La Sénatrice Angèle Préville parle de son travail et exprime ses opinions

La sénatrice PS du Lot, Angèle Préville, a ouvert une permanence parlementaire à Cahors. Même si elle conserve une préférence pour le terrain plutôt que pour le bureau, le local sera utilisé comme un relais du sénat dans la ville-préfecture (91 rue Gambetta), animé par sa collaboratrice parlementaire dans le département, Anne Laporterie.

Installée au Palais du Luxembourg depuis six mois, elle a rapidement pris le rythme. Outre les séances d’examens des lois les après-midi du mardi, mercredi et jeudi («et on continue le vendredi si l’examen n’est pas bouclé»), les matinées sont également chargées, avec les réunions de groupes politiques le mardi, les commissions le mercredi (aménagement du territoire et développement durable) et les auditions dans le cadre des commissions du jeudi (parfois remplacées par des visites de terrain), les groupes d’études ou groupes d’amitié avec les parlementaires étrangers.

«Oui, le Sénat travaille, oui il est mobilisé à la fois sur l’examen des lois et sur les territoires ; et non le travail des sénateurs ne se résume pas à la demi-journée hebdomadaire de questions au gouvernement» lance Angèle Préville. Une réponse aux propos «démagogiques» – voire «populistes» – qu’elle entend, y compris de la part de ténors de la vie publique qui entendent profiter du «vent d’antiparlementarisme» ambiant.

«La démocratie recule»

Et comble de cet antiparlementarisme, la sénatrice du Lot a l’impression que même le gouvernement participe à la stigmatisation des élus ! Entre les «ordonnances qui permettent de passer outre les Chambres» et le projet de «réforme constitutionnelle qui vise à réduire le nombre d’élus», elle craint un net «recul de la démocratie en France».

Le projet la contrarie d’autant plus qu’il représente une «menace pour le Lot – au même titre que l’ensemble des territoires ruraux. «Au motif du nombre d’habitants, notre département pourrait perdre toute représentation parlementaire, ce n’est pas acceptable. Non seulement les 170 000 Lotois méritent d’être représentés, mais il me semble également que tous les territoires doivent être pris en compte. Les sénateurs, de droite et de gauche, l’ont bien compris, en revanche les élus ‘‘hors sol » y sont moins sensibles».

Angèle Préville revendique la même hostilité face aux ordonnances, ces «cartes blanches données au gouvernement sans savoir quel usage il prévoit d’en faire». Elle s’est exprimée au Sénat en ce sens sur l’ordonnance pour l’enseignement supérieur et a participé au vote contre la dérogation qui autorisait l’ouverture de point d’accueil pour la petite enfance.

Car malgré le vent contraire, «le combat continue», le travail aussi. La sénatrice planche notamment sur le projet de loi pour «un État au service d’une société de confiance» via la commission spéciale (auditions des divers publics politiques, syndicats…) et la commission mixte paritaire (synthèse avec l’assemblée nationale).

Un peu de confiance, dans un contexte de défiance…


«Les sénateurs muselés, leur travail bafoué»

En début de mois devait être examiné le texte visant à revaloriser les retraites agricoles de 75 % à 85 % du SMIC. Voté l’an passé à l’Assemblée nationale, il était remis à l’ordre du jour au Sénat par le groupe communiste.

Cependant «le gouvernement a utilisé l’article 44-3 de la Constitution, c’est un coup de force institutionnel, un bâillonnage du Parlement» commente Angèle Préville.

L’article en question, dit du «vote bloqué» impose à la chambre de voter la loi en ne retenant que les amendements validés ou proposés par le gouvernement.

L’amendement du gouvernement visait à reporter l’application de la loi à 2020 (sous réserve qu’elle soit compatible avec la future réforme des retraites).

«C’est une attitude irrespectueuse du travail parlementaire et des besoins de nos retraités agricoles» ajoute la sénatrice du Lot.

Le projet devrait revenir devant le Sénat dans quelques semaines.