La Préfète fait le point

préfète3Interview de la Dépêche

Catherine Ferrier, préfète du Lot, met un point d’honneur à faire un tour d’horizon complet et régulier sur l’actualité du département pour expliquer ses décisions et ses ressentis plus personnels parfois. Cet exercice auquel elle s’est livrée hier n’est guère des plus faciles, car au-dessus de la représentante de l’état dans le Lot, il y a justement… l’état. Alors, son discours est-il très lissé, guidé ? La préfète l’a déjà dit : «Je me sens Lotoise». Donc, préoccupée par le sort des Lotois ? Réponse dans cette interview…

L’état d’urgence est encore maintenu à un très haut niveau.

Comment cela se manifestera ces prochains mois dans le Lot ?

Notre vigilance va rester élevée. Cela s’impose. Nous allons organiser des exercices de simulation dans les établissements scolaires pour tester l’efficacité du dispositif. Le phénomène de radicalisation est réel dans le Lot. Chaque semaine, l’état-major que nous réunissons examine des cas de personnes paraissant dériver dans cette voie. Ces gens semblent chercher une nouvelle raison d’être dans la vie. Les zones rurales n’échappent pas aux recruteurs de Daech et aux manipulations mentales dont ceux-ci sont capables. Nous travaillons avec les associations de musulmans qui ont répondu à ma demande de coopération.

Prévoyez-vous un dispositif routier particulier à Pâques ?

Nous déplorons actuellement le double de morts et de blessés que l’an dernier à la même époque. Nous avons hélas que d’autres drames familiaux se profilent. Pour les éviter, les conducteurs doivent se montrer plus responsables. Bien sûr, comme d’habitude nous mettrons en place un dispositif spécial lors du week-end de Pâques, mais cela ne suffit pas.

La dernière soirée lycéenne a été ultra-surveillée à Cahors et certaines errances de bar en bar très critiquées.

Comment agir avec efficacité sans réprimer ?

En décembre, j’ai été alerté par le cas de deux jeunes filles qui avaient failli mourir d’une overdose d’alcool. Nous intervenons d’abord avec des actions d’information, puis de manière répressive en conduisant au commissariat les mineurs alcoolisés. Ainsi, nous menons une pédagogie active auprès des parents venant récupérer leur enfant. La police a aussi interpellé des dealers profitant de ces soirées pour vendre leur drogue.

Le néant observé en matière d’animations lors de ces soirées n’est-il pas le vrai problème ? Un stand de barbe à papa en guise d’attraction est jugé ridicule par des jeunes. Quel est votre avis ?

Là, je dis oui. Je comprends les lycéens, mais je ne peux rien faire pour cela à Cahors. Ce n’est pas mon rôle. Peut-être que s’il y avait en effet plus d’activités, les jeunes auraient moins envie de consommer de l’alcool.

La jeunesse rejette la loi travail et vous demande de recevoir une délégation de lycéens le 31 mars. Le ferez-vous ?

Si c’est le cas, que direz-vous à ces jeunes ?

Je les recevrai et je les écouterai. Je leur expliquerai que mon rôle consiste à faire remonter leurs revendications au gouvernement. Mais d’abord, je vérifierai avec eux s’ils ont bien compris les nouvelles évolutions de la loi.

La Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) se réunit ce mardi. Pour quel résultat ?

Nous allons examiner de nouveaux amendements. Pour l’instant, aucun scénario ne recueille la majorité. La question se pose toujours donc sur la communauté de communes de Cère et Dordogne qui demande son rattachement à la Corrèze. Même complication pour la Vallée du Lot qui souhaite maintenir sa situation actuelle. Si aucun schéma majoritaire n’est déterminé, c’est le mien qui sera décidé. Suspens…

Pour vous, après un an dans le Lot, que signifie cette expression qui vous tient à cœur : «Je me sens Lotoise» ?

Cela veut dire que je me reconnais dans la valeur et la simplicité des échanges avec les Lotois. Oui, je me sens Lotoise. Parfois, avec quelques personnes je peux me fâcher sur certains points. Mais après on se revoit. J’adore le Lot. Toujours et tout le temps. L’hiver aussi. Il y a les truffes…