Railcoop veut rouvrir des petites lignes ferroviaires

Railcoop, une société coopérative née et basée dans le Lot, souhaite que les trains reviennent là où ils ne passent plus. Cette entreprise spécialisée dans le transport ferroviaire entend développer le maillage territorial en fédérant les collectivités locales.

« Le train est un moyen de transport du passé qui a un bel avenir devant lui ! » Alexandra Debaisieux, directrice générale de Railcoop, est enthousiaste. Avec son frère Nicolas, elle s’est lancé un défi aussi inimaginable qu’ambitieux : réexploiter des lignes ferroviaires abandonnées par la SNCF pour le transport de voyageurs ou le fret. Leur projet phare est de relancer d’ici 2022 la ligne Bordeaux-Lyon désertée depuis 2012, en proposant un tarif abordable : 38 euros, soit autant qu’en covoiturage.

 

Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) basée à Cajarc (Lot) est sur de bons rails ! Imaginée en février 2019 mais lancée en novembre dernier, Railcoop compte déjà 1300 sociétaires, essentiellement des particuliers. Elle doit se constituer un capital social de 1,5 million d’euros, nécessaire à l’acquisition de sa licence d’opérateur ferroviaire et a pour le moment réuni environ 370 000 euros.

Pour Alexandra Debaisieux, pouvoir diversifier son sociétariat en associant entreprises, collectivités locales et autres acteurs du territoire fait la « force » de Railcoop. La région Occitanie a d’ailleurs soutenu le projet en donnant une subvention de 5000 euros en septembre dernier, mais elle n’est pas encore devenue sociétaire. Pourtant plusieurs réouvertures de lignes sont envisagées sur le territoire.

Relier des territoires cloisonnés

Outre le projet de relancer le Bordeaux-Lyon, Railcoop souhaite créer d’ici mai 2021 sa première ligne de fret entre Figeac et Toulouse. Ce type de ligne permettrait de décloisonner les entreprises situées sur son parcours. Car pour ce qui est du fret ferroviaire, il existe essentiellement des grandes lignes reliant par exemple les ports entre eux. Mais certaines zones sont délaissées. L’enjeu est donc de relier ces grandes lignes à ces zones enclavées par l’intermédiaire de plus petites lignes, et créer ainsi un véritable maillage territorial.

Alexandra Debaisieux le concède, aujourd’hui Railcoop réfléchit surtout à du fret pour l’Occitanie. Mais elle assure qu’il y a « d’autres idées de petites lignes à développer ! » A l’avenir, les liaisons Figeac-Rodez et Capdenac-Cahors pourraient être remises en service. « Nous n’en sommes qu’à une phase de réflexion en amont, le modèle économique reste à trouver » relativise la directrice générale. D’autant plus que la ligne Capdenac-Cahors, à l’abandon depuis 2003, fait l’objet d’un contentieux. Tandis que Railcoop et d’autres défenseurs du rail plaident pour sa réouverture, le Conseil départemental du Lot et l’AF3V (Association française pour le développement des véloroutes et des voies vertes) veulent en faire une véloroute.

La création d’une ligne Toulouse-Rennes

La coopérative entend mener un autre projet de plus grande envergure. En plus de la ligne Bordeaux-Lyon, Railcoop a notifié à l’Autorité de régulation des transports (ART) sa volonté d’exploiter une ligne Toulouse-Rennes. Elle permettrait de relier la Ville rose à la Bretagne en passant par Limoges, Poitiers ou encore Tours. Le trajet serait cependant plus long qu’en TGV en passant par Paris, puisqu’il durerait un peu plus de huit heures. Mais Alexandra Debaisieux et son frère Nicolas misent sur le cabotage (c’est-à-dire le voyage sur de courtes distances) entre les petites villes desservies pour rentabiliser cette ligne ainsi que la Bordeaux-Lyon et même une éventuelle Lyon-Thionville.

Cette expédition en terres bretonnes n’est pour l’heure pas une priorité. Railcoop doit finir de se constituer son capital social et réunir le million d’euros manquant. En raison des élections municipales, peu de collectivités n’ont pu devenir sociétaires. Optimiste, Alexandra Debaisieux espère maintenant que des communes ou intercommunalités comme celle du Grand Figeac – qui met des bureaux à disposition de Railcoop gratuitement –  vont le devenir.

Pour devenir sociétaire, rendez-vous sur leur site : https://www.railcoop.fr/

Arthur Quentin La dépêche