Cahors. Enseignants et animateurs accueillent les enfants de soignants

Leurs parents sont infirmiers, médecins ou pharmaciens. Dans l’obligation de travailler, ils n’ont pas de solution de garde pour leurs enfants. Depuis le début du confinement, le Grand Cahors a mis en place des centres d’accueil pour les enfants de soignants. Deux écoles ont ainsi été réquisitionnées dès les premières semaines : Zachary Lafarge et Marthe Durand. Au Montat, la garderie a également rouvert. Prévues pour accueillir une centaine d’enfants, ces dispositions ont été ensuite revues à la baisse. « On reçoit au maximum une vingtaine d’enfants chaque semaine. Les besoins n’étaient pas à la mesure de ce que nous avions prévu », explique Martine Loock, adjointe au maire de Cahors, en charge de ce projet. Désormais, en période scolaire, tout se passe à Zachary Lafarge. Capable d’accueillir 10 élèves en maternelle et 10 élèves en élémentaire, l’établissement est ouvert de 7 h 30 à 19 h, mais fonctionne surtout au cas par cas. « Nous faisons un effort de souplesse sur les horaires. Pour les parents qui travaillent en hôpital, ils nous arrivent d’ouvrir plus tôt. Nous nous adaptons aux circonstances et à la demande », précise l’élue. « Neuf fois sur dix, ce sont des enfants de soignants qui travaillent à l’hôpital. Mais nous avons aussi des enfants dont les parents travaillent en pharmacie ou dans la restauration des EHPAD ».

À l’intérieur de l’établissement, enseignants et animateurs tentent autant qu’ils peuvent de maintenir un rythme stable pour les enfants. Chaque jour, quatre enseignants se partagent le travail, deux le matin, deux l’après-midi. « Nous avons des petits groupes, nous travaillons dans des conditions sereines », assure Magali Privat. Enseignant habituellement en grande section à Bellevue, elle s’est portée volontaire pour encadrer ces enfants de soignants. « J’ai une expérience en maternelle, je sais accueillir de nouveaux élèves, je sais établir un échange convivial… C’est plus simple », souligne-t-elle.

 

La difficile mise en place des gestes barrière

Entre les devoirs, les temps de récréation et la cantine, le plus difficile reste d’établir des gestes barrière avec les enfants. « Pendant l’aide aux devoirs, c’est compliqué de donner des consignes à distance, sans s’approcher, sans regarder le manuel. Les enfants viennent automatiquement vers nous, c’est naturel, surtout pour les plus jeunes ». Des mesures sanitaires ont néanmoins été mises en place : accueil des parents à l’extérieur, espacement à la cantine, port du masque pour les adultes et lavage de mains pour tous.

Les mêmes règles ont été appliquées à l’ALSH de la Croix-de-Fer, qui a accueilli les enfants de soignants pendant les vacances scolaires. Les animateurs du Centre intercommunal d’action sociale ont alors pris le relais des enseignants. Chaque jour, le directeur de la structure, quatre animateurs et un agent de restauration étaient en charge du bien-être des enfants au centre de loisirs. Omar Benfouzari fait partie de ces animateurs. Maintenant que les vacances sont finies, il continue d’encadrer les enfants à Zachary Lagarge, comme il le fait depuis 14 ans. Quand on lui demande à ce qui a changé, un verbe lui vient immédiatement à l’esprit : « S’adapter ». « Les enfants ont conscience des mesures sanitaires, mais c’est plus compliqué à gérer quand ils jouent. On a organisé des activités ludiques pour leur expliquer l’importance de se laver les mains. On évite les activités avec trop de contact. À la pétanque, chaque enfant a ses boules. Au baby-foot, on désinfecte les poignées après chaque partie… », ajoute l’animateur.

Leurs efforts sont récompensés par les sourires et les remerciements des parents qui viennent récupérer leurs enfants. « Ils sont plus reconnaissants que d’habitude. Notre métier est plus valorisé, cela fait plaisir », conclut Omar. Mais cela n’empêche pas les parents de s’inquiéter. Combien de temps cette organisation tiendra-t-elle ? Pour l’heure, et même si les volontaires sont toujours aussi déterminés, aucune réponse n’est certaine.

Caroline Peyronel La Dépêche