États généraux de la ruralité

L’Association des maires ruraux du Lot organisait hier à Labastide-Murat des États généraux de la ruralité sur le thème : «Santé, les ruraux trinquent». Un diagnostic préoccupant a été dressé avec des maires ruraux confrontés à l’avancée du désert médical.

Aux seconds États généraux de la ruralité qui se tenaient hier à Labastide-Murat, il a été question d’école, de rythmes scolaires, de la semaine à 4 jours ou à 4 jours et demi, mais l’essentiel des débats a porté sur ce «désert médical qui avance» décrit par Christian Venries, le président de l’Association des maires ruraux du Lot. La thématique retenue pour ce rendez-vous annonçait déjà la couleur : «Santé, les ruraux trinquent !» Pour en débattre le maire de Saint-Cirgues avait réuni autour de lui Aurélien Pradié, député du Lot, Jean-Marc Vayssouze, président de l’Association des élus du Lot, Xavier Papillon, inspecteur d’académie, des professionnels de santé, des internes en médecine générale. Le préfet, Jérôme Filippini a rejoint les participants en fin de matinée.

Le tableau brossé par Christian Venries en préambule expliquerait selon lui les hésitations des jeunes médecins à tenter une installation dans le Lot : «La fermeture de nombreux services, d’écoles, de commerces, de bureaux de poste, les problèmes d’accès au haut débit, l’éloignement des pôles d’attractivité et des centres de décision, l’obésité des intercommunalités.» À ceci s’ajouterait la crainte d’une charge de travail trop lourde et de manquer de services nécessaires à une vie de famille.

Cédric Czabo, le directeur national de l’AMRF décrit une situation problématique : «On fait beaucoup de beaux projets (maisons de santé), dans lesquels on a du mal à garder une dynamique sanitaire et qui risquent de devenir des coquilles vides. Il faut savoir que dans certains départements, 40 % de la population renonce à se soigner.» Le représentant de l’Association des maires ruraux de France en appelle aux pouvoirs publics : «Il faut changer de braquet dans le domaine de la santé, il y a urgence.» Cédric Czabo insiste sur la pédagogie à mettre en œuvre : «Les professionnels de santé se doivent d’aller dans les facs pour porter le message et témoigner auprès des futurs médecins pour vanter l’exercice de leur métier en milieu rural. Venez essayer. E n même temps les généralistes qui vont prendre leur retraite pourraient aider les maires ruraux à trouver un successeur.»

Le mot de la fin reviendra à Christian Venries : «C’est à chaque territoire de poser un diagnostic précis et de rechercher une solution». Sur le secteur de Labastide-Murat, la solution est passée par la réalisation d’un pôle de santé dont la visite concluait la journée.


«Un seul parti, la ruralité»

Le président Christian Venries a profité de cette réunion pour faire l’historique de l’association qu’il préside : «Nous sommes les porte-parole, les ardents défenseurs d’une ruralité qui veut vivre et se développer. Notre association est indépendante des partis politiques même si elle est composée d’élus de toutes les tendances. En fait, chez nous, il n’y a qu’un seul parti, celui de la ruralité.» Le président de l’AMR 46 a son franc-parler, il manie l’humour et reste un brin provocateur : «Je ne suis pas issu de l’ENA, ni de Polytechnique, pas de Saint-Cyr non plus, mais uniquement de Saint-Cirgues, petite commune du Haut Ségala. Je ne suis pas non plus titulaire d’un master langue de bois, je ne compte d’ailleurs pas le passer.»