Inauguration de la salle basse de l’Abbaye Nouvelle

Le 18 mars, après l’inauguration en début de matinée de la «grange Cary» de Cazals, de nombreuses personnalités accueillies par André Bargues président de la communauté de communes Cazals-Salviac (CCCS) se sont retrouvées au pied de l’Abbaye Sainte-Marie de Gourdon, dite Abbaye Nouvelle, pour l’inauguration de la salle basse réhabilitée comme espace culturel accueillant des manifestations.

Le président André Bargues a d’abord avoué un défaut de communication qui occulte pour le public les grandes actions entreprises par la collectivité qu’il dirige : trois médiathèques, une maison médicale, une maison de services au public (MSAP), défaut qu’il se propose de corriger notamment avec ces inaugurations du jour. Il a lu l’historique de la construction du bâtiment cistercien de 1259 à 1669) et la description des actions entreprises pour la conservation de l’existant (débutées dans les années 1870) jusqu’aux dernières actions de la commune et de l’association de sauvegarde créée en 1978, qui ont connu le classement à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1991 et s’occupent désormais de sa valorisation depuis que la communauté de communes a repris en 2006 la maîtrise d’ouvrage des bâtiments.

Les travaux de réhabilitation de la salle basse en 2015-2016 ont coûté 324 508,31 € HT, dont 30 % à la CCCS (+ le FCTVA), 37 % à la DRAC, 19 % au département, 9 % à la Région.

Les personnalités politiques se sont exprimées à tour de rôle. Raphaël Daubet représentant la présidente de la région Occitanie : «Il faut s’attacher à valoriser ce que nous avons d’unique dans le patrimoine quercynois», Serge Rigal président du Département : «Une volonté forte de réhabiliter le Patrimoine, impulsée par Gérard Miquel», les sénateurs Jean-Claude Requier : «Regards sur le passé mais visions d’avenir», et Gérard Miquel : «L’argent public a été bien utilisé», Dominique Orliac députée : «Cette inauguration est un moment important pour le territoire» et Thierry Dousset sous-préfet de Gourdon : «La culture, cela humanise, encourage le vivre ensemble».

D’autres travaux devraient être entrepris pour restaurer l’espace claustral et aménager un pôle d’interprétation.

Historique de l’abbaye nouvelle

L’abbaye de Gourdon est une abbaye-fille de l’abbaye d’Aubazine, fondée un siècle plus tard que les autres abbayes-filles de celle-ci. Les différences apparaissent très nettement dans le choix du site : alors que la plupart des abbayes cisterciennes répondent à l’adage « Bernardus valles amabat » (« Bernard [de Clairvaux] aimait les vallées »), l’abbaye nouvelle est construite sur un piton rocheux de de moins de 2 000 m22, Pech-Gisbert, dominant la vallée du Céou. Le nom « de Gourdon » s’explique par le repentir du seigneur qui permet cet établissement : Guillaume de Gourdon, coseigneur de Gourdon, seigneur de Salviac et baron de la Bouriane, donne le 7 mars 1242 ce lieu aux moines d’Aubazine pour éviter un procès en catharisme4.

L’abbaye est nommée « nouvelle » car une première tentative de fondation d’une abbaye dans cette région avait eu lieu, environ un siècle auparavant en 1150 par Saint-Étienne lui-même, dans la commune actuelle de Lavercantière. Cette abbaye fut déplacé dans le nord du bassin aquitain, à La Garde-Dieu. Il faut attendre un siècle pour avoir des conditions plus favorables à l’installation d’une abbaye cistercienne (F. Pécout, mémoire de maîtrise P. 20). deux facteurs importants à cette installation : une nouvelle ère économique prospère et l’apparition de l’hérésie albigeoise dans tout le Quercy. Les seigneurs de Gourdon, bertrand et son fils fortanier sont parmi les inculpés.

Moyen Âge

Le 30 août 1267, Alphonse de Poitiers fait donations de pâturages à l’abbaye mais durant ces années des difficultés financières apparaissent à l’abbaye. Après ces donations nous trouvons trace de confirmation d’acquisitions (arch. nat.f69). Il semble que le frère du roi ait ordonné à son sénéchal de rechercher la valeur des bien acquis dans ses fiefs et arrière-fiefs par le monastère depuis sa fondation. Le 1er décembre 1267 des saisies de biens et de revenus de l’abbaye (arch. nat JJ 24c) sont faites par le sénéchal qui reçoit l’ordre de récréance5 jusqu’au 10 juin 1268. En mai 1270, un an avant sa mort, Alphonse de Poitiers confirme les acquisitions de l’abbaye nouvelle et établissait une charte d’amortissement pour un revenu de 66 livres de Cahors acquis par l’abbé d’Obazine au profit de l’abbaye nouvelle (arch. nat.JJ 24A2-c).

