La célébrité de la gare de Cahors

Ce jeudi, pour la première épreuve du baccalauréat des filières générales, était proposé un commentaire de texte sur le poème  » L’ancienne gare de Cahors ». Une œuvre de Valéry Larbaud extrait du recueil les poésies de A.O. Barnabooth ( 1913).

Le texte du poème de Valéry Larbaud

Voyageuse ! ô cosmopolite ! à présent

Désaffectée, rangée, retirée des affaires.

Un peu en retrait de la voie,

Vieille et rose au milieu des miracles du matin,

Avec ta marquise inutile

Tu étends au soleil des collines ton quai vide

(Ce quai qu’autrefois balayait

La robe d’air tourbillonnant des grands express)

Ton quai silencieux au bord d’une prairie,

Avec les portes toujours fermées de tes salles d’attente,

Dont la chaleur de l’été craquelé les volets…

O gare qui as vu tant d’adieux,

Tant de départs et tant de retours,

Gare, ô double porte ouverte sur l’immensité charmante

De la
Terre, où quelque part doit se trouver la joie de
Dieu

Comme une chose inattendue, éblouissante;

Désormais tu reposes et tu goûtes les saisons

Qui reviennent portant la brise ou le soleil, et tes pierres

Connaissent l’éclair froid des lézards; et le chatouillement

Des doigts légers du vent dans l’herbe où sont les rails

Rouges et rugueux de rouille,

Est ton seul visiteur.

L’ébranlement des trains no te caresse plus :

Ils passent loin de toi sans s’arrêter sur ta pelouse,

Et te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin

tranquille
Au cœur frais de la
France.

Un commentaire

Cahors, ville remplie d’art et d’histoire, conserve notamment le passé historique d’une gare dont l’importance semble gravée dans le cœur de l’auteur. Valery LARBAUD, auteur du XXème siècle, orienté vers le modernisme, qui n’a cessé de voyager durant sa vie, ce qui relie l’auteur et ce poème “ L’ancienne gare de Cahors “ en 1913. Il est tiré de son recueil Les Poésies de A.O. Barnabooth, évoquant les multiples voyages qu’il a parcourus, également le bonheur de voyager en train. Dans ce poème, la gare est décrite comme exceptionnelle, mémoriale, mais maintenant abandonnée, laissée, en paix. Elle ne cesse d’être légendaire malgré le fait qu’elle soit délaissée, elle devient inoubliable et une joie pour l’auteur. Nous allons voir comment la gare est célébrée et reste marquante malgré son abandon. Nous analyserons d’abord l’insistance du poète sur l’opposition entre le passé et le présent, puis comment, au-delà de la nostalgie le poète parvient à célébrer la gare.

Il est souligné à plusieurs reprises l’antécédent de la gare dans cette œuvre, “ Ce quai qu’autrefois balayait La robe d’air tourbillonnant des grands express ,
“ L’ébranlement des trains ne te caresse plus “ , cela montre qu’autrefois la gare était très active, dynamique. La circulations des trains y était au cœur.
À présent, la gare est “ Désaffectée, rangée, retirée des affaires “ , cette gradation ascendante accentue le délaissement de cette gare, “ un peu en retrait de la voie ton quai vide “ , il y’ a une insistance sur l’absence d’activités: “ ton quai silencieux avec les portes toujours fermées de tes salles d’attente “ vieille et rose “ puisque bien qu’elle soit vieille, elle reste éclatante et renvoie à l’amour, tandis que « vieille » renvoie à la couleur noire, grise.


Maintenant la gare “ repose en paix “, dans le calme, “ au milieu des miracles du matin “ “ Désormais tu reposes et goûtes les saisons “ elle est paisible, les “ le chatouillement Des doigts légers du vent dans l’herbe“ référence au beau temps, calme. “ Et te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin tranquille “, renvoient à la campagne, elle est donc encore assimilée au calme, où rien ne se passe. Le poète veut montrer le bien-être, il y a une certaine placidité évoquée.

La gare ne marque plus les esprits par son agitation, son “ quai tourbillonnant des grands express, ou par son utilisation, mais par ses souvenirs. Par son regroupement social de personnes originaires de différents pays “ ô cosmopolite , comme si toute la Terre y était regroupée. Elle a été marquante par des sensations, elle a vécu d’innombrable émotions “ Ô gare qui as vu tant d’adieux, Tant de départs et tant de retours , illustre un recueil de souvenirs, elle ne déserte pas à l’intérieur des mémoires de certains individus.
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http://www.archives.quercy.net/patrimoine/chemin_fer/index.html