETG 0,5 ou 0,7 mm suivant les modèles. Le PETG, résistant et flexible, confère aux visières une grande résistance à l’usure. Résistant à la corrosion aux agents chimiques comme les acides et les solvants, également utilisé dans l’alimentaire, ce matériau permet la stérilisation des visières Notice explicative

LA PRODUCTION

Les structures sont imprimées actuellement en 3D à Cazals, Salviac et Gourdon ; d’autres acteurs rejoignent le réseau comme à Figeac.

Les plaques transparentes de protection sont découpées au laser par le Pôle Numérique de Gourdon.

Les sangles élastiques de maintien sont pour l’instant approvisionnées à Gourdon et façonnées par une couturière de Gindou.

LES TARIFS

Pour les professionnels, prioritaires sur les quantités disponibles le tarif est de 13€ HT.

Pour les particuliers il est de 13€ TTC.

Ces tarifs s’entendent hors coût d’acheminement qui sera évalué au cas par cas compte tenu des conditions particulières actuelles.Le prix de vente couvre le coût de production matière et machine, il n’intègre pas la main d’œuvre, frais de structure des entreprises partenaires, charges…

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