L’abbaye reste de taille modeste durant le Moyen Âge. Pour autant, elle croît et s’affermit. Ainsi, en 1273, une bulle de Grégoire X confirme les privilèges de l’abbaye. En 1287, les droits de l’abbaye sont reconnus durant l’assemblée des commissaires royaux à Villefranche-du-Périgord (Gallia Christiana T.I, col.188). On trouve cette même année mention du droit de basse justice de l’abbé sur le repaire de la Mothe et de Alboyses. On peut supposer aussi que l’église du monastère fut achevée à cette date (F. Pécout, mémoire de maïtrise P.26). Quelques documents nous font mention de l’abbé de l’abbaye parmi les « exemptés » de 1312 à 1317 (arch. dioc.F, 7vo).

Cette relative prospérité ne dure pas. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais ainsi que les grandes compagnies ravagent l’abbaye : en 1367, une grande compagnie ravage les environs de Gourdon, en 1377, première prise de l’abbaye par les Anglais (arch. Gourdon CC20, fXXVII vo, « de même le samedi 21 février 1377 où les ennemis prirent l’Abbaye, nous avons transmis le fils de Na Sabatiera à Milhac pour avertir Messire de Thémines de la prise de l’Abbaye et nous lui avons donné 12 deniers….nous avons envoyé pour la garde de l’église des Menoretas Bertran Duran, Arnal de banast et Huc Delestanc et ils ont veillé ici pour le guet cette nuit-là et huit nuits après nous donnions à chacun 12 deniers, cela monte 24 sols »). L’abbaye est pillée de 1380 à 1392, elle est à peu près ruinée dès 1387. Il semble bien que ces multiples prises de l’abbaye par les Anglais, de son pillage à de nombreuses reprises obligent l’abbé de l’abbaye à ne pas payer la décime au Vatican : un texte daté du 2 février 1393 atteste de ce fait (Archivo Segreto Vaticano, Collect 96, p.193). L’abbaye nouvelle est vraisemblablement devenue inhabitable vers 1380 et a recommencé à tomber en ruine vers 1387.

Une tentative de réoccupation des bâtiments semble avoir eu lieu aux alentours de 1392 (reg. Vat., 308, F 137) sous l’abbé Géraud Porquier ; mais cette tentative semblait être vouée à l’échec car dès 1395 on constate deux dépositions, l’une d’un certain Dom Guillelmus de Sancto Claro et l’autre d’un certain Johannes Foresterii qui confirment la une nouvelle prise de l’abbaye par les Anglais (F. Pécout ; mémoire de maîtrise, p.28).

Une réoccupations paraît plus vraisemblable au début du XVe siècle : réoccupation renforcée par le fait que dès 1405 un document atteste d’un paiement d’une décime au Vatican par l’abbé de l’abbaye (Archivo Segreto Vaticano, collect 91, P;229). En 1453, alors que l’abbé Bernard de Maranzac mène une active politique de refondation de l’abbaye, il y a une consolidation de l’église avec le renforcement des contreforts septentrionaux, le renouvellement des baux en 1451, 1452 1458, 1460 et 1470 (f. Pécout, mémoire de maîtrise p.29). Diverses donations courant 1462 permettent d’envisager que l’abbé a pu consolider une partie des bâtiments (arch.du lot, fonds de Broca). L’abbaye ne compte pourtant qu’un seul moine4 . C’est grâce à une bulle d’Alexandre VI Borgia et datée du 7 juillet 1502, que nous allons savoir dans quel état l’abbaye se situe au tout début du XVIe siècle. Le visiteur, Jean, abbé de La Faise intime l’ordre à l’abbé de l’abbaye (Jean de Ventadour) à réparer ou reconstruire – « restaurare sen de novo construi facere » – le cloître, le réfectoire, le dortoir, l’église et de rajouter dans son abbaye six religieux de plus (arch. du Vatican, registre de Latran, 1109, F6v). On retrouve dans différents documents mention du réduit du couvent de l’abbaye nouvelle le 13 avril 1512 (arch. Dordogne 2E, 1802) « apud et infra reductum Conventus Abbatie nove Marie de Gordonio ».

En 1552 les protestants ont pillé Gourdon et les campagnes environnantes. L’abbaye est de nouveau abîmée pendant les guerres de religion6.

En 1650, les derniers religieux présents quittent l’abbaye et l’abbatiale devient église paroissiale. C’est en 1658 lors de la visite de l’évêque de Cahors, Alain de Solminihac, que la décision de passage de l’église abbatiale en église paroissiale fut prise, certaines modifications sont entreprises de 1658 à 1669 : aménagement d’une rampe d’accès à l’église et d’une porte de style classique dans la façade occidentale (F. Pécout, mémoire de maîtrise, p.32).

