Simon Coencas, le dernier survivant des adolescents « découvreurs » de Lascaux est mort

Le 12 septembre 1940, avec trois copains, Marcel Ravidat, Georges Agniel et Jacques Marsal, Simon Coencas, 13 ans à l’époque, avait découvert la grotte de Lascaux.

Il ne restait plus que lui. Simon Coencas, dernier survivant des quatre adolescents « découvreurs » de la grotte de Lascaux en 1940, chef-d’oeuvre mondialement connu de l’art pariétal, est décédé dimanche à l’âge de 93 ans à Paris, a-t-on appris auprès de son entourage. 

Simon Coencas, qui était notamment revenu en Dordogne fin 2016 pour l’inauguration, au côté du président François Hollande, de « Lascaux 4 » réplique intégrale à l’identique de Lascaux, est décédé à Paris où il résidait, a indiqué confirmant une information de France Bleu Périgord- Thierry Félix, historien spécialiste de Lascaux et proche de Simon Coencas, qui a été informé du décès par la famille du nonagénaire.  

Le 12 septembre 1940, avec trois copains âgés de 18 à 15 ans, Marcel Ravidat, Georges Agniel et Jacques Marsal, Simon Coencas, 13 ans à l’époque, avait découvert la grotte de Lascaux, en « explorant un trou » cachant une cavité, sur la colline boisée dominant le village de Montignac (Dordogne). Le « trou » allait se révéler une grotte ornée, des peintures réalisées il y a environ 18 000 ans et classées depuis 1979 au Patrimoine mondial de l’Unesco, un chef-d’oeuvre souvent qualifié de « Chapelle Sixtine de la Préhistoire ». 

« Une merveille. Si grande, si impressionnante »

 

A l’origine de la découverte, il y avait le chien de Marcel Ravidat, tombé en arrêt devant un trou profond sur la colline de Lascaux. Le jeune homme était revenu l’explorer quatre jours plus tard, tombant en chemin sur trois jeunes du coin qui décidèrent de l’épauler. « Avec ma petite bande, nous cherchions le souterrain du vieux château voisin. Nous espérions trouver un trésor. Nous en avons trouvé un mais pas celui que l’on croyait », racontait fin 2016 Simon Coencas.

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Éclairés par une lampe-pigeon, ils progressèrent peu à peu « et à un moment nous sommes tombés sur la salle des taureaux », racontait-il alors. « Une merveille. Si grande, si impressionnante (…) Nous étions affolés. Nous nous sommes dit ‘ce n’est pas possible de découvrir une chose pareille!' ». 

 

Les quatre compères décidèrent d’abord de garder le secret, « mais finalement tout le monde a bavardé ». L’instituteur local, féru d’archéologie, fut d’abord sceptique mais en allant voir la grotte, « il est tombé des nues ». La communauté archéologique fut alertée, et l’abbé Breuil, préhistorien renommé et professeur au Collège de France, visitait la grotte dès le 21 septembre. 

 

Une première réunion des adolescents en 1986

Des trois autres « découvreurs » de Lascaux, Jacques Marsal était décédé en 1989, Marcel Ravidat en 1995, et Georges Agniel en 2012. Agniel, Coencas et Ravidat, avaient reçu en 1991 la médaille de chevalier de l’Ordre national du mérite. Simon Coencas, dont les parents étaient des Juifs d’origine grecque établis à Paris, vivait en 1940 à Montignac, qu’il quitta peu de temps après la découverte. Ses parents sont morts en déportation, à laquelle lui-même échappa de justesse, bien qu’interné brièvement au camp de Drancy. Après la guerre, il se maria, eu trois enfants, et devint ferrailleur. 

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Thierry Félix, enseignant-chercheur passionné de Lascaux, avait réuni en 1986 à Montignac, pour la première fois depuis 1940, les quatre « adolescents » qui ne s’étaient jamais retrouvés tous ensemble. Il est resté en « relation étroite » avec le quatuor, notamment Simon Coencas, qui revenait « souvent » à Lascaux. 

 

Le succès « des » Lascaux

Le directeur de « Lascaux 4 » s’est dit dimanche « très ému » par la disparition de Simon Coencas. Il s’est rappelé « de ses yeux qui brillaient » lorsqu’il pénétra en 2016 dans la réplique à l’identique : humidité, odeurs, clair-obscur compris. « Il s’était écrié ‘J’y suis !’, comme retrouvant une émotion, son univers d’enfant, d’adolescent. C’était un intense moment d’émotion pour tout le monde », a déclaré André Bardé. 

 

La grotte originale de Lascaux, menacée par une prolifération de champignons, d’algues vertes, due l’afflux de visiteurs, est fermée au public depuis 1963. Lascaux 4 a franchi en 2019 le cap du million de visiteurs en moins de trois ans. Une première réplique (contenant environ 80% des fresques), « Lascaux 2 », a accueilli depuis 1983 environ plus de 200 000 visiteurs par an. Et une exposition itinérante, « Lascaux 3 », qui reproduit une partie de la grotte, sillonne le monde depuis 2012 -actuellement à Naples- et enregistrant à ce jour plus de 2 millions de visiteurs. 

L’express