Nouveaux vestiges romains à Cahors, peut-être un complexe sportif antique.

Fondée au tout début du Ier siècle après JC, la ville de Cahors dans le Lot (Divona dans l’Antiquité) a un passé très riche, qui se révèle un peu plus à chaque fouille archéologique.

Depuis le 5 juillet, et jusqu’au 20 octobre 2021, des fouilles archéologiques préventives sont menées sur le chantier du futur bâtiment Enedis, plaine de Pal (sur l’ancien site Emmaüs) non loin du pont Valentré à Cahors. Sur cette parcelle de 1 500 m2, les fouilleurs de la cellule archéologie du Département du Lot ont découvert des vestiges datant des Ier et IIe siècles de notre ère. Un diagnostic avec 4 tranchées avait été mené dès le mois d’octobre 2020, révélant la nécessité d’aller plus loin dans les recherches.

Visite du président du Département du Lot

Ce site a été visité par Serge Rigal, président du Conseil départemental, et Caroline Mey-Fau, vice-présidente en charge de la culture ce vendredi 17 septembre 2021.

Il se trouve dans les limites ouest de la cité antique de Divona. Les fondations d’un premier bâtiment rudimentaire d’une trentaine de mètres carrés ont été découvertes. Sa fonction reste énigmatique.

Un « Campus » romain

Un complexe plus important a été révélé par ces fouilles, composé de plusieurs bâtiments avec une vaste cour centrale. Un large mur d’une trentaine de mètres de long sans interruption a été découvert, il servait vraisemblablement de mur de clôture qui encerclait cette zone de 1 500 m2. Cet espace devait servir de « campus », espace d’entraînement physique pour les habitants de Divona. Une tranchée avec du mobilier cylindrique en fer pour évacuer des eaux usées a également été découverte.

Complexe sportif de l’époque gallo-romaine

D’autres fondations et murs ont été retrouvés, et trois pièces ont été mises en évidence. Pour la première, de nombreux restes de tuiles enchevêtrées ont été mis au jour, révélant une toiture effondrée. Les deux autres possèdent des éléments qui font penser à des salles de chauffe, morceaux de brique, de calcaire, de mortier, mais aussi avec la base d’une voûte qui servait à chauffer des pièces. « Il pouvait y avoir au-dessus un canal de chauffe pour une citerne », explique Guillaume Clamens, responsable antiquité de la cellule archéologique du Département. Rien d’étonnant pour lui, sachant que des vestiges de bassins ont été découverts à quelques mètres seulement de là, sous l’actuel hôtel Best Western.

« Nous avons là un immense bâtiment qui pouvait faire 160 m de long sur 50 m de large. Dans cette zone de fouilles actuelles, nous sommes au niveau des éléments techniques ».

Guillaume Clamensresponsable antiquité de la cellule archéologique du Département

Entre ces vestiges associés à des bains et le « campus », les archéologues pensent que cette zone était vraisemblablement un espace de détente et d’entraînement, sorte de complexe sportif version antique. Peu de tessons et autres poteries ont été retrouvés. S’ils sont utiles pour la datation, leur relative absence témoigne aussi qu’il ne s’agissait pas d’un lieu de vie à proprement parler.

Par ailleurs, un 2e canal de chauffe a été découvert. Au IIe siècle, il a été réutilisé en partie en activité de forge, des éclats de fer ayant été retrouvés, tout comme un sol à la couleur plus noire typique de ce type de fonction.

Un site rapidement abandonné

Les fouilles ont aussi révélé que ce site avait été rapidement abandonné, probablement dès le IIe siècle. Des traces de crues expliqueraient que les Cadurciens de l’époque ont préféré se replier vers des espaces moins impactés par les caprices de la rivière.

Durant le week-end du 18 et 19 septembre, l’équipe des huit archéologues va faire visiter au public ce chantier (les visites guidées sont déjà complètes), avant de finir les études stratigraphiques et de récolter d’autres éléments de datation. Puis un travail de longue haleine de référencement et de collection prendra le relais, tandis que les vestiges seront détruits pour laisser place à un parking souterrain pour le nouveau bâtiment d’Enedis. Ces fouilles ont d’ailleurs été financées par le promoteur immobilier du chantier, à hauteur de 250 000 €.

De leur côté, les archéologues lotois vont poursuivre dans les semaines qui viennent leur mission de recherche, notamment à Vayrac et à Saint-Cirq-Lapopie.

Marie-Cécile Itier Actu Lot