L’abbaye après les moines

En 1777 seule l’église est intacte. Cette même année on obligea l’abbé Duval de Varaire de Montmillari à réparer le couvent où ne résidait plus aucun moine (f. Pécout, mémoire de maîtrise P.33). l’enquête une nouvelle fois nous indique dans quel état se situe l’abbaye en 1977 « la principale partie de l’église est encore en état et sert à la place de l’ancienne église paroissiale, qui n’était qu’une crypte obscure et malsaine.le reste des bâtiments claustraux était en ruines. Des arbres fruitiers poussaient parmi les décombres. Deux chambres encore à peu près logeables servaient de presbytères ». En 788, les revenus sont établis : celui de la cure est de 400 livres, celui de l’abbaye est entre 2000 et 2400 livres. À la révolution, l’abbaye est mise en vente, l’abbaye est vendue comme bien national à la commune (F. Pécout, mémoire de maîtrise P.33, archives Nationales Q2 92). Le 12 juin1790 soumission est faite par la commune de l’abbaye nouvelle pour 22 995 livres et non 36 000 livres. Une restauration est faite en 1811, le portail d’entrée de la cour intérieur du monastère est rebâti (f. Pécout, mémoire de maîtrise P.36, R. Bulit). Ce portail perce le mur oriental de la salle capitulaire et donne accès à l’ancien cloître transformé en potager. D’autres restaurations sont faites en 1835. Dans un dossier concernant une volonté des habitants de l’abbaye nouvelle d’être séparés de la commune de Léobard datant du 1er avril 1848, on trouve un certain nombre de documents concernant le monastère (archives personnelles familles Couderc et pécout), le maire de l’abbaye, Mr Couderc, donne plusieurs justificatifs à cette demande  » la section de l’abbaye possède à son chef-lieu, .une vaste église, cimetière, maison presbytère avec cour et vaste jardin… » En 1898, c’est une visite de l’évêque de Cahors dans le diocèse et plus particulièrement Salviac et Gourdon qui nous fournit une description plus détaillée de l’abbaye nouvelle et son état de destruction :  » combien sont intéressants les ruines amoncelées sur cette éminence curieuse l’église qui se dresse sur un des côtés de l’immense carré ! en y entrant, on croit avoir devant les yeux tout un édifice complet…..la nef est spacieuse, les fenêtres larges et hautes selon le style du XIVe siècle, sans les ornements et les rayonnements de ses dernières années, au-dessus des fenêtres de puissants formerets relient les travées en longueur…tandis que les murs extérieurs et les toitures de celle-ci sont assez bien conservés, tout le reste est à l’abandon….  » (f. pécout, mémoire de maîtrise P.37) . Boyer d’Agen fait également le même descriptif en 1901 (Boyer d’Agen, Les parias de France, p.557). En 1908, la famille Grandsault de la Coste de léobard achète l’abbaye et tous les papiers sont perdus ((correspondances de l’abbé Bagou – Pécout, f. Pécout, mémoire de maîtrise P.41). Mr chaine, architecte des monuments historiques dressent les plans de l’abbaye en 1915. Une citerne est percée par la famille Grandsault Lacoste. En 1938, une porcherie est construite dans les anciens bâtiment des moines et l’extrémité orientale de l’église (le chœur). Durant la seconde guerre (1942-44), l’abbaye servira de « cachette d’armes » pour le maquis (archives famille Pécout-Mouvement Libération). La municipalité ayant besoin d’un potentiel de pierres pour la construction des murs des deux cimetières, ceux de Léobard et de l’Abbaye, c’est, cette fois, la façade occidentale du bâtiment des convers qui saute à la dynamique en 1954. Entre 1954 et 1986, ce sont les voisins et habitants de l’abbaye qui l’exploitent comme carrière de pierres, l’angle sud-est de l’enceinte et le mur du chauffoir sont détruits. L’abbé Barbier (30 juin 1959) nous signales l’état de l’abbaye (correspondance de l’abbé Barbier). les protestations impuissantes de ce curé n’empêchent pas les destructions organisées. Une campagne de fouille archéologique est conduite en aout 1989 et sous prescription du service archéologique de la DRAC Midi-Pyrénées (F. Pécout, responsable d’opération, université de Montpellier) afin de d’établir un plan d’ensemble et de réaliser un sondage dans l’église. Classement du bâtiment en 19952.

L’abbaye

L’abbaye a été construite sur un rocher calcaire (le Pech-Gisbert) de forme trapézoïdale dont on a artificiellement agrandit sa superficie. Pour que l’église soit à la même hauteur que celle des bâtiments claustraux, sa construction s’appuie sur des salles basses. Celles-ci sont constituées d’une nef unique de 35,44 m de longueur sur 7,30 m de largeur pour les deuxième, troisième et quatrième travées ; la première travée a 7,26 m de largeur. Cette nef s’oriente de 30° vers le sud donnant à l’édifice une orientation d’ouest-nord-ouest à est-sud-est. des voûtes d’arêtes sans doubleaux divisent la nef en quatre travées ; ces voûtes sont constituées d’un appareillage en calcaire tendre soigné. La voûte de la première travée culmine à 5,46 m, 4,26 m pour la seconde, 5 m pour la troisième, 4,20 m pour la quatrième. La nef dans sa partie la plus importante c’est-à-dire 25 m de long, est éclairée sur deux côtés. La première travée est éclairée par une légère ouverture au-dessus de la porte et juste en dessous de la voûte. Les autres ouvertures sont dans les trois dernières travées, elles sont placées très hautes (4,40 m) et étroites (40 cm).

Wikipedia

Fête des plantes à l’abbaye nouvelle