Maths : « le niveau a baissé » selon un professeur lotois

Selon une étude française, les élèves français sont moins bons en mathématiques que leurs voisins européens. Qu’en est-il dans le Lot ? Qu’en pensent les enseignants ? Et comment y remédier ?

Au début du mois de décembre, l’enquête Trends in International Mathematics and Science Study (TIMSS) a révélé que les résultats des élèves français de CM1 et 4e en mathématiques plaçaient l’hexagone au dernier rang des pays de l’Union Européenne et à l’avant-dernière position au sein de l’OCDE. Un constat auquel n’échappent pas les écoliers lotois. « Dans le Lot, nous menons déjà une action très volontariste sur les mathématiques, ce qui nous permet de nous positionner à un très bon niveau par rapport aux niveaux académique et national, notamment en résolution de problème. Cette année, 14 groupes de travail ont été créés avec chacun 8 professeurs de 2e cycle », précise le DASEN du Lot Xavier Papillon.

Pour l’inspection académique, l’amélioration des résultats en mathématiques est une urgence. « Un bon nombre d’élèves sont en situation de fragilité. Il y a un conseiller pédagogique et un référent mathématiques dans chaque circonscription. Il y a des évaluations nationales. Et les dispositifs « devoirs faits » et « accompagnement personnalisé » permettent d’aider les élèves les plus fragiles. La priorité, c’est l’acquisition des fondamentaux et la formation des enseignants », martèle le DASEN, en faisant référence au « plan mathématiques » lancé à l’échelle nationale en 2018.

Le manque de formation des enseignants du premier degré, qui sont issus majoritairement de filières littéraires ou de sciences humaines, est largement pointé du doigt depuis la publication des résultats. « En primaire, les élèves apprennent des aberrations. Ils arrivent en 6e sans les bases. S’ils n’ont pas été habitués à une rigueur de raisonnement, cela les pénalise immédiatement. Et l’écart s’est creusé avec le confinement », confie une enseignante de mathématiques qui préfère conserver l’anonymat. « On veut trop en faire mais à force, on perd en qualité. Faire des maths, c’est avant tout chercher. Aujourd’hui, les élèvent pensent au contraire que résoudre un problème c’est uniquement donner un résultat. »

Max Rouquette enseigne les mathématiques au collège Gambetta depuis 10 ans. Une décennie pour témoigner de l’évolution scolaire. « Les élèves changent. En 6e, ils essaient encore de faire plaisir aux professeurs. En 4e, ils ne s’en préoccupent plus, c’est là qu’ils décrochent. Bien sûr, il y a toujours les bons élèves, les moyens et les faibles. Mais l’ensemble des niveaux a baissé. J’ai revu mes barèmes et mes systèmes de notation à la baisse. Maintenant, même si les bons élèves restent bons, ils peuvent arriver plus facilement à avoir un 18 », assure-t-il.

Des programmes trop denses, des classes surchargées, des journées de travail qui rallongent, trop de devoirs à la maison, un manque de travail pluridisciplinaire, des difficultés de lecture… Les causes qui expliqueraient les résultats de l’enquête Timss sont nombreuses selon les deux enseignants. « Et puis, il y a aussi une défiance des élèves envers leurs enseignants qui n’existait pas avant. Désormais, ils remettent en question notre méthodologie. Or, les maths sont une matière aride. Moins ils sont dociles, moins ils apprennent la méthodologie, et moins ils aiment cette matière », déclare Max Rouquette avec une logique toute mathématique.

Toujours en quête de nouvelles façons d’enseigner, l’enseignant, pour qui le problème est avant tout « structurel », n’hésite pas à utiliser des exercices de manipulation pour motiver ses élèves. « L’Éducation nationale est incapable de se renouveler. Les formations sont sporadiques, elles manquent d’ambition et de constance », déplore-t-il. « Il faudrait prendre exemple sur les autres pays. »

Caroline Peyronel La Dépêche