Un élevage de 9000 poules est-ce trop?

Un collectif a vu le jour il y a quelques semaines sur la commune de Strenquels, au lieu-dit Laulerie. Ce collectif s’oppose à un projet jugé démesuré de 9 000 poules pondeuses. Les habitants déplorent tout d’abord de ne pas avoir été informés du projet.

C’est en voyant les engins sur le terrain, et en posant les questions qu’ils ont su de quoi il retournait. Le collectif dépose un recours gracieux auprès de la mairie, et interpelle la préfecture par courrier, car celle-ci doit donner son accord. Fin septembre, une rencontre a lieu, réunissant : les services des permis de construire de Cauvaldor, la chambre d’agriculture, le maire et les élus de la commune, le couple d’agriculteur porteur du projet, Terre du Sud (société coopérative agricole, spécialisée dans le commerce de gros de céréales, semences et aliments pour le bétail) et le collectif de Laulerie. Celui-ci assure que rien de concret n’est ressorti de cette réunion. Pierre Bailles, à l’origine du collectif, dit : «Ce projet est surdimensionné. 9 000 poules, cela ne peut pas ne pas avoir un impact sur l’environnement. On nous parle de bio, comment faire du bio avec un tel gigantisme. Les conséquences néfastes seront nombreuses : dévalorisation du patrimoine bâti (habitations à 200 m) ; atteinte au développement touristique (location de gîtes, chambres d’hôtes) ; atteinte à la qualité de vie (bruit et odeurs, camions pour les animaux, les œufs, et les aliments, dégradation des routes) ; pollution des terres et des eaux.

Et tout cela pour créer un seul emploi sur la commune. Nous ne sommes pas contre les agriculteurs bien au contraire, c’est eux qui ont su protéger notre beau département, ils sont indispensables. Ils doivent pouvoir vivre décemment de leur travail, et ne pas être soumis à des grands groupes qui les poussent à l’endettement. L’échelle humaine doit être préservée. Une pétition circule sur internet, j’invite toutes les personnes conscientes des dérives de ce modèle agricole à la signer.»

M. Gutierrez et Mlle Dehier sont le couple porteur du projet de 9000 poules pondeuses. Nous les avons rencontrés.

Monsieur Gutierrez, pourquoi ce projet avec votre compagne ?

Nous avons décidé de travailler ensemble, ce n’était pas possible sur l’existant. Nous avons donc ce projet de poules pondeuses en élevage biologique. Ce qui veut dire 4 ha de parcours, 3 fois 3 000 poules. J’ai démarché vers les acheteurs d’œufs, nous avons choisi «L’œuf de nos villages», car c’est une entreprise régionale basée à Montauban. Les œufs seront distribués dans la région. Nous allons bénéficier d’un appui technique, dispensé par Terre du Sud.

Les habitants de Laulerie disent que ce poulailler va amener une moins value sur leur patrimoine bâti ?

Le hameau n’a aucune vue sur le poulailler, il y aura des haies, des arbres fruitiers, des saules pleureurs, bien sûr pour l’esthétique mais aussi pour les poules qui seront dehors, et qui profiteront de l’ombre des arbres.

Qu’en sera-t-il de la qualité de vie des habitants, des nuisances olfactives et sonores ?

Le camion des œufs viendra 2 fois par semaine. Celui des aliments 1 fois par mois. Ces camions ne traverseront pas le hameau, car ils viendront du bourg de Strenquels. Actuellement pour le ramassage du lait de chèvre, le camion passe tous les 2 jours et personne ne s’en plaint. Pour ce qui est des fientes, une petite partie sera utilisée sur l’exploitation.

L’autre partie sera transformée en fumure, vendue en granulés. Les poules seront en partie sur caillebotis, une fois par an les fientes seront enlevées. Tout le monde peut se rendre compte que nos deux poulaillers existants ne génèrent aucune odeur.

Tout cela pour ne créer qu’un seul emploi ?

Mon emploi génère des chauffeurs pour les camions, des personnes pour l’emballage des œufs, des techniciens, et j’espère un salarié quelques heures par mois. Ce travail me garantit un prix constant des œufs pendant dix ans. Aujourd’hui on ne peut pas vivre avec un élevage de 200 poules. Nous garantissons la qualité : 3 ha 80 pour 9 000 poules. Le nombre ne doit pas faire peur quand la qualité est au rendez-vous.