Mesures drastiques à l’abattoir de Saint-Céré

Alors que les clusters se multiplient dans plusieurs abattoirs français, dans le Lot, les employés font face à la menace. À Saint-Céré, le protocole sanitaire a été appliqué dans l’abattoir municipal dès le début de l’épidémie de coronavirus. « On a d’abord mis en complément des masques au début du confinement, on avait le privilège d’avoir déjà une petite réserve de masques qui nous a permis d’éviter les problèmes de ruptures de stock », explique Laurent Tartarin, le directeur de l’abattoir. Des masques donc mais aussi des visières de protection : « deux employés préfèrent travailler avec des visières, ils trouvent que c’est plus confortable », précise-t-il.

Un sens de circulation a été mis en place et une rotation sur les chaînes d’abattage et même en salle de pause. « Les horaires sont décalés sur la chaîne de production, l’accès aux vestiaires et au réfectoire se fait en alternance : il y a ceux qui mangent et pendant ce temps ceux qui en profitent pour prendre la pause, on a décidé d’alterner pour qu’ils ne soient pas en contact direct entre eux », souligne Laurent Tartarin.

À la cantine, une heure s’écoule entre le premier et le dernier qui mange. Une organisation en décalé qu’il a fallu bien mesurer. « Le déconfinement est une période plus compliquée en termes de gestion des plannings car des conjoints ont repris le travail et parfois les enfants ne peuvent plus être gardés », confie le responsable. Cinq agents sont absents pour raison médicale ou de gardes d’enfants. Une vingtaine d’employés travaillent actuellement sur le site avec le personnel administratif. Le chômage partiel a été demandé pour tous les employés à raison d’une journée non travaillée par semaine.

L’activité n’a jamais cessé. « On remarque plus de demandes depuis le déconfinement mais on reste sur la même activité qu’auparavant », observe le directeur. Pour lui, le risque du cluster est à écarter de son petit abattoir : « Les sites concernés sont de grosses unités avec des ateliers de désossages qui emploient des travailleurs détachés, ces employés sont confinés en France mais parlent parfois difficilement, il peut y avoir une mauvaise compréhension des gestes barrières ou alors une difficulté à décrire ses symptômes ». La petite structure de Saint-Céré n’a rien à voir avec les gros abattoirs des Côtes-d’Armor, du Loiret ou de la Vendée qui ont parfois détecté jusqu’à 69 cas sur un même site.

Trois clusters dans le pays

En mai, 20 salariés d’une usine d’abattage de volaille en Vendée étaient testés positifs au Covid-19. Le week-end suivant, 69 cas étaient signalés dans un abattoir des Côtes-d’Armor et 34 cas dans un site du Loiret. Selon Laurent Habert, le directeur de l’ARS Centre-Val-deLoire, ces cas s’expliquent parce que le secteur peu automatisé nécessite une importante main-d’œuvre. Pour l’heure, rien ne prouve que l’on peut être contaminé en mangeant de la viande.

Manon Adoue La Dépêche