La ville de Souillac se lance dans une gigantesque opération de revitalisation

.Mercredi 28 août, s’est tenu à Souillac, salle Du Bellay, une réunion dite de restitution. Le sujet passionne en ville puisque la salle était pleine à craquer (150 personnes minimum ?) et il n’y avait pas de chaise pour tout le monde.

L’objet de la soirée était donc de restituer le travail réalisé avec les habitants lors des ateliers participatifs (ouverts à tous) qui se sont tenus pendant un an sur un seul et unique sujet : le cadre de vie.

Un projet financé par des fonds publics

Le cadre de vie : sujet oh combien important car parallèle et complémentaire du volet économique présenté en février dernier et qui avait fait grand bruit en ville. Les deux volets sont complètement indépendants, mais en même temps ils sont la cause et la conséquence de l’un et de l’autre, l’ensemble devant former un écosystème aux conséquences vertueuses.

Si le volet économique doit être porté principalement par des fonds privés, le volet « Cadre de vie » est lui entièrement financé par des fonds publics.

Pour préparer la synthèse des travaux, un cabinet d’études nommé en début d’année a travaillé tout l’été. La restitution proposait ainsi un « concept », une « idée » de ce que pourrait être Souillac demain, sans que le plan ne soit définitif pour autant. La proposition qui a été faite reprenait effectivement les remarques des habitants qui se sont prononcés.

Une démarche participative

Après une rapide intervention du Maire de Souillac et du Président de Cauvaldor, c’est Romain Salducci qui a présenté la restitution sous forme d’un PowerPoint.

Une démarche participative avec les habitants de Souillac et des communes voisines ; il a rappelé en préambule les 18 ateliers participatifs, les 3 réunions plénières, les 2 rencontres avec l’Articomm, le forum participatif et interactif qui s’est tenu au marché, sans oublier les quelques 210 entretiens qui se sont tenus au local Bd Malvy (160 permanences).

Il a également rappelé la réalité de Souillac aujourd’hui : une ville vieillissante, une offre commerciale non renouvelée générant une vacance immobilière ancrée dans la ville, des espaces publics décousus et peu adaptés aux usages, un patrimoine peu ou pas du tout mis en valeur, une offre de logement peu attractive, un centre ancien déconnecté des autres secteurs.

Paradoxalement, l’identité de Souillac a été affirmée et confirmée avec deux points plébiscités : l’architecture (monuments, certains bâtis, certaines rues…) et les rivières (Dordogne et Borrèze)

Des objectifs partagés

– Donner une raison aux consommateurs de fréquenter Souillac,

– Susciter l’implantation et la création d’entreprises,

– Donner une raison de « venir à Souillac pour Souillac tout au long de l’année »,

Inciter à la reconquête de l’immobilier du centre-ville et centre ancien,

– Valoriser le patrimoine bâti de ce centre ancien,

– Repositionner l’Abbaye en tant que joyau de l’architecture (Romano byzantine),

– Reconnecter les Souillagais à leurs rivières,

– Structurer les espaces publics en fonction des usages,

L’articulation du futur cadre de vie Souillagais

Le futur cadre de vie de Souillac s’articulerait autour de 3 espaces d’intervention, 18 actions et 30 projets.

Les 3 espaces d’intervention sont : les berges de la Dordogne, le centre-ville et son centre ancien et enfin la Borrèze.

S’agissant des berges de la Dordogne, les actions prévues concernent :

– L’aménagement de l’espace, au profit des piétons et des cyclistes depuis la plaine des jeux jusqu’au pont Vicat,

– La connexion des activités associatives et de loisirs au patrimoine naturel avec notamment la transformation de l’ancienne Maison EDF en espace dédié (dont une salle dédiée à la musculation) et l’installation d’une guinguette,

– La requalification des accès à l’eau (mises à l’eau des canoës près du Quercyland et un espace baignade publique)

– La mise en avant des activités sportives, des espaces de détente et de convivialité dans un espace « idyllique » tout le long de la rive et des terrains de la plaine des jeux.

– Une offre de stationnements végétalisés appropriés, à côté de la plaine des jeux, de l’espace camping-car, du parking Quercyland et devant le nouvel espace dédié aux associations. Soit un total de 400 places pour les voitures et une dizaine pour les bus

– Le renforcement de la connexion entre berges de la Dordogne et Centre-ville/Centre ancien par la remise en valeur du chemin de Baillot qui constitue un lien privilégié.

La reconquête du centre-ville/centre ancien

S’agissant du centre-ville/Centre ancien, les actions prévues sont :

– La mise en valeur des joyeux patrimoniaux historiques avec notamment la réhabilitation de l’Abbaye et sa transformation en hôtel haut de gamme (un des points forts du volet économique) ; la réalisation de travaux de mise en lumière des œuvres classées (peintures et sculptures) de l’abbatiale Sainte Marie ; l’ouverture des espaces publics attenants avec probablement une démolition de tout le bâti allant de la salle Du Bellay à la rue Louqsor (Avenue de Sarlat) et l’aménagement du parvis Place Betz, la transformation de l’esplanade Alain Chastagnol en… Esplanade.

– Le réaménagement de la traverse (du Rond-Point du Blazy jusqu’à l’office de Tourisme) et des espaces publics attenants (Square Chapou, Foirail) qui constituent la 1re vitrine de Souillac : accueil des cyclistes (avenue Gambetta et Boulevard Malvy), mise en valeur des terrasses, sécurisation des traversées piétonnes, réaménagement voir transformation des espaces publics et gestion différente des stationnements (végétalisé) sur la traverse. On parle aussi d’un théâtre de verdure au square Chapou… Création de trottoirs et plantation d’arbres de l’avenue Jean Jaurès au rond-point du Blazy (comme un pendant à l’avenue de Toulouse en fait).

