La moitié des nord lotois n’ont pas un accès aux urgences à moins de 30 mn

L’association « Mieux vivre dans le nord du Lot » a présenté, lors de son assemblée générale annuelle, le 27 janvier dernier à Martel, son rapport intitulé « Santé rurale dans le nord du Lot : un tournant à négocier ». Un document pour convaincre, un recueil de 34 pages pour proposer des pistes d’actions basées sur les besoins des nord lotois et les attentes des jeunes médecins en matière d’implantation.

Sur les 80 adhérents disséminés sur le nord du Lot, une vingtaine étaient présents,décidés à défendre le droit à la santé, un service de proximité ô combien indispensable.

Déficit de généralistes

Le nord du Lot souffre en effet d’un déficit latent de généralistes pour prendre la relève de ceux qui partent légitimement à la retraite et d’une quasi-absence de spécialistes. Le territoire ne manque pourtant pas d’atouts comme le voisinage de Brive, la proximité d’un nœud autoroutier nord-sud/est-Ouest, une densité associative remarquable, une bonne réceptivité des maisons de santé par la population, un tissu artisanal et industriel bien présent sans compter de splendides paysages. Ce socle est propice à instaurer une assise durable de l’offre médicale sur les bases d’une médecine nouveau modèle, conforme aux nouvelles pratiques professionnelles organisées en réseaux et aux nouvelles aspirations des jeunes générations.

La société évolue, la communication est partout, les progrès technologiques envahissent toutes les sphères de la vie personnelle et professionnelle. Cette configuration permet de travailler non plus de manière isolée mais de manière concertée, en équipe pour conjuguer les compétences de chacun. Les acteurs de la santé ne dérogent pas à cette évolution. Qui permet de surcroît aux professionnels de soins de s’organiser collectivement en termes de planning de travail.

Ce tournant de la médecine est bénéfique au patient, s’il est bien géré. Le nouvel exercice médical place en effet le malade ou l’accidenté au centre des efforts coordonnés des médecins et des professions paramédicales. Le nouveau chef d’orchestre de cette coordination est le médecin traitant, aujourd’hui hissé au rang de « spécialiste de médecine générale ».

Anticiper et dialoguer

Dans ce contexte, les pôles de santé ne peuvent plus être conçus comme de simples cabinets individuels juxtaposés sans réfléchir en amont sur l’organisation de la santé par les professionnels de soins en place. Les dispositifs nationaux sont favorables à cette concertation. Ce vendredi 27 janvier, les deux mots les plus répétés ont été « anticipation » et « dialogue ».

Des cartes significatives ont été présentées par l’association montrant que la moitié des nord lotois n’ont pas un accès aux urgences à moins de 30 mn de leur domicile, que les densités de généralistes à l’ouest du territoire ainsi sur Sousceyrac sont préoccupantes. La première donnée peut être palliée par la formation de médecins correspondants du SAMU, la seconde exigerait, pour permettre très vite l’implantation de nouveaux médecins, une concertation forte entre médecins-élus-paramédicaux- et représentants des citoyens et des patients permettant de mettre en place des conditions d’exercice médical rénovées en lieu et place d’une approche plus strictement immobilière.

Ce tournant à négocier sur le territoire est nouveau, semé d’embûches, incertain mais l’association est convaincue de l’impératif de le prendre à bras le corps. Les généralistes vont en effet continuer sur le nord du Lot à prendre leur retraite, les spécialistes se raréfient, il est impératif d’attirer durablement de nouveaux médecins.

Un rôle pour les élus

On a bien compris que les médecins, les infirmiers, les kiné, l’ensemble des professions paramédicales ainsi que les pharmaciens, voire aussi les ambulanciers, doivent se concerter le plus largement possible sur le périmètre selon l’association. La salle a appelé de ses vœux les élus pour qu’ils suscitent ce dialogue, le favorisent afin que de constituer de véritables équipes de soins au profit des citoyens.

L’autre terrain où les élus ont à jouer un rôle est la promotion du territoire sur l’extérieur. Le rapport a souligné la mise en valeur touristique du département et de la vallée de la Dordogne. Le corolaire de ce parti pris est la difficulté des non lotois à se projeter à l’année sur le territoire. La situation du nord Lot, ses ressources économiques et culturelles, sa vitalité humaine passent complètement inaperçus à l’extérieur comme le montrent les résultats des enquêtes de l’association. C’est dommage. Il serait sans doute déraisonnable de continuer à faire l’impasse sur une promotion à l’année de ce territoire spécifique si l’intention est d’attirer durablement de nouveaux médecins et de nouvelles populations.

L’Assemblée générale de « Mieux vivre dans le nord du Lot » a renouvelé son Conseil d’administration et a débouché sur de nouvelles orientations pour 2017. Un feuillet d’information et une conférence conduite par un pharmacien ayant réussi un réseau de santé territorial sont dans les tuyaux. Avec ce souci constant, de défendre la santé de proximité, condition vitale pour espérer développer le nord du Lot.

« Mieux vivre dans le nord du Lot » : santenordlot@gmail.com ou 06 73 10 29 60 Blog : mieuxvivrenordlot@blogspot.com