Un peu de poésie printanière

Inspiré par le thème : LE PRINTEMPS /POÉSIE

Je suis allée rechercher un peu de fraîcheur printanière dans l’histoire et me suis arrêtée au

Moyen-Age

Depuis des siècles, le printemps est une source d’inspiration pour les poètes.

Il en était déjà ainsi au temps du Moyen-Age.

En témoigne le fait que les chansons d’amour commençaient en général par une évocation de la nature au printemps.

C’était le temps de l’amour idéalisé et «courtois » que dans un premier instant les troubadours avaient commencé à chanter accompagnés de leur luth ou flûte devant les cours des Seigneurs et dans les rues.

Un exemple par excellence d’un poème allégorique du 13ème siècle est « le roman de la rose de Guillaume de Lorris (qui en a écrit la première partie).

Cette œuvre représente la thématique typique de l’amour courtois de l’époque. L’auteur y exalte la force du désir, mais refuse la jouissance ultime qui comblerait le désir et le détruirait de ce fait.

Ce poème décrit, en 4 058 vers et dans le cadre fictif d’un songe, la tentative d’un amant pour s’emparer de l’objet aimé qui prend la forme d’une rose au milieu d’un verger.

Voici quelques extraits du Roman de la Rose

«  […]

Lors oubliant la pauvreté

Où elle a tout l’hiver été,

La terre s’éveille arrosée

Par la bienfaisante rosée.

La vaniteuse, il faut la voir,

Elle veut robe neuve avoir;

De mille nuances, pour plaire,

Robe superbe sait se faire,

Avec l’herbe verte, des fleurs

Mariant les belles couleurs.

C’est cette robe que la terre,

A mon avis, toujours préfère.

Les oiselets silencieux

Par le temps sombre et pluvieux,

Et tant que sévit la froidure

Sont en mai, quant rit la nature,

Si gais, qu’ils montrent en chantant

Que leur cœur a d’ivresse tant

Qu’il leur convient chanter par force,

Le rossignol alors s’efforce

De faire noise et de chanter,

Lors de jouer, de caqueter

Le perroquet et la calandre

Lors des jouvenceaux le cœur tendre

S’égaie et devient amoureux

Pour le temps bel et doucereux.

Quand il entend sous la ramée

La tendre et gazouillante armée

Qui n’aime, il a le cœur trop dur!

En ce temps enivrant et pur

Qui l’amour fait partout éclore,

Une nuit, m’en souvient encore,

Je songeai qu’il était matin;

De mon lit je sautai soudain,

Je me chaussai, puis d’une eau pure

Lavai mes mains et ma figure;

Dans son étui mignon et gent

Je pris une aiguille d’argent

Que je garnis de fine laine,

Puis je partis emmi la plaine

Écouter les douces chansons

Des oiselets dans les buissons

[…]

Je vis de roses grands monceaux,

Mille boutons petits et gros

Et maintes fleurs encore closes.

Ci-bas il n’est si belles roses!

D’autres étaient à grand’ foison

Qui touchaient presque à leur saison,

Mais pas encore épanouies;

Celles-là sont les moins haïes.

Car les roses au large sein

N’ont guère à vivre qu’un matin,

Tandis que celles fraîches nées

Ont encor deux ou trois journées.

Ces jolis boutons j’admirais

Comme en nul lieu n’en crut jamais;

Heureux qui pourrait en prendre une!

Comme j’envierais sa fortune!

Et pour en être couronné,

J’aurais à l’instant tout donné.

Entre toutes j’en choisis une

Si belle, que près d’elle aucune

A son égal je ne prisai

A juste titre l’avisai,

Car une couleur l’enlumine

Qui est aussi vermeille et fine

Que Nature jamais n’en fit;

Avec grand art elle y assit

De feuilles quatre belles paires,

Côte à côte fermes et fières.

La queue est droite comme un jonc

Et par dessus sied le bouton

Qui point ne pend ni ne s’incline,

Et son odeur suave et fine

Tout à l’entour de lui s’épand,

Toute la place remplissant.

Sitôt que je sentis la rose,

Je ne rêvai plus qu’une chose,

M’en approcher et la cueillir;

Mais n’osait ma main la saisir,

Car les ronces et les épines,

Autour dressant leurs pointes fines,

M’arrêtaient; les chardons aigus,

Les houx, cent arbrisseaux crochus

Menaçaient la main téméraire,

Et trop craignais-je mal m’y faire

Le Dieu d’Amours qui, l’arc tendu,

N’avait pas un instant perdu,

L’œil au guet, à suivre ma trace,

Près d’un figuier prit enfin place;

Puis, saisissant l’occasion

Où je restais d’émotion

Devant la rose préférée

Et si ardemment désirée,

Soudain une flèche il brandit,

La corde dans la coche mit,

Et bandant jusqu’à son oreille

L’arc qui était fort à merveille,

Avec telle adresse il tira,

Que jusqu’au cœur me pénétra

Par l’œil cette flèche acérée.

Adonc une sueur glacée

Me prit sous mon chaud pelisson,

Et j’ai senti maint grand frisson.

De cette flèche meurtrière

Atteint, je tombai sur la terre;

Soudain mon cœur avait failli,

Et mes genoux avaient fléchi,

[…] »

 

Ainsi se termine ma petite présentation inspirée par le printemps, autour de la nature et de l’amour idéal. Elle vous donnera peut-être envie d’aller plus loin dans votre connaissance du Moyen-Age, époque qui n’était pas sombre, contrairement à ce que l’on pense souvent.

Quelques liens qui m’ont servi et qui peuvent vous intéresser :

http://www.gutenberg.org/files/16816/16816-pdf.pdf

pour lire une étude approfondie du Roman de la Rose et pour prolonger la lecture du texte du Roman de la rose (à partir de la page 77)

https://www.youtube.com/watch?v=t01K7XKoQ-c

Pour écouter Michel Zink au sujet du Roman de la Rose

http://www.alain-benajam.com/article-une-imposture-historique-moyen-age-et-renaissance-117926731.html

Pour vous montrer quelques aspects innovants du Moyen-Age.