– Donner une nouvelle fonction de vitrine atypique au centre ancien : connexion renforcée avec la création d’un passage de la place Doussot (La Halle) jusqu’à la rue Louqsor ; le développement d’ateliers vitrines des métiers thématisés autour du luxe, mise en lumière de la rue Orbe (enfin !), végétalisation de la rue de la Halle (comme une annonce d’un riche patrimoine naturel (berges de la Dordogne et Borrèze) connecté au centre-ville/Centre ancien.

D’une façon générale, la volonté est celle de privilégier le cheminement dans un espace reconquis et végétalisé au maximum.

S’agissant des berges de la Borrèze, les actions prévues ont pour objectif sa reconquête et le renforcement de son rôle d’affluent des différents espaces de la ville. Il s’agit donc de :

– Aménager un parcours de détente et de découverte le long de son cours comprenant une végétalisation améliorée et le recours à des matériaux verts (Bois)

– Créer des haltes favorisant l’accès et la mutualisation des espaces : halte multimodale Barebaste (parking végétalisé véhicules et cycles) ; halte de l’îlot de verdure « Chanteranne/Delmas » (aménagement destiné à l’éveil des sens, parc de sculptures…) ; halte de la zone de découverte écologique en rive gauche de la Borrèze (reconquête verte, cheminement doux).

Et c’est pour quand ?

Certaines mesures ont déjà été prises, d’autres sont à lancer avec une priorité donnée à la reconquête du centre ancien pour une nouvelle dynamique immobilière : le plan de soutien au ravalement des façades et la rénovation des vitrines, le permis de louer afin de lutter contre l’habitat indigne sont déjà en place. D’autres mesures seront lancées dès l’approbation du PLUI-H (Plan local d’urbanisme intercommunal valant programme local de l’habitat) ; Elles ont pour objectif de :

– Rendre l’ancien attractif,

– Redynamiser le marché de l’immobilier,

– Adapter l’offre et répondre à la demande,

– Mieux penser les modes d’habitat.

Elles concernent l’accompagnement à la réhabilitation/rénovation des logements du centre-ville, les garanties d’emprunt par Cauvaldor aux bailleurs sociaux qui investissent dans l’existant, le social ou le privé ; la lutte contre la « vacance » (mesures incitatives et coercitives) ; lancer des appels à projets intercommunaux sur l’habitat innovant.

Il s’agit aussi de poursuivre le soutien à l’Articomm dans la mise en œuvre de ses animations commerciales ; soutenir les entreprises Souillagaises dans leurs projets et leurs objectifs économiques ; susciter l’intérêt des porteurs de projets et les accompagner dans leur implantation au sein de la commune.

Les premières actions seront menées dès 2020 avec notamment la végétalisation de la rue de la Halle, la maîtrise d’œuvre pour la requalification des espaces publics dans le centre-ville et enfin le lancement de l’ORT (Opération de Revitalisation du Territoire), mécanisme créé par l’État fin 2018 qui permet d’abonder les subventions reçues ou bien d’aider les particuliers dans leur projet d’investissement locatif avec travaux (Dispositif Denormandie). Comme c’est Cauvaldor qui porte le projet au nom de son territoire, cela permet d’en bénéficier.

Dès 2021, de nouveaux chantiers verront le jour dans le centre ancien, sur les berges de la Dordogne et de la Borrèze et à la réception des premières requalifications d’espaces publics.

Et qui c’est qui paye ?

Comme tout projet mené par n’importe quelle collectivité, on fait appel aux financeurs publics. Cela commence par l’Europe qui est un très gros financeur au travers de ses programmes FEDER et FSE. L’État participe activement avec notamment la DETR (dotation d’Équipement des territoires ruraux), la DSIL et on l’a cité plus haut, l’ORT etc.

La Région Occitanie intervient, le Département du Lot intervient, l’ANAH (Agence Nationale pour l’Aménagement de l’Habitat, la Banque des Territoires, l’EPARECA (Là, il faut s’accrocher :

Établissement Public National d’Aménagement et de Restructuration des Espaces) et enfin l’EPF (Établissement Public Foncier) d’Occitanie. Le solde est financé sur les ressources d’autofinancement de la ville, (emprunts compris).

En clair, le « mille-feuille territorial » devient l’ami des communes s’agissant de financements, et ce malgré la complexité et les difficultés techniques pour monter les dossiers…

Du côté des particuliers et entreprises, il existe aussi des aides publiques avec des dispositifs de l’État (Dispositif Denormandie notamment), de l’ANAH, d’Action Logement et comme déjà indiqué plus haut, de la commune.

Conclusion

Après une petite séance de questions réponses avec le public, parfois rugueuse s’agissant des opposants aux projets, la séance a été levée vers 21 h 40, soit après deux heures de présentation. La municipalité a alors offert un verre de l’amitié (une autre facette de l’identité Souillagaise).

La présentation était donc celle d’un plan d’actions qui fera l’objet de déclinaisons plus précises au fur et à mesure de la rédaction des différents cahiers des charges. Il était financièrement impensable de repenser tout Souillac, et les choix proposés ont ciblé les endroits clés de la ville avec tout ce que cela comportera comme conséquences et de changements d’habitudes pour les uns ou pour les autres.

Quoi qu’il en soit, Souillac se prépare à un sacré coup de lifting (Enfin diront certains) mais c’est avant tout un état d’esprit qui est proposé aux Souillagais : celui du refus de la fatalité et du temps de la reconquête. Passionnant non ?

CLAUDE RABUTEAU

L’intégralité de l’article à retrouver dans La Vie Quercynoise, à paraître jeudi 5 septembre 2019.

Actu Lot