Pourquoi le Grand Figeac connait-il un tel succès économique?

d’après Martin Malvy.

La communauté de communes du Grand Figeac regroupe 92 communes, dont 6 Aveyronnaises. Et elle est aujourd’hui en charge de 22 zones d’activités économiques, suite aux transferts opérés dans le cadre de la loi NOTRE. Plusieurs d’entre elles sont arrivées à saturation, au point que viennent d’être lancées de nouvelles études prospectives, en vue de l’ouverture dans les prochaines années, d’une 23e zone d’activités. Comment cette vitalité économique se traduit-elle sur le terrain ? Et comment s’organisent les services attendus par la population ?

L’implantation de Ratier et la politique d’essaimage

Le Grand Figeac connaît une croissance économique, à tout le moins jalousée, par les bassins de vie voisins. Comment expliquez-vous ce succès du Figeacois ?

Le Figeacois connaît une progression économique, y compris de l’emploi industriel, hors la norme actuelle. Heureusement qu’il y a en France des territoires qui se développent ; certains sont malheureusement en régression, depuis des années des secteurs connaissent le déclin. Nous avons une grande chance à Figeac, celle d’avoir bénéficié il y a plusieurs décennies, de l’implantation de l’usine Ratier. Ensuite s’est enclenché un double mouvement autour de Ratier-Figeac et autour de l’entreprise Forest de Capdenac-Gare, qui a fait que des ingénieurs et des responsables de ces deux établissements ont créé à un moment donné, leurs propres établissements. A cet égard, je citerai le cas, de la Sermati à Saint-Céré. C’est dans cette dynamique de départ que s’est inscrite la Mécanic vallée.

Nous avons connu une seconde chance liée à la première, survenue dans les années 80, avec Robert Vitrat et le mouvement d’essaimage qui s’est opéré avec succès. Nous avions bien compris à ce moment-là qu’il relevait du mythe que d’espérer attirer des entreprises sur notre territoire. Et c’est comme cela que nous avons opté pour reprendre le mouvement d’essaimage, commencé trente ans auparavant. Le cas le plus spectaculaire de réussite s’est produit avec Jean-Claude Maillard et Figeac-Aéro. Mais il y a également une dizaine d’entreprises qui ont vu le jour dans cette mouvance et qui ont été accompagnées par la collectivité. De là est parti incontestablement un nouvel élan, qui a fait ce que nous connaissons aujourd’hui au sein du Grand Figeac. Ainsi ces deux mouvements : le premier plutôt spontané et le second qui a été organisé. Je tiens à souligner l’importance du rôle joué par Robert Vitrat à ce sujet.

 

Diriez-vous que ce développement économique, en grande partie lié à l’aéronautique a atteint ses limites ; sinon, quelles perspectives selon vous, pour les années qui viennent ?

Vous avez raison de souligner que ce développement est « en grande partie lié à l’aéronautique », car il n’y a pas que l’aéronautique.

Prenons par exemple l’entreprise Larnaudie, dans le domaine agroalimentaire sur la zone de l’Aiguille. On peut également évoquer une entreprise, résultant d’un atelier relais construit par la Ville de Figeac, je veux parler des fameuses crèmes de beauté : les Crèmes Simon. Le siège était à Lyon et ces crèmes de notoriété nationale ont finalement disparu suite à la faillite de la société. Les locaux figeacois ont été repris par la Sté Larnaudie, laquelle connaît une belle expansion. Aussi, pour favoriser son expansion, le Conseil Départemental et le Grand Figeac ont décidé de construire un nouveau Centre technique, pour tout le matériel destiné à l’entretien de la voirie départementale et communautaire, ce qui permet de libérer du terrain pour que l’entreprise Larnaudie puisse se développer sur son site. C’est dire, si nous prenons en compte l’importance de l’agroalimentaire. Pareillement sur ce secteur d’activité, il faut citer Capdenac-Gare, Lacapelle-Marival, Bagnac-sur-Célé notamment, où sont implantées de belles unités.

« C’est l’histoire qui a construit notre intercommunalité »

Votre plaidoyer en faveur de Figeac Communauté, mettait l’accent sur la mutualisation des moyens de façon à permettre d’assurer le meilleur maillage possible des services à travers l’ensemble du territoire concerné, que des communes seules ne pourraient réaliser. Quels sont les domaines prioritaires sur lesquels la collectivité fait porter ses efforts ?

Je n’ai jamais plaidé pour une communauté de communes dite « XXL ». Je n’ai jamais pensé non plus, qu’une communauté de communes pouvait être petite, comptant seulement une dizaine de communes, ce qui n’a pas grand sens à mes yeux. Ce n’est pas nous qui sommes allés chercher les communes ; c’est l’histoire qui a construit notre communauté. Et le dernier agrandissement avec le canton de Latronquière, quant à lui, nous a été imposé par l’État, dans la mesure où aucune communauté de communes ne pouvait conserver le statut quo, en comptant moins de 5000 habitants. Je n’ai jamais plaidé pour des communautés de communes trop vastes. Mais c’est le sens de l’histoire, que de se regrouper pour disposer de moyens suffisants, nécessaires pour le développement de l’ensemble du territoire. Certes, notre intercommunalité est vaste !

