Pain, viande, légumes, fromage… 25% des agriculteurs lotois travaillent en vente directe

La vente directe, à la ferme, sur les marchés ou dans les boutiques de producteurs fermiers, devient un mode d’achat qui rencontre de plus en plus de succès auprès des consommateurs. Et présente de nombreux atouts pour les agriculteurs lotois.

Les différents scandales alimentaires de ces dernières années modifient peu à peu le comportement des consommateurs. De plus en plus d’entre eux cherchent à savoir d’où viennent les produits qu’ils ont dans leur assiette. « Chaque fois qu’il y a une crise, les gens se posent la question : « Qu’est-ce que je mange ? ». Les gens ont besoin d’être rassurés, d’être en relation avec le producteur, de discuter, d’aller à la ferme voir les animaux, voir comment ils travaillent. Les gens ont besoin de ce contact-là » reconnait Fanny Melet, responsable du service « circuit court » à la Chambre d’agriculture du Lot et animatrice du réseau « Bienvenue à la ferme ».

Au-delà de la volonté des consommateurs de mieux maîtriser ce qu’ils ont dans leur assiette, la vente directe présente de nombreux atouts pour les agriculteurs. « Les producteurs se sont tournés vers la vente directe pour garder leur valeur ajoutée sur leur ferme. Ce sont eux qui définissent leur prix. Dans le circuit long, les grosses coopératives disent « je paye tant », parfois en-dessous du prix de revient, comme dans le lait par exemple » continue Fanny Melet.

Certains agriculteurs lotois ne travaillent qu’en vente directe, d’autres gardent une partie en circuit long et une autre en circuit court*, d’autres travaillent directement avec des grandes surfaces. La vente directe oblige les agriculteurs à changer leurs habitudes. Ils doivent produire, transformer (histoire de valoriser leur production : un producteur de lait par exemple va faire des yaourts ou du fromage) et vendre leurs produits. Un équipement particulier est donc nécessaire, notamment pour les produits d’origine animale. Les produits maraîchers ne demandent pas d’installation particulière (une chambre froide tout au plus). « Pour la viande et les produits laitiers, il faut compter entre 200 000 et 300 000 euros d’investissement pour faire un atelier de transformation et ainsi respecter la réglementation sanitaire européenne. À la Chambre, on les aide à monter des dossiers de demandes de subventions auprès de la Région et de l’Europe » précise Fanny Melet.

La vente directe est très attrayante pour les jeunes qui s’installent. « Le marché peut encore se développer » assure Fanny Melet. « 25% des exploitants du Lot travaillent en vente directe. Le département s’y prête bien. L’exploitation moyenne est de 50 hectares. Ce sont des petites exploitations, en polyculture… Il y a dans le Lot une très grande variétés de terroir, donc une très grande variété de productions. C’est intéressant pour le consommateur. »

Un choix citoyen

Mais que l’on ne s’y trompe pas. Vente directe ne veut pas forcément dire un prix plus bas pour le consommateur. Consommer local est davantage un choix citoyen, pour, d’une part, mieux maîtriser son alimentation et, d’autre part, permettre à des agriculteurs du territoire de vivre de leur travail et ainsi maintenir une activité dans les zones rurales. En tirant toujours plus les prix vers le bas et en multipliant les promotions, les grandes surfaces ont complètement faussé notre grille de lecture des prix.
« On a une juste rémunération du producteur. Mais ce n’est pas forcément plus cher qu’en grande surface, notamment pour les légumes. Surtout, la qualité n’est pas la même » explique Fanny Melet.

Ce mode de consommation est plus contraignant pour le consommateur, car il faut multiplier les sources d’approvisionnement. L’objectif du service « circuit court » de la Chambre d’agriculture est de faciliter l’accès aux produits fermiers. La mise en place du drive fermier sur Cahors et l’ouverture de magasins de producteurs de pays répondent à cet objectif.

Le service « circuit court » de la Chambre cherche aussi de nouveaux débouchés pour les agriculteurs, notamment dans la restauration collective. API Restauration (qui assure les repas des salariés du Conseil départemental du Lot), l’hôpital de Cahors et des établissements scolaires (école de Saint-Pierre-Lafeuille, le lycée Louis Vicat et le lycée hôtelier de Souillac…) font appel à lui pour s’approvisionner en produits fermiers lotois. Des grandes surfaces prennent aussi contact pour développer leur gamme de produits locaux.

Où trouver des produits fermiers dans le Lot ?

– Les marchés restent un lieu privilégié pour acheter des produits fermiers locaux et rencontrer les producteurs.

– Trois réseaux existent dans le Lot et réunissent des agriculteurs qui vendent directement à la ferme. Le réseau « Bienvenue à la ferme » compte 85 adhérents, des agriculteurs qui accueillent le public dans leurs fermes, mais aussi des hébergeurs, des fermes équestres… (www.bienvenue-a-la-ferme.com ; Tél. 05 65 23 22 20). Le réseau Bio46, comme son nom l’indique, regroupe des producteurs bio qui vendent à la ferme ou sur les marchés (Tél. 05 65 30 53 09 ; sur Facebook). L’association « Producteurs du Lot en Vente Directe » rassemble des producteurs de viande (site : http://www.producteursventedirecte-46.fr/).

– Le drive fermier de Cahors permet de commander ses produits fermiers, bio ou non, sur internet avant le mardi à minuit, de payer en ligne, puis de récupérer son panier le jeudi après-midi dans plusieurs points de retrait sur Cahors. Rendez-vous sur www.drivefermiercahors.com.

– Les trois magasins de producteurs de pays regroupe des agriculteurs associés : L’Oustal, route de Toulouse à Cahors, réunit 20 producteurs associés (du mardi au vendredi midi, il est possible de déguster sur place une cuisine préparée avec les produits fermiers du magasin ; Tél. 05 65 23 63 76) ; « La Halle de Cougnac » à Payrignac est gérée par neuf producteurs (Tél. 05 65 27 29 72) ; « Les Fermiers du Haut Quecry », avenue Henri Barbier à Vayrac, regroupe une vingtaine de producteurs (Tél. 09 82 61 73 76). Les agriculteurs tiennent à tour de rôle le magasin.

D’autres magasins de produits fermiers existent dans le département, comme le magasin Lo’CaVhors à Bégoux.

– Plusieurs AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) existent sur le Lot, comme l’AMAP Consom’Acteurs46 de Gourdon.

MARC LOUISON La Vie Quercynoise

* La notion de circuit long et de circuit court renvoie au nombre d’intermédiaires entre la production et la consommation.