Prospection pour l’implantation de parcs éoliens ou solaires? Stratégie du parc (PNR)

Depuis quelques mois, le bruit court sur le causse. Et si un parc éolien poussait un jour au beau milieu des cailloux du Parc naturel ? Aucun projet concret n’est lancé pour l’heure mais une prospection est bel et bien engagée par une société basée à Montpellier.

Dans plusieurs communes situées au cœur du Lot, des élus et des propriétaires fonciers confirment qu’ils ont bien été contactés. Espédaillac, Quissac, Orniac ou encore Blars font partie des premières zones approchées. « Un cabinet d’études m’a informé que dans le secteur un site avait été repéré, indique le maire d’Espédaillac, Gérard Magné, vigilant sur ce sujet sensible. Ce n’est pas la première fois qu’un démarchage de ce genre est réalisé pour les énergies renouvelables ».

Outre les élus de ces secteurs ciblés, des particuliers et des agriculteurs ont été sondés également. Il s’agit pour l’entreprise Eléments d’une première approche menée sur le territoire lotois.

« On a eu des contacts avec des entreprises qui nous ont incités à regarder de plus près cette région qu’on n’avait jamais prospectée », explique Kim Lan, directrice développement de la société spécialisée dans trois filières : l’éolien, le photovoltaïque et l’hydroélectricité. La responsable d’Eléments indique qu’un travail est bien en cours depuis cinq mois sur le territoire pour évaluer une possibilité d’implantation de parcs éoliens ou solaires. « Sur le Lot, on a lancé une étude cartographique à l’échelle de tout le département. On passe au crible les communes sur plusieurs critères patrimoniaux, environnementaux, paysagers. On sollicite d’abord les élus pour savoir s’ils veulent une étude de faisabilité. De toute façon, nous prenons beaucoup de précaution et faisons beaucoup de pédagogie avant de nous engager. Nous développons des projets de territoire, toujours dans une démarche de concertation » assure Kim Lan, consciente des craintes voire des oppositions que peuvent susciter ces projets. Depuis la fin du confinement, la société reprend doucement la prospection dans le Lot et les départements voisins. Elle espère pouvoir avoir des résultats d’ici la fin de l’année, et ainsi miser ou non localement sur un potentiel intéressant.

Pour Catherine Marlas, présidente du Parc naturel régional des Causses du Quercy, l’heure est plus que jamais à la prudence. « Nous avons entendu parler de ce projet mais nous n’avons reçu aucun dossier ni demande de rencontre officielle. On a beaucoup de démarches sur le territoire pour le photovoltaïque au sol mais pour l’éolien, ce n’était encore jamais arrivé ». Mis à part dans le Ségala et quelques velléités vite abandonnées du côté de Gréalou ou de Laramière, le département ne semble pas une terre promise pour les éoliennes. Le gisement « vent » n’est pas probant. « Ce qui est certain, c’est que dans la charte du Parc, l’éolien n’est pas identifié comme une énergie potentielle du territoire, rappelle Catherine Marlas également vice-présidente du Département en charge du patrimoine et de l’environnement qui s’appuie sur la politique énergétique de la collectivité. On ne peut pas encourager des projets qui seraient uniquement des opérations de spéculation portées par des sociétés qui n’ont même pas eu la bonne idée de se baser sur le territoire. On a certes besoin des énergies renouvelables mais pas pour n’importe quoi et à n’importe quel prix. Nos paysages sont notre richesse, notre patrimoine, et il n’est pas question de les dénaturer ». Les éoliennes ne sont pas près de déployer leurs pales au cœur du Parc lotois.

Audrey Lecomte La Dépêche