 

N’est-elle pas un peu trop vaste justement ?

Je ne le crois pas. Elle a commencé à assurer son unité avec des problèmes qui apparaissent souvent ; à savoir le sentiment qui peut habiter les élus, d’avoir perdu du pouvoir. C’est un sentiment qui s’apparente à la question de la température. On vous annonce 18 degrés, or quant au ressenti ce peut-être 17 ou 20 degrés, selon les situations.

S’agissant des activités que dirige la communauté de communes, il faut être sérieux ; les communes ne pourraient pas les mener à elles seules. Il faut que nos concitoyens le comprennent. Je prends un exemple. En matière d’urbanisme, s’agissant des permis de construire, historiquement c’est l’État qui instruisait les dossiers pour le compte des communes. Or l’État ne le fait plus à présent, si ce n’est pour les toutes petites communes. C’est ainsi que nous avons été amenés à créer un service d’urbanisme au niveau communautaire. Certes, Figeac avait son service d’urbanisme et aurait pu continuer en solitaire. Au lieu de quoi, nous avons estimé qu’il était préférable de créer un service ouvert à toutes les communes de l’intercommunalité. En 18 mois, ce service a traité plus de 2000 dossiers.

 

Quels autres principaux domaines justifient-ils, selon vous, d’être traités au niveau communautaire ?

Ils sont nombreux. La petite enfance est passée dans le giron communautaire. Ainsi, les crèches de Figeac, Capdenac, Cardaillac,… sont devenues de compétence communautaire. Celles-ci accueillent des enfants bien au-delà des ressortissants de la commune où elles sont implantées. Nous sommes là en présence d’un service qui intéresse la population au-delà des limites d’une seule commune. Les exemples sont multiples, de cas de figure où la communauté supplée la commune.

Créer une zone d’activités économique dépasse les moyens d’une seule commune, y compris pour une commune comme Figeac, qui a elle seule, n’aurait pas pu financer l’aménagement de la zone de Cambes.

« Les communes n’auraient jamais pu faire à elles seules ce que réalise le Grand Figeac »

Idem pour les questions de santé, de lutte contre la désertification médicale ?

Nous ne sommes pas là devant un phénomène typiquement local ; il s’agit au contraire d’un problème national. Ceci est dû en grande partie au fait que durant plus de 30 ans, les gouvernements successifs gauche-droite, mais également la profession médicale, ont estimé qu’il n’était pas nécessaire de lever le numerus clausus. Du coup, nous avons affaire à un certain manque de médecins, alors que paradoxalement il n’y a jamais eu autant de médecins en France. Trouver une solution n’est pas facile. Pour notre part, nous l’avons imaginé sous deux angles, avec d’une part des maisons pluridisciplinaires de santé et d’autre part les centres de santé. Dans le cas des maisons pluridisciplinaires, il s’agit de professions libérales installées sur un même site alors que les centres de santé, font appel à des médecins salariés. Ceci est une nouveauté et le premier dispositif de la sorte a vu le jour à Lacapelle-Marival.

La santé, le social, la petite enfance, les crèches, l’économie, l’urbanisme… représentent autant d’activités que les communes seules ne pourraient assumer.

 

Même le tourisme est entré dans le champ communautaire, pourquoi ?

Le tourisme est inclus dans l’économie. C’est la raison pour laquelle nous avons fusionné les sept syndicats d’initiative du territoire en un seul, pour créer l’office intercommunal du tourisme. C’est une part non négligeable de l’économie du territoire du Grand Figeac. Plusieurs centaines d’emplois sont directement liés au tourisme.

Le musée Champollion accueille en moyenne 50 000 visiteurs par an. Depuis son ouverture, avant même l’ouverture du musée de l’écriture du monde, il a accueilli plus de 900 000 visiteurs. Autant de personnes qui ont profité des services de Figeac et de ses commerces, qui ont contribué à la vitalité économique et au rayonnement du Grand Figeac. Il en va de même avec les autres équipements culturels du territoire. On doit aller plus loin encore, dans le domaine de l’économie touristique. C’est une compétence de la Communauté de communes et c’est la raison pour laquelle le 16 novembre prochain va être défendu le dossier de passage de Figeac « Ville d’art et d’histoire » au Grand Figeac « Pays d’art et d’histoire ». Le Grand Figeac deviendra très certainement « Grand site d’Occitanie », puisque Carole Delga, présidente de Région, a souhaité reprendre le concept des Grands sites de Midi-Pyrénées pour l’étendre aux dimensions de la nouvelle Région Occitanie.

 

Entretien réalisé par JC Bonnemère La Vie Quercynoise