La récolte commence dans les noyeraies du Lot

.Le top départ de la récolte a été donné il y a quelques jours dans les cultures lotoises. La noix est au rendez-vous, mais la filière parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu face à une concurrence mondiale plus affamée ? Les producteurs comptent sur l’AOP pour se démarquer.

Avec 8 à 15 jours de retard sur la saison, la récolte des premières noix a commencé sur le nord du Lot. « C’est d’abord la noix fraîche que l’on ramasse. Celle dont le cerneau se consomme tel quel, avec un bon vin ou du fromage, et peut se conserver au réfrigérateur quelques jours, comme l’amande fraîche », lance Laurent Perrier, en observant le travail du secoueur en pleine action dans sa culture de noyers de Saint-Michel-de-Bannières.

e jour-là, en ami et voisin de Floirac, Georges Delvert est de passage. Il est le président du comité des fruits à coque du Lot et vice-président de la station expérimentale de la noix à Creysse.
Les noix vertes, bien rebondies, tombent au sol, tandis qu’ils évoquent leur activité.

Le cours du marché a perdu un tiers de sa valeur

« Sur notre département, la noix représente la moitié du chiffre d’affaires des ovins. Jusqu’à l’an dernier, il y avait un bel engouement du marché. La noix était une culture intéressante et très rémunératrice, offrant un bon complément de revenu agricole. Mais les cours ont chuté jusqu’à perdre 30 % du prix, passant de 3,20 €/kg à 2,20 €», constatent-ils.

À l’origine de cette chute de près d’un tiers, l’exportation vers l’Europe des noix américaines, les États-Unis ayant vu leurs marchés traditionnels de l’Asie se refermer. En conséquence, la France qui exportait 80 % de sa production vers l’Europe, se retrouve bien en peine, avec hélas un marché national peut friand de noix.
« Travailler on sait faire, mais lutter contre la mondialisation on ne peut pas. La France produit 40 000 tonnes quand les USA en produisent 700 000 et la Chine, un million », pointe Georges Delvert.

Une appellation d’origine protégée pour la noix, le cerneau et l’huile

Reste l’appellation Noix du Périgord, qui de la noix au cerneau, vient de se doter aussi d’une AOP pour l’huile de noix au printemps dernier. « Bien sûr c’est une reconnaissance de qualité et de savoir-faire qui nous démarque, et un bel espoir pour l’avenir. Mais encore faut-il des volumes sur ces labels officiels, car si seulement 10 % de la production sont concernés par l’AOP, cela n’apporte pas grand-chose à la filière », regrette pour sa part, Laurent Perrier.

Le producteur a le sourire. Quelques noix vertes en main tombées dans leur brou… Son canif qui lacère l’enveloppe… et révèle le fruit charnu. « Nous sommes ici dans le berceau de la noix fraîche, c’est une tradition. Dans le nord du Lot on trouvait surtout la variété marbot, mais désormais en France 80 % de la production sont portés par la franquette », précisent les connaisseurs.
Selon eux, la récolte de cet automne 2019 s’annonce de belle qualité, dans les plantations. « Enfin là où elle a pu être arrosée, s’empressent-ils d’ajouter, et à condition qu’elle n’ait pas subi les gelées tardives de mai ».

La question de l’irrigation

Que la récolte de la noix ait une dizaine de jours de retard ce n’est pas grave en soi. La cause évoquée : les grosses chaleurs qui ont bloqué la végétation des noyers.
Mais au-delà de ce constat, c’est la sécheresse que pointent les producteurs lotois comme le véritable danger. « Si on ne peut pas arroser les plantations, nous n’avons pas de récolte. On nous montre du doigt et on fait passer les agriculteurs pour des gaspilleurs d’eau, alors qu’elle sert à irriguer nos arbres. Derrière il y a tout un écosystème aussi qui est préservé par cet apport d’eau. », rappelle Laurent Perrier.
L’arbre a besoin d’eau pour ses fruits, mais également pour son débourrement au printemps, sans elle pas de fruits l’automne prochain. L’an dernier déjà, c’est l’irrigation qui a sauvé leur récolte.                     Laetitia Bertoni

La dépêche