Pause aux Filaos héberge, protège les femmes victimes de violences conjugales

Quand les violences intrafamiliales connaîtront-elles un véritable coup d’arrêt ? Quand les coups s’arrêteront-ils de pleuvoir sur les femmes ? L’association Pause aux Filaos s’interroge et ne reste pas les bras croisés face à ces situations où l’homme lève la main sur sa concubine. Missions principales : accueillir et protéger les femmes et leurs enfants victimes de violence, leur redonner le goût de vivre et les aider à accéder à une valeur humaine fondamentale : la dignité.

Les politiques et les forces de l’ordre se concentrent plus que jamais sur ce fléau, afin que la parole des femmes soit mieux prise en compte et que chacune d’entre elles qui pousse la porte d’un commissariat ou d’une gendarmerie n’en ressorte pas qu’avec le sentiment d’avoir été entendue, mais d’abord écoutée. Pas de main courante, mais l’enregistrement d’une plainte. C’est cela qui est espéré de la part des forces de l’ordre. Les lignes sont en train de bouger, les consciences évoluent. Il était temps.

Les actions de Pause aux Filaos portent leurs fruits à plusieurs niveaux

Évelyne Galvan Vynisale a créé cette association, en 2012, à son domicile. « J’ai démarré toute seule. La structure compte désormais huit salariés. Notre siège social est basé à Luzech, mais nos appartements se trouvent ailleurs. Nous ne devons pas être repérables par d’éventuels auteurs de violences qui voudraient retrouver leur compagne que nous hébergeons. Parfois ils viennent jusqu’au siège, mais jamais jusqu’aux logements. Notre finalité première, c’est la mise à l’abri des victimes via les appels des femmes au 115. Nous travaillons sur la base de la convention Hébergement d’urgence avec l’Etat. À ce titre, nous sommes liés aux appels du 115 et ceci 24 h/24 et 365 jours par an. J’ai débuté avec un seul logement d’accueil, nous avons actuellement six appartements et nous pouvons accueillir 23 personnes », déclare la directrice de Pause aux Filaos.

La protection, l’évaluation du danger et un soutien prolongé

Ces premiers chiffres énoncés ci-dessus démontrent la hausse significative des violences. Les logements sont d’ailleurs actuellement complets. 100 femmes et enfants sont accueillies chaque année.

« Nous procédons en premier lieu par une mise à l’abri d’urgence durant cinq nuits, puis nous effectuons une évaluation sociale que nous présentons en commission d’orientation en présence de nos partenaires sociaux. Là, en fonction des situations identifiées, nous faisons des propositions d’hébergement sur du long terme », reprend Évelyne Galvan Vynisale. Le 115 écoute les femmes de tous les départements. Pour des raisons de sécurité compréhensibles, les victimes expriment la nécessité d’être hébergées dans un autre département que celui de leur résidence.

Une recrudescence des violences conjugales pendant les confinements

« En cours de confinement, les services de l’Etat nous ont autorisés à ouvrir sept places supplémentaires car on savait d’ores et déjà que les demandes allaient exploser. Cela s’est révélé exact. Nous accueillons également les femmes enceintes et les femmes en fin de grossesse. Sans ce soutien, elles pourraient se retrouver à la rue. La prise de conscience des pouvoirs publics et des politiques est plus forte depuis la crise sanitaire qui a provoqué la hausse des violences du fait que les conjoints se retrouvaient plus longtemps ensemble. »

Évelyne Galvan Vynisale s'interroge sur les prochaines actions à mener pour aider les femmes. Depuis 2012, elle trouve des solutions adaptées.
Évelyne Galvan Vynisale s’interroge sur les prochaines actions à mener pour aider les femmes. Depuis 2012, elle trouve des solutions adaptées. Photo M.S

Mieux protéger, c’est mettre en œuvre de meilleurs outils de dissuasion. Le bracelet anti-rapprochement peut être une solution efficace. Cela a fait partie des idées et des actes que le député Aurélien Pradié s’est efforcé de lancer. Évelyne Galvan Vynisale s’en est réjouie. Mais ce qui la comblerait de bonheur, c’est une réflexion encore plus large sur la question des violences et un plus grand bouclier de protection.

Des lois, évidemment. Mais des actes concrets auxquels on croit pour ne pas faire une croix sur un phénomène que l’on dit être « le fléau du siècle. » Oui, d’un siècle de plus alors. Cela semble sans fin.

Un atelier d’insertion prévu en juin à Prayssac

En juin, Pause aux Filaos devrait ouvrir un chantier d’insertion destiné aux femmes, à Prayssac, avec pour objectif la création d’une recyclerie de meubles, la remise en état, le relooking et la vente de petits mobiliers.

« C’est un projet qui nous tient à cœur. Nous y travaillons depuis presque deux ans. Cela permettra de boucler la boucle en fait. Nous proposons de l’hébergement, puis un accompagnement social grâce à nos divers ateliers. Il nous paraissait essentiel d’offrir un accompagnement professionnel également. C’est nécessaire pour aider ces personnes fragilisées à retrouver une autonomie financière avec un contrat de travail. À travers ce chantier d’insertion, des périodes d’immersion sont prévues dans d’autres entreprises » indique la directrice de Pause aux Filaos qui écrit un nouveau chapitre de sa vie au service des autres. 

Jean-Luc Garcia ladepeche.fr