Le sapin de Noël écolo existe-t-il ?

Photo : Unsplash / Michelle Ziling Ou

Engoncés dans leurs filets ou en rangs serrés, juchés sur une petite bûche de bois… Les sapins de Noël ont débarqué chez les fleuristes et dans les supermarchés. Cette année encore, quelque six millions d’arbres seront coupés ou mis en pot pour décorer les foyers français.

Les cultures intensives de l’épicéa, du Nordman ou du douglas posent de nombreuses problématiques environnementales déjà soulevées par Reporterre : réduction de la biodiversité sur les parcelles en monoculture, épandage de pesticides, utilisation importante d’engrais… Mais aussi coût du transport car 20 % des sapins vendus en France sont importés du Danemark et de Belgique. 

Pour celles et ceux qui n’envisagent pas un Noël sans sapin dans leur salon, les vendeurs affichent des alternatives présentées comme écoresponsables. Sont-elles réellement meilleures pour l’environnement ? La profession assure adopter des méthodes de plus en plus vertueuses : « Dans la culture du sapin, on n’utilise quasiment plus de traitements phytosanitaires, dit Sylvie Robert, déléguée générale de l’association Excellence végétale. Dans le Morvan, beaucoup utilisent la fertilisation organique et replantent chaque arbre coupé. » Pour s’y retrouver, voici un tour d’horizon des labels proposés.

MPS 

est une certification néerlandaise. Les pépiniéristes s’engagent à « contrôler les intrants de leurs exploitations : eau, énergie, fertilisants… » Mais le cahier des charges se contente du minimum. Il rappelle que les pesticides interdits, non enregistrés dans le pays ou dont la date de péremption est dépassée, ne sont pas autorisés à être utilisés (c’est heureux !). Il demande à l’entreprise de « fournir des efforts » afin de minimiser ou d’éviter la consommation de pesticides persistants, de fumigants et d’herbicides hautement toxiques. Les substances classées comme cancérigènes/mutagènes doivent être remplacées, « dans la mesure du possible », par des produits moins toxiques.

Attention au made in France !

Au cours des dernières années, la Répression des fraudes (DGCCRF) a contrôlé plusieurs producteurs de sapins étiquetant à tort leurs sapins comme une production française. Un producteur du Centre Val-de-Loire a réussi à écouler pendant trois ans près de 12 000 sapins étiquetés « sapins de Noël français produits en Eure-et-Loir » alors qu’ils étaient importés de Scandinavie. Plus récemment, la DGCCRF épinglait un fournisseur de « sapin de Noël Savoie/Indre » : « Après contrôle documentaire, il s’est avéré que seulement 25 % des sapins vendus provenaient réellement de France et des régions mentionnées, et que le reste des sapins provenait du Danemark. »

  • Le sapin bio

On le repère grâce au logo AB habituel qui certifie une culture sans traitements phytosanitaires, sans engrais chimiques, sans pesticides et sans hormones de croissance. Depuis 2020, les producteurs bio se sont fédérés au sein des Sapins bio de France. Cette association compte aujourd’hui 11 membres répartis dans six régions.

« Nous nous engageons chaque année à replanter le nombre de sapins que nous avons vendus l’année précédente. En outre, nous mettons en place la technique dite de la “repousse”. Un sapin n’ayant aucun traitement peut en effet repousser. Par cette méthode, nous pouvons ainsi proposer un sapin deux à trois fois durant sa vie ! » explique l’association. Mais le sapin bio ne représente qu’une infime part de la production française : entre 50 000 et 55 000 sapins par an, soit moins d’1 % du marché.

  • Le sapin Label rouge

On ne le trouve qu’à partir du 1ᵉʳ décembre dans les magasins, une date qui garantit une coupe tardive et donc sa fraîcheur. Ce label garantit surtout une esthétique précise dans sa forme, sa couleur, sa symétrie, sa densité : « L’arbre ne présente pas de traces de boue et est indemne de branches cassées ou mortes, de blessures non cicatrisées sur l’écorce, les branches ou la flèche résultant d’opérations de taille, de dégâts causés par des parasites (champignons, insectes) ou d’animaux (dégâts de gibier). » Une exigence qui se paye : le sapin Label rouge est en moyenne 15 % plus cher qu’un sapin classique.

Contrairement à une idée reçue, le Label rouge n’implique pas forcément une origine française. Actuellement, six producteurs produisent des sapins de Noël Label rouge, dont l’un est danois. Près de 15 % des sapins Label rouge vendus en France sont ainsi cultivés au Danemark. Le cahier des charges de ce label ne proscrit pas non plus l’usage de pesticides.

  • L’IGP sapin de Noël du Morvan

Cette indication géographique protégée n’est pas encore disponible, mais elle est en cours d’élaboration et les premiers sapins IGP devraient être commercialisés en 2023. Les producteurs du Morvan qui adhéreront à cette démarche devront s’engager à abandonner les engrais minéraux, les insecticides, acaricides et fongicides de synthèse ; ils devront laisser les tourbières enherbées et ne procéder qu’à une fauche tardive ; ils devront également obtenir une certification écoresponsable. Mais là encore, aucune obligation d’adhérer au label AB.

Et le sapin artificiel ?

Fabriqué à partir de matière plastique et souvent en Asie, le sapin artificiel n’est à première vue pas l’alternative la plus écoresponsable. Mais il peut le devenir si vous le conservez précieusement pendant au moins vingt ans, d’après l’Ademe.

Et on peut désormais trouver des sapins durables dans d’autres matériaux : carton, tissu, bois certifié PEFC, c’est-à-dire issu de forêts gérées de façon durable. On peut aussi s’amuser à fabriquer son sapin soi-même. Des dizaines de tutoriels sont accessibles sur le web pour les petits et les grands. Un bon moyen de se réapproprier l’esprit de Noël grâce à la création et l’imagination.

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